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Solidaire du Collectif Chine: huit revendications pour Pékin

Écrit par La Grande Époque
12.06.2007
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Le lancement de la campagne du Collectif Chine pour les Jeux Olympiques 2008 vient d’avoir lieu au Centre d’accueil de la presse étrangère (CAPE) à Paris en présence de plusieurs intervenants qui ont répondu aux questions des journalistes. Pourquoi l’association Agir pour les droits de l’Homme s’est-elle engagée dans ce Collectif ?

 

  • David Kilgour et Mme Lamperti(攝影: / 大紀元)

 

 

 

Marie-Françoise Lamperti : En raison de l’objet même de notre

association. Elle s’implique dans diverses actions de sensibilisation

aux droits de l’Homme par les colloques qu’elle organise, elle

s’investit aussi dans l’éducation aux droits de l’Homme comme cela va

être le cas prochainement dans une université en Ile-de-France où l’ADH

participera ponctuellement à des séminaires de formation aux droits

humains.

 

Elle s’engage également avec d’autres associations sur des questions de

défense des droits de l’Homme à l’échelle internationale. Ainsi, l’ADH

contribue avec d’autres à dénoncer le trafic d’organes en Chine.

Aujourd’hui elle est solidaire du mouvement du Collectif Chine qui rappelle aux autorités chinoises les promesses non tenues en matière de droits de l’Homme dans cette période qui précède les Jeux Olympiques de Pékin.

LGE : Lors de la conférence de presse qui s’est tenue, les intervenants successifs se sont exprimés sur la situation des droits de l’Homme en Chine, les raisons de leur soutien au Collectif et de leur contribution, qu’est-ce qui vous a particulièrement interpellée ?

MFL : Tout ce qui a été dit était important… il serait difficile lorsque l’on considère la souffrance d’un peuple d’établir une sorte de classement… et selon quels critères ?… toutefois deux lignes force se sont dégagées lors de l’intervention de Robert Badinter. L’une qui a rappelé qu’en Grèce la période des Jeux Olympiques permettait d’imposer une trêve des exécutions. C’est en revenant à cette origine que Robert Badinter demande un moratoire pas seulement en Chine mais dans le monde afin que les Jeux organisés à partir d’une éthique se réapproprient leur véritable sens. L’autre ligne est l’évocation de la distance qui ressort entre les lois existantes et leur application c’est-à-dire la pratique, la mise en application. Il est exact de dire que de nombreux pays ont un système juridique si riche qu’il en devient complexe… mais que les lois ne sont pas toujours appliquées… ou bien qu’elles ouvrent le champ propice à la jurisprudence ce qui n’est pas négligeable pour le justiciable sur le plan individuel… tout en rendant une justice au cas par cas… et qui devient une référence pour les avocats qui, à leur tour prendront appui sur ces jurisprudences pour plaider… cependant dans d’autres pays le système juridique est défaillant surtout lorsqu’il est remis entre les mains d’un seul pouvoir cela devient une fonction dictatoriale et là… il n’y a pas d’autre solution que de commencer par mener un combat pour démocratiser le système.

LGE : Voulez-vous dire qu’en Chine il faut avant tout qu’il y ait une démocratie ?

MFL : Bien évidemment, pour que les droits de l’Homme soient respectés et pénètrent le tissu social, il faut une démocratie c’est-à-dire un État de droit.

LGE : C’est donc la démocratie qui va favoriser la participation des citoyens ?

  

MFL : (sourire…) Écoutez, ça me fait sourire quand on parle de participation des citoyens. En matière de démocratie participative, personne n’a rien inventé. Toute la tradition philosophique depuis la Grèce antique (Aristote, etc.) jusqu’aux Modernes nous dit que la seule manière pour un citoyen d’exercer sa liberté est de participer aux affaires publiques. Il faut aussi se rappeler que dans son fondement la démocratie est participationen direct. C’est comme cela qu’elle s’est structurée et développée à Athènes, la démocratie représentative viendra après… et si l’on s’en tient à son rôle strictement politique, la démocratie n’est pas seulement le fait que le plus grand nombre puisse avoir le pouvoir pour gouverner ou décider mais que les décisions aillent dans le sens du bien commun. La démocratie est un régime politique qui consacre la souveraineté du peuple… et si le peuple est « souverain  » c’est donc la moindre des choses qu’il participe!

