Romeo Castellucci fait tourner les têtes

Écrit par Fannie Bellefeuille, La Grande Époque - Montréal
15.06.2007

 

Festival TransAmériques 

Romeo Castellucci était de retour au FTA, cette année, avec sa nouvelle production, après nous avoir visités en 1997 et en 2002 avec Orestea et Genesi, from the museum of sleep. Cette fois, il nous présente Hey girl!, une œuvre où il s’attaque aux différentes images du mythe féminin.

Rien de ce que Castellucci fait passe inaperçu. «Théâtre de l’inconscient dévoilé, qui puise à même les mythes fondateurs de l’Occident, théâtre ou science, composition sonore et arts visuels sont inextricablement liés, le théâtre de la Societas Raffaello Sanzio séduit, fascine, déstabilise, soulève les passions et commentaires déraisonnés, provoque malaise ou adhésion totale», explique le programme.

On comprend aisément pourquoi, lorsqu’au cours de la performance, une jeune femme de race noire est mise sous menottes par un homme caucasien coiffé d’un haut-de-forme, pour ensuite exécuter une danse que l’on soupçonne être étrangement libératrice. Ou alors, lorsque l’on voit cette femme se faisant attaquer par une horde d’hommes sortant de nulle part. Certes, les images nous sont présentées pour nous choquer, nous provoquer, nous faire réagir. Mais le metteur en scène nous les offre lentement, doucement et longtemps. Nous pouvons donc prendre le temps de nous questionner sur ces images-chocs et ainsi apprécier la beauté (ou l’horreur) de ces symboles.

Car Castellucci est un amoureux de l’image, et nous pouvons le constater clairement ici. La réalisation des sculptures de scène (par Istvan Zimmermann) est particulièrement réussie, permettant la réalisation de tableaux assez frappants. À noter: l’impressionnant tableau d’ouverture où la Femme émerge d’une masse informe, d’une consistance douteuse, pour ensuite vaquer à son rituel quotidien. La bande sonore mérite aussi son lot d’éloges, habitant l’espace et les tableaux parfaitement, en créant non seulement une ambiance, mais en ajoutant aussi à la profondeur du propos.

En somme, on sort de ce spectacle hanté par certaines images, obnubilé par d’autres. Même si le propos peut parfois paraître quelque peu hermétique, on comprend rapidement la présence de la Societas Raffaello Sanzio au FTA.

Le FTA a maintenant clos sa première mouture en tant que Festival TransAmériques. Il a été couronné de succès, avec des salles, en général, remplies à pleine capacité, certains spectacles affichant guichets fermés 48 heures après la mise en vente des billets. En fait, une des principales réussites de ce FTA, c’est de nous mettre l’eau à la bouche pour la prochaine édition!