Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Auteur de crimes contre l’humanité à Montréal

Écrit par Éric Tousignant, Collaboration spéciale
28.05.2007
| A-/A+

 

Le Canada accueille à bras ouverts le ministre chinois du Commerce, Bo Xilai

Malgré les différents appels pour que le Canada refuse l’entrée au pays de Bo Xilai, le ministre du Commerce de la Chine accusé de torture, de crimes contre l’humanité et de  génocide, le haut dignitaire chinois avait les deux pieds à Montréal, le samedi 26 mai, et profitait du penthouse dans le luxueux hôtel Reine Elizabeth.

La semaine dernière, l’Association canadienne du Falun Dafa (ACFD), la Coalition canadienne pour les démocraties et l’ex-parlementaire David Kilgour avaient demandé à Ottawa que M. Bo ne puisse pénétrer en territoire canadien, en raison de la longue liste d’allégations de violations des droits de l’homme qui pèsent contre lui. Selon la loi canadienne, de tels personnages peuvent être poursuivis par les cours de justice du pays. Bo Xilai fait actuellement face à plusieurs procès (criminels et civils) dans dix pays différents (États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, Australie, Espagne, Corée du Sud, etc.) pour génocide, crimes contre l’humanité et torture.

Mais l’invitation provenait du gouvernement lui-même, plus précisément du ministre du Commerce international, David Emerson, selon une source à Ottawa.

D’après un communiqué de l’ACFD, «Bo est un haut fonctionnaire notoire responsable d’avoir supervisé la torture et le meurtre de pratiquants de [la méditation] Falun Gong dans la province de Liaoning [Chine], une province ayant 341 cas documentés de pratiquants assassinés en date du mois de septembre 2005.»

M. Bo était gouverneur de cette province de 2001 à 2004, soit une période où la persécution contre le Falun Gong était particulièrement intense. Des rapports de l’ONU sur les droits de l’homme en Chine pour cette période dénotent des abus pour chacune des années de sa gouvernance.

Selon un rapport du Rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, plus de 1500 adeptes du Falun Gong ont été emprisonnés dans le camp de travail forcé de Masanjia, dans la ville de Shenyang, province de Liaoning.

Un des pires cas relatés est celui où dix-huit femmes pratiquantes de la méditation auraient été dépouillées de leurs vêtements et enfermées dans une cellule de prisonniers masculins dans le camp de Masanjia, dans le but de les faire renoncer à leur croyance dans le Falun Gong.

Dans une lettre publiée le 26 mai dans le National Post, David Kilgour, ex-parlementaire, et David Harris, de la Coalition canadienne pour les démocraties, s’insurgent que le gouvernement ait invité Bo Xilai à venir au Canada. «Stephen Harper a été un bon défenseur des droits de l’homme en Chine. Des responsables ont dénoncé l’espionnage de la Chine et le traitement réservé [au Canadien emprisonné en Chine] Huseyincan Celil et ont promis aux Canadiens que le commerce n’allait pas écraser les droits de l’homme – ou dans le cas de Celil – justifier la torture. Les Canadiens veulent que les droits de l’homme et le commerce soient équilibrés d’une manière responsable dans notre relation avec la Chine», ont écrit les deux hommes.

«Considérant cela, pourquoi Bo a-t-il été invité? Pour apaiser le lobby des entreprises pro-Chine? Est-ce que les bureaucrates d’Ottawa ont outrepassé la promesse de Harper de ne pas sacrifier les droits de l’homme pour le commerce?», se demandent MM. Kilgour et Harris.

En 2003, une liste de 45 auteurs de crimes contre l’humanité, incluant Bo Xilai, a été acceptée pour être considérée par le groupe d’opérations interdépartementales du Programme canadien sur les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre. Ce programme, si appliqué, permet d’empêcher l’entrée d’un individu sur le territoire, de refuser l’octroi d’un visa, de déporter ou de poursuivre en justice l’auteur d’un crime.

Selon la mission du programme, «le Canada n’est pas un refuge pour quiconque est impliqué dans des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre ou un génocide, ou est complice de tels crimes. Le Canada continue à jouer un rôle de chef de file dans le monde en prenant des mesures contre les personnes responsables d’atrocités, et son programme coordonné est un bon modèle de coopération interministérielle dans la lutte contre l’impunité.»

Les pratiquants de Falun Gong à Montréal ont tenté, lors du passage de Bo Xilai dans la ville, de lui signifier des procédures judiciaires pour lui signaler qu’un procès contre lui était en branle. Légalement parlant, le défendeur n’a qu’à toucher les documents juridiques pour que le procès soit engagé. Mais le 26 mai, les policiers en civil de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), chargés de la protection du ministre chinois, n’ont pas permis aux plaignants d’approcher M. Bo pour lui remettre la mise en demeure. Malgré de chaudes négociations, les policiers canadiens ont obéi aux ordres leur dictant de ne laisser personne s’approcher de Bo Xilai. Ils n’ont pas non plus voulu lui remettre les papiers légaux, selon le témoignage d’un individu qui était sur place.

Selon un photographe de La Grande Époque présent sur les lieux, la délégation chinoise de M. Bo, paniquée par cette menace d’un autre procès, a quitté l’hôtel sans être vue, évitant la porte latérale qui lui était à l’origine destinée.

Durant la journée du 26 mai, des gens ont manifesté dans le calme devant l’hôtel Reine Elizabeth, demandant à ce que Bo Xilai soit traduit en justice.

La délégation du ministre chinois du Commerce s’est déplacée à Ottawa, le lundi 28 mai, où d’autres manifestants l’attendaient également. Au moment de mettre sous presse, il était impossible de savoir si les plaignants ont réussi à remettre les documents légaux à M. Bo.

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.