Dessiner pour se transformer, la page blanche

Écrit par Clément Boily / www.alternativesante.com
14.05.2007

Une page blanche est toujours impressionnante. Il y a toujours un

moment d’hésitation avant de poser le premier trait. Parfois ce moment

d’hésitation se transforme complètement en peur d’oser interrompre la

parfaite blancheur du canevas. Mais il n’y a pas seulement la peur de

gâcher le canevas…ça va souvent beaucoup plus loin…

Au cours des ateliers que j’anime, j’ai constaté à quel point la page

blanche peut renvoyer chacun dans ses propres peurs. Elles vont bien

au-delà de la seule crainte de gâcher une feuille. La page blanche

devient symboliquement un théâtre où les peurs semblent se matérialiser.

  • page blanche(攝影: / 大紀元)

 

D’emblée ce qui surgit, c’est la peur de sa propre liberté. À plusieurs reprises j’ai reçu des commentaires en ce sens. « J’ai pris conscience de la solitude devant la liberté totale » est le commentaire d’une participante après une première séance d’atelier. Et une autre d’ajouter : « le fait de ne pas avoir de directives, ni de thème me fait sentir très seule devant ma création ». Dans les deux cas, ce constat de solitude devant la liberté ne semblait pas, dans un premier temps, quelque chose de facile à vivre.

Combien de fois se plaint-on de ne pas  être libre alors qu’au moment où l’on se retrouve face à sa liberté on se surprend à en avoir peur ? Que faire maintenant avec elle ? Nous sommes à présent le seul maître à bord. Personne pour nous donner des directives, une marche à suivre… Une liberté soudaine n’est pas toujours facile à apprivoiser et c’est à cela que la page blanche nous renvoie. Le seul fait de placer une feuille de papier devant soi et de tenir dans les mains une boîte de pastels et nous voilà confronté à cette expérience de solitude face à cette « liberté ».

Cependant, l’émotion n’est pas toujours clairement identifiable. Parfois la page blanche ne fait que remuer à l’intérieur des émotions difficiles à nommer. Cela réveille aussi beaucoup de crainte comme chez cette participante qui, lors de sa première séance, déclare : « Avec ce que je ressens à l’intérieur en ce moment, il n’est pas étonnant que je ne m’adonne pas à la peinture ». Le fait de devoir dessiner et de remplir cette page blanche provoquait chez elle beaucoup d’émotions qui la mettaient mal à l’aise. Son réflexe a été de « retenir » et donc de refouler ces émotions. Tout son travail sur le papier l’a montré.

Une autre peur récurrente devant la page blanche est celle du résultat. Dessiner, peindre, c’est en quelque sorte se montrer. On a donc peur de ce qui va en sortir. Craignant les critiques on s’autocensure. On devient en fait son plus impitoyable critique. La peur de faire des erreurs, la peur de l’échec sont de puissants inhibiteurs de la créativité. On préfère souvent ne rien faire que de se sentir en échec.

Il n’est pas surprenant que tant de personnes se figent devant la page blanche. Mais grâce à quelques techniques simples, on peut facilement dépasser cette étape.

Une façon de créer un déblocage devant la page blanche est de simplement barbouiller la feuille. Ne pas essayer de dessiner des formes précises, mais seulement barbouiller. On évite ainsi d‘être en attente de résultats. On n’est plus dans le stress de « réussir ». Ce sont souvent les attentes (on veut faire quelque chose de beau, on veut obtenir tel ou tel résultat, etc.) qui inhibent le geste spontané qui devrait prendre place. Barbouiller libère ce frein et fait jaillir un mouvement de création non contrôlée qui libérera le geste par la suite. Si le résultat n’est pas l’idée fixe, on n’aura donc plus  de crainte de faire des essais en explorant  n’importe quoi sur la feuille.

Si le besoin de contrôler est encore trop présent, refaire le même exercice avec les yeux fermés. Le moindre contrôle n’étant plus possible, on n’a pas d’autre choix que de lâcher prise sur le résultat. Et le but est de lâcher prise sur le résultat.

Une autre façon est de dessiner avec la main non dominante. L’objectif est toujours de lâcher le contrôle sur le résultat. Étant moins habile avec cette main, on ne peut nourrir les mêmes attentes sur la qualité du travail. De plus, cette technique favorise un meilleur contact avec l’hémisphère intuitif du cerveau très favorable à la créativité.

Toutes ces techniques n’ont qu’un seul but, lâcher le contrôle en éliminant les attentes. Une fois les premières peurs surmontées par cette astuce, il sera plus facile ensuite de laisser aller sa créativité et de vivre le plaisir de la créer librement.

Dans ma prochaine chronique je parlerai du pouvoir de transformation de la création intuitive guidée.

P.S. J’invite les lecteurs  à me faire parvenir par courriel toutes questions que cet  article aurait pu faire surgir. C’est avec plaisir que j’y  répondrai dans les prochaines chroniques.

Pour contacter l'auteur : Clément Boily, (514) 337-9825,  clementboily@hotmail.com

 

Ste d'origine: www.alternativesante.com