Les populations autochtones, premières victimes des changements climatiques

Écrit par Centre de Nouvelles ONU
02.06.2007

En marge de la réunion de l'Instance permanente sur les questions autochtones, plusieurs représentants de ces populations ont lancé un cri d'alarme à New York, devant la presse, soulignant qu'ils seraient les plus gravement touchés par les changements climatiques compte tenu de leur vulnérabilité.

«Les liens étroits que les populations autochtones entretiennent avec

la nature, l'eau et les ressources qui en découlent les placent dans

une situation encore plus fragile», a expliqué John Scott, du

secrétariat de la Convention sur la diversité biologique, rappelant le

contexte de réduction de la biodiversité dont les changements

climatiques sont les principaux responsables.

 

  • Une femme du Kashmir, en Inde, assise devant sa maison dévastée par une avalanche(Stringer: AFP / 2005 AFP)

 

 

Un représentant du peuple Saami, réparti sur l'extrême nord de la Scandinavie, a par exemple souligné que l'augmentation et la variation des températures entraînaient une présence plus importante de gel dans les régions polaires, qui rendait plus difficile l'accès à la nourriture pour de nombreuses espèces.

«Certains animaux en meurent, d'autres sont considérablement affaiblis», a-t-il déclaré, avant d'affirmer que l'adaptation à ces nouvelles conditions serait plus facile si les populations autochtones avaient le contrôle de leurs terres.

Il a notamment affirmé qu'une population plus nombreuse, non autochtone, entraînait une augmentation des activités humaines d'aménagement du territoire.

«Les défis du changement climatique font peser une nouvelle pression sur nous dans un situation déjà extrêmement tendue», a-t-il plaidé.

En outre, il a expliqué que certaines tentatives pour réduire les changements climatiques peuvent avoir des conséquences nouvelles sur les populations autochtones, comme l'exploitation de nouveaux gisements d'uranium dans le Grand Nord, où l'installation de centrales hydroélectriques sur des rivières sauvages.

«Les conséquences du réchauffement climatique touchent aussi à notre héritage culturel», a souligné de son côté un représentant du peuple autochtone de Porto Rico.

En effet, l'augmentation des températures menace certaines plantes traditionnelles et donc l'interaction spirituelle qui existe entre les populations autochtones et leur environnement naturel.

«C'est une réelle tragédie après plus de 500 ans de colonisation», a-t-il dit.

Dans les hautes altitudes aussi, les habitudes de vie des populations sont menacées par la fonte des glaciers et les inondations qui en découlent, a aussi expliqué une représentante des Hindu Kush, qui vivent dans l'Himalaya pakistanais.

Les dérèglements climatiques ont provoqué encore récemment des glissements de terrain qui ont coupé les voies de communication, détruit les habitations traditionnelles et tué les animaux, seule richesse des populations, a-t-elle raconté.

Enfin, une représentante des peuples autochtones d'Hawaï a dressé un sombre tableau de la situation dans tout l'océan Pacifique: épuisement des ressources en eau douce en Micronésie et dans les îles Marshall, cyclones dévastateurs aux Samoa ou encore sécheresse à Palau.

Mais c'est la situation de Tuvalu, certainement l'une des premières îles qui disparaîtra avec la montée du niveau de la mer, qui est la plus tragique, a-t-elle expliqué.

«Ce territoire va disparaître et les populations vont devoir quitter leur île», a-t-elle rappelé, soulignant les inquiétudes relatives à leur destination et au devenir de leur État.

D'un point de vue plus général, toutes les populations autochtones sont menacées par l’extinction des coraux et les menaces sur les mangroves.

«Les autochtones doivent être associés à toutes les discussions: ces dernières ne doivent pas être l'apanage des États et des agences internationales», a-t-elle estimé.