Les deux membres d’un couple pauvre et malade en Chine se sont attachés l’un à l’autre avant de se jeter dans le fleuve Yangtze, laissant derrière eux leur fils, lui-même malade.  Les dépenses médicales explosent en Chine, ce qui rend aux oubliés de la croissance l’accès aux soins quasiment impossible. Le suicide de ce couple est un nouveau marqueur de la détresse des paysans chinois.

D’après le site China Economic, les deux suicidés sont Chen Zhengxian, 38 ans, et sa femme Yao Yuanxiang, 34 ans. Ils avaient un fils de 12 ans et étaient fermiers dans la province de Hubei.

Yao Yunxiang souffrait depuis plus de 15 ans d’une hépatite B, d’une bilharziose et de calculs rénaux.  Fin février, voyant son état empirer sa famille a rassemblé 2000 Yuan (un peu plus de 200€) pour qu’il reçoive un nouveau traitement. Chen et sa femme cependant, ont quitté l’hôpital ensemble et laissant une lettre : « Chers frères et sœurs, surtout ne soyez pas tristes pour nous. Chère maman, nous sommes désolés de ne plus être en mesure de prendre soin de toi. Peu importe où nous allons, Zhengxian et Yuanxing seront toujours ensemble. La rivière est notre destination »

Trois semaines plus tard, un vieil homme a retrouvé leurs corps liés ensemble par une ceinture et par des cordes, flottant sur le Yangtze.

Du fait de sa maladie, Chen Zhengxian ne pouvait réaliser de travaux de force et survivait tout juste en cultivant une petite parcelle de riz. La situation empira quand sa femme, frappée par une sciatique, n’avait plus pu aider au travail de ferme.

Pour pouvoir élever leur enfant, comme des millions de travailleurs migrants le couple a tenté sa chance dans la province de Guandong et y ont trouvé un poste dans une poterie. Chen n’a pu tenir que cinq mois et a dû retourner dans sa province, où le maigre pécule gagné a été immédiatement dépensé en traitements médicamenteux.  Une rechute de son hépatite B ne luis a ensuite pas permis de reprendre le travail.

Fin 2006, leur fils, Chen Ziabo, est tombé malade et a été diagnostiqué comme souffrant d’une hépatite B avancée. Tout l’argent du couple, et 8500 yuan (environ 850€) emprunté n’ont permis de le faire soigner qu’une dizaine de jours. Le couple n’a jamais trouvé le moyen de rembourser cette somme.

Le frère de Chen Zhenxiang, résigné, commente dans un soupir sur ce cas symbolique du malaise chinois : « ils n’avaient simplement pas les moyens de se faire soigner »