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Guillaume Soro s'installe à la primature

Écrit par Irin News
09.04.2007
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CÔTE D'IVOIRE

Les relations entre le gouvernement ivoirien et le principal groupe rebelle du pays ont connu un développement remarquable le 27 mars dernier, lorsque les deux parties ont convenues de confier le poste de premier ministre à un des personnages importants de la rébellion en Côte d’Ivoire.

L’accord de paix, signé à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, stipule que Guillaume Soro, leader des Forces nouvelles – le groupe rebelle qui contrôle le nord de la Côte d’Ivoire depuis la courte guerre civile de 2002 – occupera les fonctions de premier ministre du président Laurent Gbagbo, chef du gouvernement ivoirien qui contrôle le sud du pays.

  • Les résidants du Burkina Faso encouragent Emile Kima(Stringer: KAMBOU SIA / 2007 AFP)

M. Soro remplacera Charles Konan Banny, premier ministre par intérim désigné en 2005 par le Conseil de sécurité des Nations Unies et dont le mandat avait été prorogé suite au report des élections présidentielles de 2006.

Au cours d’une déclaration télévisée, M. Banny a indiqué qu’il n’hésiterait pas à se «sacrifier» et qu’il n’avait jamais imaginé qu’une mission puisse être éternelle. Toutefois, il n’a pas annoncé sa démission.

Depuis 2002, la Côte d’Ivoire est confrontée à une crise politico-militaire qui a conduit à la partition du pays et à la création d’une zone de confiance séparant les deux belligérants. Cette zone est contrôlée par quelque 11 000 Casques bleus des Nations Unies et soldats français de l’opération Licorne.

Après un mois de négociations, le gouvernement ivoirien et les rebelles sont parvenus au début de mars à trouver une solution de sortie de crise et ont conclu un accord de paix à Ouagadougou.

C’était la première fois que les deux parties s’engageaient dans un dialogue direct sans l’intervention des Nations Unies ou de l’Union africaine.

Cet accord de paix prévoyait notamment la mise en place d’un gouvernement de transition dans les cinq semaines suivant la signature de l’accord, un gouvernement qui aurait la charge de conduire le pays aux élections présidentielles prévues avant la fin de 2007.

«Les parties ont convenues de confier le poste de premier ministre à M. Guillaume Soro qui devra mettre en œuvre la feuille de route de l’accord de Ouagadougou», a confié le 27 mars M. Sidiki Konaté, porte-parole des Forces nouvelles, à la télévision nationale burkinabè.

M. Soro a par ailleurs indiqué qu’il quitterait ses nouvelles fonctions à l’issue de l’élection présidentielle à laquelle il ne compte pas se présenter.

Djibril Bassolet, ministre burkinabè de la Sécurité et représentant du médiateur lors du dialogue direct interivoirien, a souligné que le président Gbagbo signera dans les prochains jours le décret portant nomination de M. Soro au poste de premier ministre.

«La guerre est finie. La crise est finie. Bientôt, nous aurons un nouveau gouvernement et j’irai au nord et à l’ouest du pays pour demander aux populations de retourner chez elles afin de retrouver leurs plantations et commencer à travailler en toute quiétude», a affirmé le 26 mars, M. Gbagbo.

Toutefois, pour François Kouassi, professeur de lettres modernes dans un établissement d’Abidjan, la véritable solution au conflit est encore loin d’être trouvée.

«La nomination de M. Soro au poste de premier ministre ne vient que confirmer un partage de gâteau qui fera plus de mal aux populations qu’auparavant. Nous croyons qu’une telle décision n’apportera pas grand-chose, car il s’agit d’un arrangement conclu entre deux personnes», a fait remarquer M. Kouassi. Et les deux personnes auxquelles il fait allusion ne sont autres que MM. Soro et Gbagbo.

Le pessimiste de M. Kouassi est largement partagé par l’homme de la rue, à Abidjan. La plupart des personnes ne croient pas que M. Soro puisse faire mieux que les précédents premiers ministres nommés au cours des quatre dernières années.

M. Soro devra maintenant constituer un gouvernement de transition qui aura la charge de mettre en œuvre le processus de désarmement des milices.

Quant aux leaders des autres groupes rebelles, ils estiment avoir été exclus des négociations et de l’accord de paix de Ouagadougou.

Glofiei Denis Maho, chef de file du mouvement rebelle des Forces de Libération du Grand Ouest (FLGO), a déclaré à la presse, le 23 mars dernier, que ses 11 000 combattants ne désarmeront pas tant qu’il ne sera pas associé aux pourparlers sur la composition du gouvernement de transition.

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.