Le Vieux en vert

Écrit par Patrice-Hans Perrier, Collaboration spéciale
11.06.2007

 

Deuxième édition du Salon national de l’environnement au Vieux-Port 

Cette année, la belle saison s’annonce chargée de fruits gorgés de

promesses et d’espérance. C’est sur cet air d’aller que le Salon

national de l’environnement (SNE) a plié bagage dimanche dernier. Un

événement festif qui a fait la démonstration qu’il est possible de

conscientiser le grand public tout en le divertissant.

Le SNE en était à sa 2e édition cette année et ses organisateurs

s’attendent à ce que l’assistance ait dépassé les 30 000 visiteurs

cette fois-ci. Au-delà des chiffres, c’est l’ambiance conviviale de ce

petit salon qui aura contribué à faire de l’événement un joyeux happening

familial! Malgré la chaleur, les organisateurs ont réussi à nous

attirer à l’intérieur de leurs grandes tentes blanches, dressées à deux

pas du Marché Bonsecours, dans le Vieux-Port de Montréal. Les idées

nouvelles circulaient à grand débit sous le chapiteau de ce salon écolo.

  • Un jeune avec un costume d'arbre(攝影: / 大紀元)

 

 Donner l’exemple

Véhicules hybrides et Formule 1 sont-ils compatibles à une époque où les environnementalistes aimeraient bien que les choses bougent… un peu plus vite? Le directeur général du SNE, François Cormier, estime que, malgré les retards de l’industrie automobile, «le cours naturel des choses fera en sorte qu’un nombre croissant de nos concitoyens deviennent écoresponsables». C’est un peu avec cette idée en tête que les manufacturiers fabriquant des véhicules hybrides ont été invités à exposer de nouveaux produits susceptibles de changer la donne.

Les manufacturiers d’automobiles «vertes» n’étaient pas les seuls à s’être déplacés, puisque la Société de Transport de Montréal (STM) était aussi de la partie. Les visiteurs furent invités à emprunter un «circuit planifié» à l’intérieur du stand de la STM, alors que le parcours débutait à bord d’un biobus spécialement aménagé pour la circonstance. Un animateur s’occupait de nous présenter un nouveau projet de biodiesel qui risque fort de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) des bus à l’avenir.

Si le Québec et le Canada peuvent se targuer d’avoir emboîté le pas au Traité de Kyoto, nos mesures législatives sont encore très frileuses lorsque vient le temps de passer aux actes. Il faut dire que Montréal a démantelé sa dernière ligne de tramway, en 1959, cédant aux pressions des grands constructeurs américains qui voulaient écouler leurs autobus sur notre marché. Depuis, nos édiles sont obligés de danser un drôle de tango avec un réseau de transports en commun qui souffre de la compétition des automobiles. Malgré bien des efforts publicitaires, la circulation automobile a augmenté ces dernières années, alors que les transports en commun ont perdu des plumes sur ces entrefaites.

Philippe Falardeau, l’auteur du film Congorama, s’est déplacé au SNE afin de présenter des extraits d’un documentaire portant sur un inventeur qui a bien tenté de faire bouger les choses dans le domaine des véhicules hybrides. Raymond Deshaies s’était porté acquéreur d’un vieux trolley bus qu’il voulait convertir en prototype de véhicule hybride, alimenté au diesel et à l’électricité. Toutefois, le protagoniste du documentaire de Falardeau s’est entêté à poursuivre ses investigations sans réussir à trouver le financement nécessaire à la mise en production de son invention. Falardeau croit à une certaine conspiration qui serait ourdie par les grandes pétrolières. «La technologie est là pour faire bouger les choses», se plait-il à répéter. Toutefois, «tant qu’on n’aura pas épuisé les ressources pétrolifères, les multinationales feront la loi», se plaît-il à ajouter.

De nouvelles avenues

François Cormier est confiant que le mouvement de la consommation responsable prendra de l’ampleur d’ici peu. «Les choses bougent enfin, alors que le commerce équitable est en pleine expansion et qu’un grand nombre de consommateurs se tournent vers les produits biologiques», souligne-t-il. Plusieurs petits producteurs bios s’étaient déplacés pour la circonstance, et la Société des Alcools du Québec en aura profité pour faire goûter ses vins biologiques.

Le développement durable suppose une approche systémique qui nous force à considérer notre planète terre sous un autre angle. Conscients de la complexité des enjeux, les organisateurs du SNE avaient pris soin de regrouper les 150 exposants sous des thèmes génériques, tels que «les Transports», «l’Habitation» ou «la Gestion des ressources». Cette judicieuse constellation de thèmes nous aura aidé à prendre conscience de la grande chaîne de la consommation, de la conception des objets jusqu’à leur récupération en fin de parcours.

Nathalie Julien, la coordonnatrice de la boutique Terre Nouvelle, aimerait bien que la consommation responsable fasse partie de nos mœurs. Cette activiste prend fait et cause pour les artistes de la récupération, ces magiciens du rafistolage qui font des merveilles avec nos vieilles guenilles et autres accessoires désuets. La boutique de cadeaux du SNE nous en aura mis plein les yeux avec les créations bigarrées des 28 artistes et artisans invités pour la circonstance. De curieux petits portefeuilles fabriqués au Mexique, à partir de tissage de sacs de chips, ont carrément fait fureur! Mme Julien souhaite que les consommateurs comprennent qu’il y a beaucoup de travail et d’investissement derrière tout ce travail de moine. Au-delà de l’aspect récupération, la renaissance de nos articles vieillots pose, avec beaucoup d’acuité, la question des modes de production alors qu’un nombre croissant d’entreprises manufacturières n’arrivent plus à faire leurs frais.

Apprendre en s’amusant

Sans tomber dans une approche didactique rebutante, le SNE aura fait la preuve qu’il est possible d’éveiller les consciences tout en divertissant. Outre les exposants, des conférences et des ateliers pratiques ont permis aux badauds de faire leurs devoirs en matière de recyclage ou de compostage. Hydro-Québec était sur les lieux afin de promouvoir son programme «Le Bon Arbre au Bon Endroit». La société d’État fait des pieds et des mains afin d’amener les citoyens à prendre conscience que «les arbres sont souvent obligés de partager leur espace vital avec les installations des services publics dont nous ne saurions nous passer: eau, gaz, électricité, téléphone». Les curieux ont réalisé qu’un grand nombre de pannes d’électricité sont carrément provoquées par des arbres qui auraient été plantés au hasard, sans véritable planification. Cette approche nous aura fait comprendre que nature et technologie peuvent faire bon ménage, à condition d’y mettre du nôtre.

«Le virage vert est bien plus qu’une mode passagère», tenaient à souligner les organisateurs dans un document de promotion. Force nous est de constater que les consommateurs devront, tôt ou tard, faire eux aussi leur part. Parce que derrière les gouvernements et les entreprises, des milliards de citoyens détiennent peut-être la balance du pouvoir.