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«Dégeler les relations» ou «défendre les valeurs canadiennes»?

Écrit par Cindy Chan, La Grande Époque - Ottawa
01.05.2007
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MacKay en Chine

Selon le communiqué de presse du ministère des Affaires étrangères, la visite du ministre Peter MacKay en Chine ces derniers jours avait pour but de «discuter de plusieurs questions qui revêtent de l’importance pour le Canada, notamment le cas de Huseyincan Celil relevant des affaires consulaires, et d’établir l’ordre de priorité en vue d’une coopération productive entre le Canada et la Chine».

À plusieurs reprises depuis son élection, le gouvernement conservateur a défendu les droits de l’homme et les «valeurs canadiennes» dans ses rapports avec la Chine, ce qui a provoqué la colère de Pékin et celle de la communauté des affaires au Canada, qui craint qu’une telle position nuise à ses perspectives économiques.

  • Peter MacKay, ministre canadien des Affaires étrangères.(Staff: LUIS ACOSTA / 2007 AFP)

 

La défense des droits de la personne et une «coopération productive» sont-elles réconciliables? L’agence de presse officielle du régime communiste chinois, Xinhua, avait averti la semaine dernière que le cas de Celil concernait seulement les «affaires internes de la Chine» et ne voulait pas que le Canada interfère.

Celil, un militant pour la cause de la minorité ouighour dans le nord-ouest de la Chine, a été condamné par un tribunal chinois, le 19 avril dernier, à la prison à vie sur des accusations de séparatisme et de terrorisme.

Le gouvernement canadien soutient qu’il n’y a aucune preuve solide pour les accusations pesant contre lui. Cependant, les autorités chinoises refusent de reconnaître sa citoyenneté canadienne et continuent à lui refuser l’assistance consulaire canadienne.

Le cas a été de première importance pour le gouvernement canadien dans ses discussions avec les Chinois depuis que M. Celil a été déporté de l’Ouzbékistan vers la Chine en juin 2006. Il a été détenu en Ouzbékistan en mars 2006, apparemment sous l’insistance des autorités chinoises. Le premier ministre Stephen Harper a personnellement soulevé la question avec le régime chinois.

En mars, M. MacKay a déclaré à La Grande Époque que le gouvernement n’arrêterait pas de soulever les cas comme celui de M. Celil, malgré les pressions de certains groupes inquiets de froisser Pékin.

«Il ne s’agit pas d’adoucir le ton; il s’agit d’être cohérent et énergique dans nos représentations lorsqu’il s’agit de citoyens canadiens», a commenté M. MacKay. «Nous prenons l’approche où tout Canadien se trouvant à l’étranger, qu’il soit en péril, qu’il soit dans le besoin, nous serons là pour lui.»

En plus d’avoir émis une déclaration ferme protestant le verdict contre M. Celil, M. MacKay a assuré l’épouse de M. Celil, Kamila Telendibaeva, que «le Canada continuera la quête de justice» pour son mari.

Appel pour quinze membres de famille

D’autres Canadiens ayant également été affectés par les violations des droits de l’homme en Chine se sont exprimés la veille du voyage qu’a entrepris M. MacKay.

Le 25 avril, quatre Canadiens d’origine chinoise ont parlé à une conférence de presse sur la Colline parlementaire, décrivant la persécution dont ont souffert les membres de leurs familles en Chine en raison de leur pratique de Falun Gong, une discipline spirituelle brutalement réprimée par les autorités en Chine.

Une résidante de Montréal, Yao Lian, a souligné que les pratiquants de Falun Gong en Chine sont «automatiquement étiquetés comme des “criminels” ou des “ennemis de classe” par le régime et qu’ils n’ont aucune sécurité». Le 18 avril dernier, son mari, Ma Jian, a été condamné à deux ans et demi de travaux forcés.

Shen Yue a demandé de l’aide pour secourir ses tantes emprisonnées dans la province de Hebei. Sa mère avait été emprisonnée plus tôt pendant deux ans, période durant laquelle elle a été battue avec des matraques et «contrainte à enlever ses vêtements et à se tenir debout dehors», a-t-il raconté.

L’Association Falun Dafa dit qu’il y a au moins quinze membres de famille de Canadiens actuellement emprisonnés en Chine pour leur pratique de Falun Gong.

Selon le rapport 2006 du rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, Manfred Nowak, les pratiquants de Falun Gong comptent pour 66 % des victimes d’allégations de tortures lorsque détenus par le gouvernement.

Également, un rapport émis l’année dernière par l’ex-député canadien David Kilgour et l’avocat David Matas conclut que les autorités chinoises ont prélevé les organes de pratiquants de Falun Gong vivants détenus en Chine, pour les vendre sur le lucratif marché des organes.

Tandis que certains s’inquiètent que le fait de soulever de tels cas pourrait contrarier la Chine et nuire au commerce, le gouvernement dit que le commerce et les droits de l’homme peuvent être abordés en même temps.

Reconnaissant le potentiel pour les affaires en Chine, M. MacKay a dit à La Grande Époque que le Canada «devrait être capable de les aborder de façon respectueuse et, en même temps, soulever de façon franche et sans détour nos préoccupations au sujet de leur dossier des droits de l’homme».

«Nous allons continuer à épouser ces valeurs pour les droits de l’homme, le respect des droits de l’homme, les valeurs de bonne gouvernance, les valeurs de démocratie – c’est un fondement de notre Parti conservateur et de notre politique étrangère», a déclaré M. MacKay.

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Le Canada évalue le dialogue bilatéral

Pendant ce temps, après six mois d’étude du dialogue bilatéral Canada-Chine, largement critiqué, sur les droits de l’homme, le sous-comité des droits internationaux de la personne devrait bientôt publier son rapport.

Le porte-parole du NPD sur les droits de l’homme, Wayne Marston, a dit à La Grande Époque que le sous-comité, dont il est membre, a «proposé des changements significatifs que vous allez trouver dans le rapport».

Parmi les pays engagés dans des dialogues sur les droits de la personne avec la Chine, on retrouve les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie, la Norvège, la Suède, l’Allemagne, le Japon et plusieurs autres; le Canada est le premier à mandater une évaluation pour le processus du dialogue.

Jason Loftus a collaboré à cet article.

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