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Regard posthume sur la vie du réalisateur russe Andrei Tarkovsky

Écrit par Nataly Teplitsky, La Grande Époque - San Francisco
30.03.2007
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Andrei Tarkovsky, «le réalisateur le plus important de notre époque»

d'après le réalisateur Ingmar Bergman, est décédé en exil en France il

y a une vingtaine d'années, le 28 décembre 1986. Ses films constituent

un héritage vivant, appréciés autant par l'élite cinématographique que

par le grand public. Tarkosvsky est considéré comme «un producteur

divin de cinématographie spirituelle» et l'inscription sur sa tombe

indique: «Pour l'homme qui a vu l'Ange.»

Bergman a exprimé que la découverte du premier film de Tarkovsky a été

une bénédiction pour lui, déverrouillant les portes vers la liberté.

  • Le réalisateur Andrei Tarkovsky(攝影: / 大紀元)

 

«Tarkovsky est d'après moi le plus grand, celui qui a inventé un nouveau langage, fidèle à la nature du cinéma, saisissant la vie comme une réflection, un rêve», exaltait-il.

Après avoir vu Le miroir (1975) de Tarkovsky plusieurs fois, une ouvrière a été touchée par sa créativité et son don artistique. Elle lui a écrit une lettre, expliquant: «Pour la première fois de ma vie, un film est devenu une réalité pour moi... Je voudrais être absorbée en lui, pour être enfin vivante.»

Tarkovsky était conscient que la profondeur de ses films ne pouvait être saisie sans plusieurs visionnements et de la contemplation. Il a écrit: «La beauté se cache des yeux de ceux qui ne recherchent pas la vérité... le manque profond de spiritualité des gens qui voient l'art et le condamnent, ainsi que le fait qu'ils ne sont ni prêts ni disposés à considérer le sens et le but de leur existence d'un point de vue plus élevé se masquent souvent par des critiques vulgairement simplistes: “Je n'aime pas ça! C'est ennuyeux!”»

Les sept films de Tarkovsky peuvent être perçus comme les morceaux d'un seul casse-tête. Dans ces films, les personnages principaux subissent des crises spirituelles. Le but de Tarkovsky était d'amener une voix à la spiritualité dans un monde frappé par un écrasant pragmatisme.

Dans Andrei Rublev (1966), un des plus grands films du réalisateur, un peintre russe médiéval voit la vie à travers les yeux innocents d'un enfant. Après avoir été témoin des formes de violence les plus brutales et désolantes, et après avoir senti l'amertume du désillusionnement, le personnage redécouvre la valeur de la bonté humaine et de l'amour inconditionnel.

Dans Solaris (1972), Tarkovsky montre les efforts futiles d'un groupe de cosmonautes pour entrer en contact avec l'océan de la conscience. Les échecs des cosmonautes et leurs outils limités les font se rendre compte modestement de leur insignifiance face à l'intégrité et l'inconcevabilité de l'Univers. Le film touche également la difficulté d’assumer les erreurs de son passé.

La longue persécution de la part des organes officiels du cinéma en U.R.S.S. ont forcé Tarkovsky à déménager en Italie où il a tourné Nostalghia (1983). Dans Nostalghia, l'art du réalisateur atteint un sommet jamais égalé auparavant. La vie d'un écrivain russe est bouleversée lorsqu'il rencontre un «fou» italien obsédé par l'idée du salut de l'humanité. L'écrivain s'attache à la cause de l'Italien dans un effort désespéré de faire quelque chose avec sa propre vie.

Son dernier film, Le Sacrifice (1986), est une allégorie qui représente sa vie artistique. Dans le film, après l'annonce d'une guerre nucléaire à la télévision, pour la première fois en plusieurs années, le personnage principal, Alexandre, prie Dieu, lui promettant de sacrifier sa propre famille et son fils, de brûler sa maison et d’accepter de vivre en silence afin de prévenir cette guerre.

Un matin, Alexandre plantait un arbre avec son fils, lui racontant une parabole au sujet d'un moine qui avait arrosé son arbre desséché chaque matin pendant des années. Un jour, l'arbre s’est mis à s’épanouir. Cette légende du moine est l’essence du dernier film de Tarkovsky, la foi.

Avant de brûler sa maison, Alexandre change son habillement: il revêt un kimono noir, porte des signes dorés du Yin et du Yang taoïstes. Selon le réalisateur, «L'Orient était plus rapproché de la vérité que l'Occident. Mais la civilisation occidentale a consumé l'Orient avec ses poursuites matérielles.» En brûlant sa maison, le personnage principal choisit la voie orientale d'une façon provocatrice.

Quelques jours avant la première mondiale de Sacrifice au Festival international de films de Cannes, le 26 avril 1986, la catastrophe nucléaire de Tchernobyl a bouleversé le monde entier. La relation mystique entre la calamité et les «prédictions» de Sacrifice donne à ses mots quasiment le statut de prophétie: «Tous mes films, d'une manière ou d'une autre, déclarent que les gens ne sont pas seuls et abandonnés dans un Univers vide, qu'ils sont des innombrables noeuds liés au passé et au futur...»

Même si le génie du cinéma russe moderne, internationalement reconnu, est décédé il y a vingt ans, la beauté exceptionnelle de ses films et de leurs messages influenceront probablement les prochaines générations de cinéphiles.

 

 

 

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