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Le Parlement demande la libération d’Aung San Suu Kyi

Écrit par Cindy Chan, La Grande Époque - Ottawa
19.06.2007
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Un groupe souhaite aussi l’expulsion des diplomates birmans

Les parlementaires canadiens ont voté à l’unanimité en faveur d’une motion appelant la junte militaire birmane à libérer la figure de proue du mouvement démocratique, Aung San Suu Kyi, détenue par le régime depuis plusieurs années.

Si elle n’est pas libérée, l’organisation Canadian Friends of Burma (CFOB – Les amis canadiens de la Birmanie) demande au gouvernement de considérer l’expulsion des diplomates birmans.

  • d’Aung San Suu Kyi(Stringer: KHIN MAUNG WIN / 2007 AFP)

 

Aung San Suu Kyi, chef de la Ligue nationale pour la démocratie et Prix Nobel de la paix, a été assignée à domicile en 1989 et a passé onze des dix-sept dernières années en détention.

Lorsque le parti d’Aung San Suu Kyi a remporté une victoire écrasante aux élections en 1990, la junte a refusé de reconnaître les résultats et s’est accrochée au pouvoir. Deux jours avant la fin d’une sentence qui devait se terminer le 27 mai dernier, le régime a prolongé son assignation à domicile d’une autre année.

Le régime a agi ainsi malgré les appels internationaux pour sa libération, provenant de l’ONU, des États-Unis, de l’Union européenne, d’autres lauréats du prix Nobel, d’ex-dirigeants mondiaux et d’environ 40 syndicats dans le monde.

Tin Maung Htoo, directeur exécutif de CFOB, a déclaré que le groupe accueille favorablement la motion, mais n’est pas optimiste quant à la libération d’Aung San Suu Kyi dans un avenir rapproché.

Il a transmis le point de vue de CFOB, selon lequel il «n’y a pas lieu de maintenir des relations diplomatiques avec la junte militaire birmane. Leur présence continuelle au Canada légitime davantage le gouvernement militaire en Birmanie, rien d’autre que cela».

Sous la botte d’un régime militaire depuis 1962, la Birmanie est dévastée par des décennies de violations des droits de l’homme, le travail forcé, un grave déclin économique et une crise humanitaire où les minorités ethniques et les dissidents sont attaqués par la junte. Des soldats ont tué des milliers de manifestants dans tout le pays durant un soulèvement pour la démocratie en 1988. Actuellement, le régime détient environ 1200 prisonniers politiques.

Selon d’autres indices, la situation des droits de l’homme se détériore, incluant une oppression plus grave des partisans de la démocratie qui participent pacifiquement à des vigiles de prières pour demander la libération d’Aung San Suu Kyi, a souligné Tin Maung Htoo. Su Su Nway, une récipiendaire du prix John Humphrey pour la Liberté décerné par l’organisation canadienne Droits et Démocratie, a été arrêtée le 15 mai dernier avec environ 60 autres militants.

Sa libération après 23 jours de détention, apparemment pour des «raisons médicales», est un pas dans la bonne direction, croit Larry Bagnell, le député libéral. M. Bagnell est le président de Parliamentary Friends of Burma, une association composée de 28 députés, de tous les partis, et de sénateurs qui œuvrent pour l’instauration de la démocratie en Birmanie.

La semaine dernière, un article dans un journal, contrôlé par la junte, a utilisé «un langage très rude et corsé» pour menacer les militants. Le message était «si vous continuez à mener des activités politiques, vous serez punis», raconte Tin Maung Htoo.

La motion concernant Mme Suu Kyi est la deuxième résolution sur la Birmanie adoptée par le Parlement canadien. La première était une motion détaillée, en mai 2005, avec trois recommandations principales.

En appliquant la première recommandation, le Canada a ouvertement exigé une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur la Birmanie. En 2006, 50 députés ont signé une lettre adressée au secrétaire général à l’époque et aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU.

Les États-Unis et la Grande-Bretagne ont subséquemment initié une résolution sur la Birmanie, demandant à la junte de cesser la persécution et de libérer les prisonniers politiques. Toutefois, la résolution a été bloquée par le veto russe et chinois au mois de janvier 2007.

Les deux autres recommandations de la motion canadienne étaient de fournir un appui financier au mouvement démocratique birman et de prendre des sanctions économiques plus sévères contre la Birmanie. Tin Maung Htoo remarque, toutefois, que le Canada a une «prise très limitée sur la Birmanie en matière de commerce et d’investissement».

M. Bagnell a suggéré que le Canada et d’autres pays fassent pression sur la Chine, l’Inde et la Thaïlande, qui ont des frontières communes avec la Birmanie, pour qu’ils adoptent une position ferme contre la dictature militaire. La Birmanie a une dépendance économique plus grande envers ces pays, dit-il, et la «Chine, en particulier, peut bloquer les développements positifs concernant la Birmanie à l’ONU».

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Soulignant de graves problèmes comme le trafic d’héroïne et l’épidémie

de VIH/sida, Tin Maung Htoo insiste que «tant que la Birmanie n’aura

pas de démocratie, tous ces problèmes ne pourront être résolus».

Depuis que la junte actuelle a pris le pouvoir en 1988, le trafic de la

drogue a augmenté dramatiquement. CFOB dénote que «plus de la moitié de

l’économie birmane est liée au trafic d’héroïne», avec de nombreuses

preuves montrant que les militaires en profitent allègrement.

Le peuple birman connaît maintenant Su Su Nway sous le nom de

«Courageuse Su Su Nway», raconte Tin Maung Htoo, ajoutant que Mme Suu

Kyi est devenue un modèle pour les militants birmans.

«Suu Kyi est comme l’espoir et l’inspiration pour tout le peuple

birman, le vrai symbole de démocratie.» Il prévoit que des actions vont

se poursuivre pour faire avancer la démocratie en Birmanie, car il y a

là-bas plusieurs militants qui ont dévoué leur vie entière à cette

cause malgré les menaces et l’emprisonnement.

À l’occasion du 62e anniversaire d’Aung San Suu Kyi, le 19 juin, Tin

Maung Htoo exhorte le gouvernement canadien à aller plus loin que les

déclarations et «faire quelque chose de plus tangible» comme envisager

l’expulsion des diplomates birmans.

 

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.