Le Monde de la Lune, un opéra-bouffe au Monument-national

Écrit par Floriane Denis, La Grande Époque - Montréal
03.04.2007

 

 

 

Un opéra-bouffe, ça ne se mange pas, mais c’est quand même un régal. On

y mange de grosses tranches de rigolades. On y déguste des tartines de

pitrerie et on y boit une bonne dose d’optimisme. Ce qui n’empêche pas

le tout d’être assaisonné des airs les plus fins. Appétissant?

Voici un

avant-goût du Monde de la Lune ou Il Mondo della Luna, de Joseph Haydn.

Cette œuvre a été présentée en première par l’Atelier lyrique de

l’Opéra de Montréal le mardi 27 mars.

  • Les personnages d'une comédie drôlement costumé sur la scène(攝影: / 大紀元)

 

L’œuvre

L’opéra-bouffe, à la différence du grand opéra souvent tragique, est un opéra comique. Il Mondo della Luna raconte comment Ecclictico, un jeune homme malicieux, se joue du vieux Buonafede et lui impose d’accepter de marier ses filles et sa servante. S’appuyant sur la crédulité du vieux grognard, sur sa misogynie et, sans doute, sur son besoin d’évasion, Ecclictico lui fait miroiter les merveilles d’un monde imaginaire: le monde de la lune. Le droguant à l’aide d’un somnifère, il prétend l’y emmener. Le vieux barbon se réveille dans un lieu délicieux, qui est en fait le jardin d'Ecclictico. Là, adouci par un tel paradis et se pliant à ce qu’il croit être les coutumes d’un autre pays, Buonafede accepte de marier ses filles et sa servante. Quand on lui révèle la supercherie, sa colère est de courte durée, et tout est bien qui finit bien. Preuve qu’il ne tient qu’à nous de faire de l’endroit où nous vivons un lieu agréable.

L’Atelier lyrique, une pépinière de jeunes talents

Ce spectacle était présenté par l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal (OdeM). L’Atelier lyrique a été fondé en 1984 pour préparer une relève nationale. Elle offre aux jeunes artistes canadiens (pas seulement aux chanteurs, mais aussi aux régisseurs et aux metteurs en scènes) une formation et des activités professionnelles, comme ces représentations, afin de les préparer à leur futur métier.

La représentation

Une scène inclinée sur la scène, peut-être pour rappeler les scènes à l’italienne des premiers opéras, mais sans doute une mise en abîme soulignant la mise en scène concoctée par Ecclictico pour duper Buonafede. Un poste de vigile, d’où les farceurs observent, rient et entourloupent le vieux. Quelques accessoires et voilà le décor planté. C’est simple, mais c’est efficace.

Ajoutez à cela des costumes très parlants, et vous avez tous les éléments visuels nécessaires pour souligner la comédie et situer l’action dans le temps. Mention spéciale à l’habit de Buonafede sur la lune, qui le fait ressembler à un gigantesque ananas. Un costume idéal pour le dindon de la farce. Tout simplement hilarant.

Bien sûr, la réussite du spectacle était assurée par les chanteurs, qui étaient aussi de vrais acteurs. Rien à voir avec les postures figées et les gestes empruntés de certains grands opéras. C’était vivant, enjoué et drôle. Il est d’ailleurs spectaculaire que des gens puissent chanter aussi bien tout en se mouvant. Mention spéciale à Chad Louwerse, qui incarnait Buonafede. Son jeu et son chant étaient un vrai délice!

La représentation a enchanté l’assistance par ses qualités musicales, la beauté des costumes, l’ingéniosité de la mise en scène et, bien sûr, son humour. Il reste quelques représentations, n’hésitez pas à y aller. Même si vous croyez ne pas aimer l’opéra, vous serez conquis.

 Le Monde de la Lune sera présenté une dernière fois le mercredi 4 avril 2007 à 20 h.

Salle Ludger-Duvernay du Monument-National. Rens.: Opéra de Montréal ou 514 871-9883 (Monument-National).