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Les enjeux du boycott des JO de 2008

Écrit par François Michaud, La Grande Époque - Montréal
12.04.2007
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Le boycott des Jeux olympiques (JO) de 2008 est suggéré par plusieurs organisations des droits de l’homme comme un moyen de pression envers le gouvernement chinois. Cependant, André Laliberté, professeur au département de science politique à l’UQAM, avertit que cela pourrait avoir un effet contraire à celui recherché.

Selon plusieurs experts, la tenue des JO par la Chine n’est pas une

simple chose. Des retombées sont attendues par le régime communiste,

comme une forte entrée de devises étrangères et l’envoi du message que

les droits de l’homme ne sont plus importants, et ce, malgré le fait

que les jeux de 2000 lui ont été refusés en raison de préoccupations en

matière des droits de l’homme et que la situation se soit aggravée

depuis. 

  • La Chine se prépare à recevoir les Jeux olympiques(Stringer: STRINGER / 2007 AFP)

 

L’idée que la Chine pourrait s’en tirer avec autant d’avantages est pour plusieurs terrifiante et le boycott semble être la seule solution. M. Laliberté rappelle qu’il y a eu quatre instances de boycott des JO dans le passé, dont ceux de Moscou en 1980 par 65 pays pour protester l’invasion de l’Afghanistan. «Dans tous les cas, les résultats sont décevants et n’ont pas eu de conséquences importantes», estime-t-il.

Le secteur privé est tout aussi motivé que Pékin à vouloir désamorcer toute tentative de boycott à cause des millions, sinon, des milliards de dollars que cette occasion représente. Selon M. Laliberté, une seule situation pourrait déclencher un mouvement de boycott général des JO par la communauté internationale, soit l’invasion de Taiwan. Des élections sont prévues à Taiwan en mars 2008, un peu avant le début des Olympiques, et plusieurs candidats indépendantistes sont populaires. Une déclaration d’indépendance pourrait déclencher une invasion de Taiwan par le gouvernement chinois, qui voit l’île comme faisant partie de son territoire, malgré que le Parti communiste chinois (PCC) n’y ait jamais exercé aucune autorité officielle.

Selon M. Laliberté, la tenue des JO est un événement grandiose qui fait monter un fort sentiment de dignité et de fierté au sein de la population chinoise et, selon lui, même les victimes de répression du PCC seraient contre l’idée d’un boycott. «Un boycott des jeux en Chine serait perçu comme un boycott de la Chine entière», croit le professeur. Le boycott pourrait même aggraver la situation, car il serait utilisé par le gouvernement chinois pour renforcer son autorité et sa répression en tant que défenseur des intérêts de la nation, ajoute-t-il.

Beaucoup font le parallèle entre les jeux de Pékin et ceux de Séoul en 1988, qui se sont tenus sous un régime autoritaire à l’époque et pour qui les Olympiques ont déclenché un processus de démocratisation. M. Laliberté rappelle que ce parallèle est boiteux dans le cas de la Chine, car «il existait déjà une société civile en Corée […] La Chine n’a pas l’embryon d’un parti d’opposition, l’idée que cela pourrait se produire en Chine est prématurée. Le pouvoir actuel en Chine n’est pas confiant qu’il pourrait procéder à un début de libéralisation politique et rester en place, à autoriser des élections au niveau des villages, à laisser couler un courant dissident à l’intérieur du Parti, ni à commencer un processus de réforme.»

 

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.