Pourquoi tant de députés quittent le Parlement?

Écrit par Sharda Vaidyanath, La Grande Époque - Ottawa
28.04.2007

  

Avec le départ de Belinda Stronach et celui de plusieurs vétérans de la scène politique canadienne, nous pouvons nous demander ce qui cause cet exode soudain à la Chambre des communes.

Alors que le départ de 22 députés paraît considérable, les analystes politiques rappellent que ce n’est pas inhabituel durant les périodes préélectorales. Le député libéral, Derek Lee, explique que ces départs «font partie du renouvellement normal des membres du parlement» et laissent la place à du sang neuf.

  • Le Parlement à Ottawa. (攝影: / 大紀元)

 

«De nouvelles personnes intelligentes, sachant s’exprimer, d’excellents représentants de la population feront leur entrée; ils apporteront leurs contributions.»

De l’ancien premier ministre, Paul Martin, aux anciens ministres comme Lucienne Robillard, Andy Scott, Jean Lapierre et Jim Peterson, les libéraux dominent la liste de ceux qui se retirent de la politique. Quatre conservateurs se retirent également ainsi que Bill Blaikie, du NPD, et Michel Gauthier, du Bloc québécois.

M. Lee mentionne que plusieurs des libéraux qui démissionnent, à l’exception de Belinda Stronach, étaient en poste depuis 1988 environ, ce qui leur donne presque le droit de se qualifier pour obtenir la pension de retraite maximale.

Les politologues expliquent qu’au cours de l’histoire, les députés se retirent lorsqu’ils sont défaits dans une élection, ils sont soit épuisés par les longues heures et la grande charge de travail, ou démissionnent à leur gré. Toutefois, les raisons de départ pour les simples députés deviennent de plus en plus complexes et n’ont pas de simples solutions.

David Docherty, professeur de sciences politiques à l’Université Wilfrid Laurier et auteur du livre Mr. Smith Goes to Ottawa, affirme que selon la norme, moins de députés se retirent des gouvernements minoritaires que majoritaires, lesquels sont en place plus longtemps et connaissent un cycle électoral plus espacé. Un changement de leadership peut également déclencher des démissions.

M. Docherty estime qu’au cours des dernières années, la Chambre des communes a «légèrement dérapé» en raison des députés qui se critiquent entre eux, des scandales, des insultes et des campagnes publicitaires négatives.

«La politique n’est pas une profession noble de nos jours.»

D’après Nelson Wiseman, professeur de sciences politiques à l’Université de Toronto, plusieurs questions «sont devenues personnelles» ces dernières années dans la politique canadienne. Il déplore le manque de décorum qui a suivi l’introduction de la télévision à la Chambre des communes en 1977. Il mentionne que la tendance des partis politiques à s’en remettre seulement aux sondages d’opinion publique a peut-être eu pour effet de marginaliser le rôle des députés.

Au dire de James Kelly, professeur à l’Université Concordia, ce qui pousse les politiciens à se retirer est causé en quelque sorte «par l’institution et non par les partis». Il prétend que cela est en relation avec la prédominance du cabinet et la marginalisation du Parlement depuis les années Trudeau.

M. Docherty, d’un autre côté, ne pense pas qu’il y ait déjà eu «des jours glorieux du Parlement» au Canada. D’après lui, le Parlement est marginalisé simplement parce que les «partis politiques et les chefs ne veulent pas qu’il agisse.»

Il croit qu’il est dommage que le Parlement ait toujours été sous le joug des chefs et sous le contrôle exercé par le premier ministre sur son caucus. Il ajoute que le vote de confiance et l’obéissance à la ligne du parti sont importants pour les députés qui souhaitent obtenir un portefeuille de ministre. «Je crois que c’est une source de frustration pour les députés.»

M. Docherty mentionne que les simples députés, en particulier, n’ont pas vraiment la chance d’influencer les politiques publiques. Et même dans leur bureau de circonscription, ils n’ont pas de répit dans leur surcharge de travail qui peut envahir leur vie.

Même s’il admet que la vie politique peut être difficile, Derek Lee, qui travaille environ douze à quatorze heures par jour, n’est pas prêt à quitter l’arène politique.

«C’est une vie difficile, c’est comme si on était en campagne militaire tout le temps… mais j’obtiens beaucoup de satisfaction en tant que député; je ne ferais pas autre chose.»