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L’amiante : une «honte» pour le Canada

Écrit par Lishanti Caldera, La Grande Époque - Toronto
24.05.2007
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Les maladies reliées à l’amiante sont en hausse au Canada, et les employés du ministère de la Défense nationale (MDN) tombent malades en raison d’une exposition à la substance dangereuse présente dans leur environnement, dénonce le député du NPD, Pat Martin.

M. Martin mentionne qu’alors que l’amiante est bannie dans plus de 40 pays, incluant l’Union européenne, le Japon et l’Australie, le Canada continue à la produire et à l’exporter malgré des efforts à l’échelle nationale et internationale pour en interdire la production et l’utilisation.

«Le Canada devrait rougir de honte», commente M. Martin. «Nous utilisons l’argent des contribuables et les missions étrangères pour organiser des conférences proamiante [dans les pays pauvres]. Nous sabotons également les efforts des autres pays qui veulent bannir l’amiante.»

Dans le cas du MDN, l’amiante a été utilisée principalement pour ses propriétés ininflammables dans l’isolation d’édifices militaires et de sous-marins. Elle était également utilisée dans les matériaux pour les maisons partout au Canada jusque dans les années 90.

Selon Bob Sass, président du comité pour interdire l’amiante en Saskatchewan, le Canada est le deuxième plus grand producteur et exportateur d’amiante dans le monde. Il produit 200 000 tonnes d’amiante par année, 97 % de laquelle est exportée dans des pays en développement comme l’Inde, la Thaïlande et l’Indonésie. Ces pays n’ont aucune norme pouvant contrôler l’utilisation sécuritaire de matières dangereuses.

«Nous l’exportons comme des fous, alors que le reste de la planète dit “non”. Ceci est absolument moralement et éthiquement répréhensible de la part du gouvernement canadien d’imposer cette contribution d’exporter la misère humaine et la maladie à ces pays sous-développés où les standards de santé et de sécurité sont très bas ou inexistants», déplore M. Martin.

En avril 2006, M. Martin a présenté une motion à la Chambre des communes visant à interdire l’exploitation, la production, la vente, l’utilisation et l’exportation de l’amiante et de ses produits. Combattant anti-amiante depuis plusieurs années, M. Martin a reçu plus tôt cette année un prix récompensant son travail, lors de la troisième conférence annuelle de la Journée pour la sensibilisation sur les maladies causées par l’amiante à Philadelphie.

Lors d’une journée internationale d’action contre les blessures et décès au travail à Washington D.C. en avril dernier, une manifestation a eu lieu devant l’ambassade canadienne pour dénoncer l’exportation d’amiante par le Canada. L’Organisation mondiale de la santé et l’Organisation internationale du travail ont appelé tous les pays à interdire l’utilisation des produits de l’amiante.

Cet été, le Canada dépensera un milliard de dollars pour retirer l’amiante des édifices du parlement à Ottawa. On estime qu’environ 100 000 personnes dans le monde meurent chaque année en raison des maladies causées par l’amiante.

«Non seulement les gens qui travaillent dans les mines d’amiante, mais aussi leurs familles sont à risque en étant exposées aux fibres d’amiante», explique M. Martin.

M. Martin, qui a déjà travaillé dans les mines d’amiante comme mineur, affirme que l’année dernière le gouvernement a présenté de nouvelles règlementations concernant l’utilisation de l’amiante, permettant qu’elle soit utilisée dans la fabrication de jouets pour enfants, d’articles éducatifs, de crayons et d’isolants vaporisés, soit des pratiques qui ont été «condamnées universellement, sauf au Canada.»

«Beaucoup de gens croient que l’amiante est interdite au Canada», fait remarquer Kyla Sentes, dont le père est mort d’amiantose. «Beaucoup de gens pensent que c’est quelque chose que nous avons réglé dans les années 80, mais en réalité beaucoup d’écoles, d’édifices publics et de résidences au Canada contiennent de l’amiante.»

Au Canada, seul le Québec poursuit l’exploitation de l’amiante. Environ 800 mineurs travaillent dans les mines d’amiante au Québec et la province possède le taux le plus élevé de cancer au Canada, selon M. Sass. L’industrie de l’amiante récolte environ 97 millions de dollars par année.

«C’est à cause de la politique québécoise. Aucun gouvernement canadien n’a le courage politique de fermer ces mines», estime M. Martin. «Il ne s’agit que d’émotion et de politique pure. L’industrie de l’amiante fait partie de la fierté nationale québécoise.»

La maladie la plus couramment associée à l’amiante est la mésothéliome, celle-ci peut prendre vingt ans à se développer. Après avoir été diagnostiquée, cette maladie mortelle peut tuer la personne en moins de six mois. L’amiante peut également causer le cancer du colon et de la gorge, de même que l’amiantose.

«Ceux qui ont été diagnostiqués avoir la mésothéliome souffrent de douleurs insoutenables, tellement que leurs proches prient pour qu’ils meurent rapidement afin de soulager l’être cher», raconte M. Sass, qui a travaillé auprès de victimes et leurs familles sur une base individuelle, les renseignant et les aidant à recevoir une indemnité.

«L’amiante, sous toutes ses formes, est cancérigène, et la seule manière de régler le problème est de l’interdire», affirme M. Sass.

Selon l’expérience de Kyla Sentes avec la maladie de son père, les professionnels de la santé «n’avaient aucune idée» de l’ampleur de ce problème et, dans plusieurs cas, les assurances maladies privées s’esquivent pour ne pas indemniser les victimes. «Ce fut tout un combat pour obtenir une indemnité», explique-t-elle.

«Quelqu’un doit être tenu responsable pour ce genre de meurtres. C’est essentiellement un meurtre corporatif, et cela peut-être empêché à 100 %», mentionne Mme Sentes, dont le père a souffert d’amiantose pendant 25 ans.

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.