J.O. en Chine: la répression augmente sous un vernis de réformes

Écrit par Gary Feuerberg, La Grande Époque - Washington
23.06.2007

 

 

Le 23 Mai, Amnesty International  (AI) a publé son rapport annuel pour 2007, un état des lieux de la situation des droits de l’homme dans le monde. Le rapport révèle sans grande surprise que la Chine viole sévèrement les droits humains.

Il y a toutefois un nouvel élément cette année. Les autorités

chinoises s’adonnent à des réformes judiciaires ,compte tenu de

l’approche des J.O dans un an- une réforme judiciaire sur les peines de

mort et un assouplissement des restrictions imposées aux journalistes

étrangers.

Cependant, selon AI, ces progrès ne sont pas ce

qu’ils paraissent et ils sont éclipsés par une intolérance plus grande

à l’égard des dissidents politiques et religieux, ainsi que des avocats

qui les défendent. La surveillance des journalistes nationaux et

d'internet s’est renforcée. 

  • L'affiche des jeux olympiques de Pékin 2008(攝影: / 大紀元)

 

En outre , dans ces  récentes déclarations sur les progrès de la Chine en matière de droits de l’homme  promis au moment de l’obtention des J.O 2008, AI constate que les Jeux sont en fait devenu un prétexte  pour étendre les  assignations à résidence des militants, pour les détenir sans jugement(s),  au moins dans la région de Pékin afin de réduire leur liberté,  sans que le régime communiste   paraisse les avoir emprisonnès.

Amnesty International réfute le régime chinois

Pour être désignée en Juillet 2001 par le Comité International Olympique (C.I.O), la Chine avait accepté d'améliorer  ses normes en matière de droits de l’homme.  Selon la charte des J.O  «L'olympisme se veut créateur d'un style de vie fondé sur la joie dans l'effort, la valeur éducative du bon exemple et le respect des principes éthiques  universels fondamentaux.»

Dans  son rapport de Septembre 2006 adressé aux autorités chinoises et aux C.I.O, AI faisait état de sa déception devant le manque de progrès de la Chine quant à la question des droits de l’homme. Le régime chinois décida d’ignorer le rapport fourni de AI et le porte- parole du Ministère des Affaires Etrangères ,Qin Gang ,se contenta lors d’une conférence de presse  d’accuser AI d’avoir  «des préjugés contre la Chine»  et  «de politiser»  les Jeux Olympiques.

Amnesty International a répondu qu’elle n’avait aucun ordre du jour  politique et que sa seule motivation et raison d’être était la situation des droits de l’homme en Chine et partout dans le monde. AI rappela qu’au moment de sa désignation pour organiser les Jeux, les autorités chinoises elles- mêmes n’avaient cessé de lier la tenue des jeux de Pékin à la question des droits de l’homme.

Toujours selon AI, le CIO dit qu'il fait confiance aux organisations Internationales de défense des droits de l'homme, comme AI ,qui suivent de près et rapportent les évolutions sur  les droits humains. En d’autres termes, AI a unrôle légitime à jouer  que la Chine a reconnu  tacitement lorsqu’elle fut sélectionnée en  2001.

«Les sujets d'inquiétude d'Amnesty International [sic] qui augmentent à l’approche des J.O  portent sur la question droits de l’homme, ce qui a un lien direct avec la préparation de Pékin 2008 ou avec les principes fondateurs mêmes de la Charte olympique» déclare AI dans son rapport (30 septembre 2006).

Pour Catherine Baker ,adjointe du Directeur Asie Pacifique d’AI «Le CIO ne veut pas de jeux teintés d’abus de droits de l’homme- qu’il s’agisse des familles brutalement expulsées de leurs maisons pour  installer des infrastructures sportives,ou d'un nombre croissant de e dissidents pacifiques confinés en 'résidence surveillée' afin de les empêcher d’attirer l’attention sur la question des droits humains».

