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Services à la personne : le baby-boom de l’emploi ?

Écrit par Frédérique Privat, La Grande Époque - Guadeloupe
22.04.2007
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Garder les petits derniers, livrer les courses, tondre la pelouse

ou encore se faire faire un soin esthétique ou une coupe de cheveux… il

est maintenant possible d’acquérir, contre rétribution, des services à

domicile ou au travail.  

  • Le contexte socio-économique actuel ne peut que renforcer le développement de la demande des services à la personne(STF: MYCHELE DANIAU / ImageForum)

 

 

Nommées justement « services à la personne », ces activités professionnelles (et oui, professionnelles, vous avez bien entendu… ) sont au nombre de vingt_ (reconnues officiellement) et ont pour but de « contribuer au mieux-être des personnes sur leurs lieux de vie, qu’il s’agisse de leur domicile ou leur lieu de travail (décret n° 2005-1698 du 29 décembre 2005) ». 

Considérés pendant longtemps comme des « petits boulots » permettant de joindre les deux bouts et souvent pratiqués « au noir », les services à la personne sont devenus le cheval de bataille de l’actuel ministre de l’Emploi, Jean-Louis Borloo, qui souhaite en faire un secteur économique à part entière. Il estime que, en 2006, ce sont 145 000 emplois (majoritairement à mi-temps ou à tiers-temps)  qui ont été créés dans ce domaine. Une étude rendue publique en mars dernier (cabinet de conseil Ineum Consulting et Essec) révélait que ce marché avait augmenté de 11% de 2005 à 2006, passant de 11,58 milliards d’euros en 2005, à 12,65 milliards en 2006. Selon Julien Bernard, professeur à l’Essec, il aurait pu « augmenter de 20 % si l’offre avait été en mesure de répondre à la demande »…

En effet, un sondage IFOP (de février 2006) rappelait que si 90 % des ménages souhaitent bénéficier des services à la personnes, seuls 3 % d’entre eux y ont actuellement accès…

Alors, face à une offre si conséquente, quels sont les obstacles rencontrés qui empêchent l’adéquation de l’offre à la demande ?

En premier lieu, côté professionnels, il y a l’obstacle lié à la sécurité de l’emploi : mal payés, avec des horaires flexibles ou décalés, sans perspectives de formation ou de carrière, les services à la personnes ont souffert pendant longtemps d’une étiquette de « dépannage de proximité ». Mais le secteur se professionnalise puisque de véritables entreprises de services à la personne se développent, tentant de rattraper le système américain, précurseur dans ce domaine. Selon l’Agence nationale de services à la personne (ANSP), on est ainsi passé de 600 entreprises début 2005 à plus de 2000 en mars 2006.

En outre, le plan Borloo tente de faciliter l’accès à ces services par les ménages puisqu’il a transformé l’ancien Chèque Emploi Service (qui datait de 1994) en l’actuel CESU (chèque emploi service universel), qui peut être retiré par les particuliers dans les banques (CESU bancaire) ou par les entreprises et organismes sociaux comme le modèle des chèques repas (CESU préfinancé).

Côté ménages maintenant, l’obstacle majeur demeure avant tout psychologique. Car la démographie française évoluant vers un vieillissement de la population (dans 10 ans, la part de la population française de plus de 60 ans sera de 21 %), de plus en plus de ménages (environ 1,5 million de foyers) recherchent des solutions de garde pour les membres de leur famille en perte d’autonomie.

 

Bien sûr, il y a la solution de prise en charge totale par des organismes privés, encore rares et chers. De plus, la grande majorité des Français plébiscite alors le maintien à domicile en cas de perte d’autonomie ou d’handicap. Le calcul est vite fait : la garde à domicile ainsi que les services complémentaires de santé ou d’aide ménagère constituent un potentiel d’emploi impressionnant.

A cela, il faut aussi rappeler le contexte socio-économique actuel de féminisation du travail : de plus en plus de femmes ont un emploi qui leur laisse peu ou pas de temps pour les activités domestiques ou ménagères. Sachant que la France présente l’un des taux de fécondité les plus hauts d’Europe et que les crèches existantes sont saturées, le problème de garde des bébés se pose largement. Mais pas seulement ! Garder bébé, récupérer les enfants après l’école, aider aux devoirs scolaires, faire du repassage ou la cuisine, les services souhaités sont divers et variés, constituant là encore une importante source d’emploi à la personne.

Enfin, il faudrait aussi aborder le problème du temps passé sur le lieu de travail ou dans les transports, de plus en plus longs, et laissant de moins en  moins de temps pour les tâches administratives ou domestiques : porter un costume au pressing, récupérer un formulaire administratif, commander un cadeau… la conciergerie d’entreprise se propose donc de réaliser ces menus travaux qui permettent de mieux équilibrer la vie professionnelle et la vie familiale.

Bref, le contexte socio-économique actuel ne peut que renforcer le développement de la demande des services à la personne. Et pourtant ! il existe encore des freins essentiellement psychologiques et culturels qui empêchent le plein essor de ces activités.

A la maison, d’abord, nombre de foyers rechignent à faire appel à une entreprise pour le ménage, la coiffure ou la garde d’enfants, car ils prennent cela comme une intrusion dans leur intimité. Avoir une femme de ménage, oui, quitte à la payer au noir, mais voir tourner  deux, trois ou même quatre employés différents dans sa maison, là c’est autre chose.

D’autre part, le facteur « orgueil » est à prendre en compte, car faire appel à un service, c’est aussi quelque part reconnaître son incapacité à tout gérer. Par exemple pour les personnes âgées, qui tiennent le plus longtemps possible à aller faire leur courses, leur ménage ou encore cuisiner elles-mêmes car arrêter ces activités, c’est quelque part, ne plus du tout faire partie de la société… Il y a aussi les femmes qui ont connu le modèle de leur mère ou de leur grand-mère au foyer et qui entretiennent ce complexe d’être à tout prix, la mère et l’épouse modèle qui subvient à tous les besoins de sa famille. Mais comment y  arriver quand on travaille huit heures par jour, avec parfois deux heures de transport et du travail à ramener à la maison ?

Faire preuve d’humilité et reconnaître que la société et le contexte familial ont changé, c’est peut-être justement apporter le meilleur aux siens…

 

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