LGE : Mais alors y a-t-il une différence entre mener une action pour les droits de l’Homme et l’action politique ?

MFL : Oui. La différence est que les droits de l’Homme sont universels. Ils ne concernent pas seulement des citoyens qui de tel ou tel pays mais des femmes et des hommes qui vivent « dans notre monde ». L’action politique s’inscrit dans un espace-temps, une décision politique peut-être négociée ou même abandonnée. En même temps, les droits de l’Homme sont en synergie avec le politique (notamment avec son régime démocratique) parce qu’ils interfèrent dans le pouvoir décisionnaire dans les domaines laïque, religieux et politique…

LGE : Très bien mais pourquoi insiste-t-on tellement sur ce concept d’universalité ? nous avons entendu tout à l’heure M. Badinter parler de son combat pour l’abolition de la peine de mort en mettant l’accent sur la dimension universelle ?

MFL : Parce que dans l’ensemble les transmissions de la connaissance et du savoir sont dispensées de manière fragmentaire… (cela va en s’accentuant d’ailleurs avec les pédagogies de spécialisation) elles répertorient, classent, définissent, etc. et cela a souvent abouti à intégrer ou justifier comme des vérités des idées reçues… (racisme, antisémitisme, etc.) et tout ceci s’est répercuté dans l’apprentissage que nous avons fait de notre sociabilité… par exemple, en acceptant l’idée qu’il y a des êtres qui sont faits pour dominer et d’autres pour être dominés. Nous avons laissé s’amplifier les inégalités, entre femmes et hommes ou dans les classes sociales… Ce rapport dominant-dominé, Albert Camus le définissait par « une aberration tenace au cœur de l’homme ». Pour éradiquer cela il faut développer une culture des droits de l’Homme, changer les mentalités…

LGE : Changer les mentalités… ? par quoi commencer ?

MFL : Par l’éducation et par des actions visibles et lisibles, et en adoptant le comportement adéquat dans nos rapports sociaux. Par exemple, ne pas assister en témoin silencieux à des propos homophobes ou racistes sans dire qu’il s’agit là d’une insulte qui porte atteinte à la dignité d’un être humain. On voit alors comment il est possible de vivre dans un état de perpétuelle créativité. En se responsabilisant on prend notre part dans l’évolution commune. Les droits de l’homme ne sont pas une série de textes figés sur les pages d’un livre. Ils ont évolué au cours des siècles grâce aux contributions humaines diverses. Si l’on remonte jusqu’aux Anciens, à Athènes par exemple, tous les courants philosophiques prônant la démocratie n’incluaient pas forcément l’affranchissement des esclaves et… plus proche de nous, il a fallu attendre la fin de la seconde Guerre mondiale pour que le droit de vote soit accordé aux femmes. Il y a eu et il y aura toujours des femmes et des hommes pour nous indiquer le chemin. Mandela, King, Ghandi, sont les plus connus car leurs actions ont été un moteur pour la paix mais il y en a d’autres… il faut susciter pour les générations à venir le désir de suivre leurs traces… freiner la course « aux moyens d’exister » et les faire réfléchir sur notre raison de vivre.

LGE : Nous avons entendu pendant la campagne électorale des candidats évoquer la question des droits de l’Homme en Chine. Il y a tout de même des interrogations, des choses qui se sont dites… y a-t-il des mots ou des expressions que vous avez retenus et qui pourraient motiver un  futur militant des droits humains en Chine ou ailleurs…?

  

MFL : C’est tout à fait encourageant que des candidats à l’élection présidentielle aient évoqué le problème des droits de l’homme en Chine. En effet, il est bon de le redire ici, lorsque le régime chinois ratifie la Convention contre la torture et qu’il continue à la pratiquer en toute impunité, il désavoue aussi les États cosignataires qui lui ont accordé leur confiance. Pour ce qui concerne les quelques expressions retenues lors de la campagne électorale, j’ai retenu, notamment, ceux qui sont en rapport avec ma propre sensibilité car je ne peux pas me prononcer pour les autres… mais je dirai pour Nicolas Sarkozy… lorsqu’il a été désigné pour être le candidat de l’UMP:« Dire ce que l’on fait et faire ce que l’on dit          », pour Ségolène Royale son discours de campagne au 2e tour:«Dressez vous!» et pour François Bayrou, après les résultats définitifs lorsqu’il dit à ses militants:«Je ne vous abandonnerai pas».

 

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.