Africa Paradis ouvre le festival Vues d’Afrique sous le signe de l’intégration

Écrit par Floriane Denis, La Grande Époque - Montréal
24.04.2007

 

Le festival Vues d’Afrique s’est ouvert à Montréal le jeudi 19 avril sous le signe de l’intégration avec le film de Sylvestre Amoussou, Africa Paradis, qui est à l’affiche pour la huitième semaine à Paris.

Le Béninois est arrivé à Montréal le jour où Jean Charest annonçait la nomination de la première femme noire ministre au gouvernement québécois. «Je ne connais pas l’histoire du Québec, je viens juste d’arriver, déclarait Sylvestre Amoussou avec son immense sourire avant la présentation de son film, mais c’est une bonne nouvelle.»

Le film de Sylvestre Amoussou est un plaidoyer humoristique pour l’intégration des étrangers. Le réalisateur a imaginé un avenir où l’Afrique serait unifiée et prospère tandis que l’Europe serait en proie à la misère et à l’anarchie. Les Européens cherchent alors à immigrer en Afrique, où ils sont confrontés à un racisme et à des préjugés permanents. Une partie de l’Assemblée africaine veut les intégrer, tandis que pour les autres «Un blanc ne vaudra jamais un noir.»

Sous une forme qui rappelle le conte ou la fable, le film de Sylvestre Amoussou raconte, à travers l’histoire d’un couple de français arrivé illégalement en Afrique, l’humiliation et le combat quotidiens des immigrants. Aussi les aides qu’ils reçoivent, l’injustice ordinaire dont ils sont l’objet et la résignation de certains d’entre eux. Africa Paradis prend le parti de nous faire rire pour nous faire réfléchir.

Cette inversion de la situation la plus courante fera réfléchir tous ceux qui n’ont jamais été confrontés à la misère et au racisme. Comme le dit Sandrine Bulteau, actrice et coproductrice du film: «Il nous manque quelque chose à nous, les Occidentaux, pour comprendre la réalité des immigrants. Quand nous allons vivre à l’étranger, c’est par goût et non parce que la misère nous y contraint. Nous sommes à peu près les bienvenus partout.» Le film réussit bien à nous faire prendre conscience des problèmes que rencontrent les autres chez nous.

Le réalisateur, lui, a vécu ces difficultés. Ancien comédien, il est passé derrière la caméra en raison du manque de rôles pour les Noirs en France. Il a eu des difficultés à obtenir son visa pour Montréal et il a encore du mal à distribuer son film. Il était donc primordial pour lui de faire passer son message: «Je souhaite que les Noirs occupent une vraie place dans la société.»

Si on en croit les rires dans la salle, le film a remporté un franc succès auprès du public. Vues d’Afrique nous réserve encore bien des bons moments de cinéma dans les catégories Fiction, Documentaires, Regards d’ici (pour les films sur l’Afrique faits chez nous) et Africa-Numérique, qui offre un éventail de films africains grâce à la légèreté de la technologie numérique.

Vues d’Afrique

Du 19 au 29 avril 2007

Cinéma du Parc, ONF, Cinéma Beaubien

Programme, horaires et tous les détails sur Vues d’Afrique  ou au 514 990-3201