Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

« Je poursuis mon combat »

Écrit par Gabriel Aubry Gayon, La Grande Époque - Montréal
19.06.2007
| A-/A+

 

 

Entretien avec Tiken Jah Fakoly

Ça va faire mal, L'Afrique doit du fric, Quitte le pouvoir; ce qu'on

peut dire des titres des récentes chansons du reggaeman ivoirien, Tiken

Jah Fakoly, est qu'ils martèlent les cordes sensibles d'une Afrique

malade.

Car, Tiken Jah Fakoly, ce n'est pas juste un autre artiste africain au

goût du jour. C'est l'histoire de la Côte d'Ivoire, les espoirs et les

déceptions d'un peuple ayant connu la dictature, des coups d'État et

des mouvements rebelles.

Ses paroles sont tout à fait ancrées en cette réalité. «Ils ont partagé

Africa sans nous consulter. Ils s'étonnent que nous soyons désunis!»,

percute-t-il dans sa chanson Plus rien ne m'étonne, faisant référence

aux jeux de coulisses qui se font à Washington, Moscou, Pékin, Paris

et Londres.

  • Le reggaeman ivoirien, Tiken Jah Fakoly(攝影: / 大紀元)

 Pour Tiken Jah, le reggae n'est pas juste un rythme chaud qui se danse bien; c'est un art sacré qui ne peut être dénudé de sa fonction sociale et spirituelle.

Il explique: «Le vrai reggae que nous a laissé Bob Marley est une musique qui parle pour le peuple. Que l'artiste soit jamaïcain, canadien ou chinois, ça ne change rien. Il faut dire ce que ceux qui n'ont pas de voix n'ont pas la possibilité de dire.»

Son reggae est caractérisé par un son roots, ponctué par des mélodies simples et accrocheuses. Sa franchise et ses paroles directes, terre à terre et sans fioriture qui peuvent être interprétées de mille et une façons, lui ont valu le respect de la jeunesse en Afrique francophone et, depuis quelques années, au-delà des frontières du continent noir.

Ses textes sont très clairs en ce qui a trait à son opposition à la mondialisation économique, aux dictatures en Afrique et au colonialisme sous toutes ses formes. Son album Françafrique (jeu de mot avec France-à-fric) traite notamment des relations postcoloniales de la France avec ses anciennes colonies africaines. Cette expression a été le titre d'un des livres de l'économiste et fondateur de l'organisme Survie, François-Xavier Verschave, une des nombreuses influences de l'artiste.

Ironie du sort; alors que quelques textes sont chantés en sa langue maternelle, le dioula, la grande majorité de ses textes sont en français, langue de l'empire qui a posé le bleu-blanc-rouge sur son pays et sur de nombreux autres pays du continent.

«J'essaie de me faire comprendre par le plus de monde possible. Ce qui est important est que le message soit plus ouvert. On doit quand même s'adresser à 62 ethnies.»

Il ajoute: «La langue du colonisateur n'est pas un problème pour nous. C'est plutôt le comportement de l'ex-colonisateur qui nous gêne.»

Exil volontaire et réconciliation nationale

Celui qui chante Le pays va mal ne prend pas son rôle à la légère. En 2002, il a quitté son pays d'origine, la Côte d'Ivoire, pour le Mali, «afin d'éviter d'être parmi les morts». Son «exil volontaire» avait été provoqué par des violences politiques qui lui ont fait craindre la mort. Son proche ami, le comédien Camara H, avait été assassiné par des escadrons de la mort en 2003. Fakoly a baptisé son studio H Camara Fakoly Production.

En 1978, au National Stadium à Kingston en Jamaïque, Bob Marley a organisé un grand concert où il a fait monter sur scène deux rivaux politiques jamaïcains, Michael Manley (PNP) et Edward Seaga (JLP). L’objectif était de désamorcer le climat de tensions politiques qui régnait sur l’ancienne colonie britannique. Il demanda aux deux opposants de se serrer la main sur la trame de sa chanson Jammin.

En Côte d'Ivoire, on parle d'un spectacle de la même envergure pour soulager les plaies dont souffre le pays, mais les astres n'y sont pas tout à fait alignés.

Fakoly, l'un des principaux «porte-parole» de la jeunesse ivoirienne, sera en tournée internationale pendant plusieurs mois et ne pense pas retourner dans son pays aussi longtemps qu’il sentira que sa vie est menacée à Abidjan.

Il s'arrêtera au Spectrum de Montréal, le 12 juillet 2007, dans le cadre du festival Nuits d'Afrique. Le spectacle sera ouvert par le griot et joueur de kora sénégalais-montréalais, Zal Idrissa Sissokho, et son ensemble classique mandingue Buntalo.

«À partir du Mali et du reste du monde, je poursuis mon combat», et ce, «jusqu'à ce qu'il y ait justice et égalité dans mon pays, ensuite en Afrique et peut-être même dans le monde entier.»

Pourquoi pas?

 

 

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.