Le CIO a envoyé différents   rappels au sujet du sérieux qu'il attache à faire respecter un accord que la Chine a pris d'améliorer le dossier des  droits de l’homme pour accueillir les Jeux de 2008, rapporte AI. L’organisation reconnaît la  forte influence que le CIO peut exercer sur les dirigeants Chinois et  pousse le CIO  à soulever la question des droits de l’homme publiquement ,si nécessaire,à l’approche des JO.

Sur un autre sujet, l’administration Bush  a désavoué la Chine qui  n'en fait pas assez pour mettre la pression sur le gouvernement Soudanais, bloquant  le plan onusien de stationnement de 20.000 soldats et policiers pour protéger les populations du Darfour.

Le Washington Post  rapporte le 19 Mai qu’une lettre signée par les 108 membres de  la Chambre des représentants américaine  a été adressée à la Chine et qu'il résume par  : «Si la Chine ne change pas sa politique au Soudan, les JO de Pékin peuvent être compromis». Le Ministre Chinois des Affaires Etrangères Yan Jiechi , le 18 Mai ,rétorque qu’il est contraire à «l’esprit olympique»  de lier les JO de Pékin à la politique chinoise au Darfour  rapporte le Washington Post.

La Nouvelle stratégie de la Chine sur les militants 

Plus de tolérance est affichée pour quelques dissidents afin de masquer la persécution de  beaucoup d'autres qui essaient d’informer ou de faire campagne à plus grande échelle  sur les violations des droits de l’homme. Pour exemple, deux dissidents vétérans, actifs lors du mouvement pro-démocratique de 1989 ont été autorisés à  aller à Hong Kong pour la première fois. Pendant ce temps,cependant, beaucoup d’autres militants font face à l’intimidation, à la détention arbitraire et à une surveillance   génante de leurs familles» dit AI.

Un exemple pour illustrer cette dernière affirmation est Ye Guozhu qui purge une peine de prison de 4 années pour avoir organisé une protestation contre les expulsions forcée à Pékin. D'après certains témoignages Il a été battu fin 2006 avec des bâtons électriques à la prison de Chaobai à Pékin.

L’avocat de la défense Gao Zhisheng est un autre exemple,  lui qui est détenu par la police «comme un prisonnier dans sa propre maison». Après qu’il ait publié une lettre ouverte  à Hu Jintao (le chef du parti communiste chinois),demandant la liberté religieuse,l'application de la loi et la fin de la persécution du Falun Gong, Gao a perdu le droit d’exercer en tant qu’avocat. Gao rapporte à AI que, récemment détenu par la police, il a été brutalisé, notamment  menotté, et forcé  de s’asseoir sur une chaise en fer ou de croiser les jambes pour de longues périodes de temps,  avec une forte source de lumière dirigée sur lui. Gao était accusé «d’incitation à la subversion».

 

Revision de la peine de mort

Un semblant de réforme du régime chinois est le fait qu’à présent la Cour Suprême Populaire « a repris son rôle consistant à  ratifier toutes les  condamnations à mort prononcées en Chine» ce qui de son point de vue est un progrès. AI s’en inquiète, du fait que la nouvelle procédure se fixe surtout d'uniformiser  l’application de la peine de mort à travers toutes les provinces «plutôt que de s'attaquer à de potentielles erreurs judiciaires dans les procès individuels».

AI exprime son inquiétude  qu'une publication à tirage restreint ne puisse pas révéler l'usage de la  torture infligée par des policiers  pour  extorquer des aveux, lorsque les  preuves de  ces abus n’ont pas été présentées devant le tribunal. AI cite le cas de Xu Shuangfu, un leader protestant, qui a été exécuté  avec 11 autres personnes en novembre dernier. Xu a plusieurs fois rapporté avoir été battu avec de grosses chaînes et des bâtons, avoir reçu des chocs électriques sur les orteils, les doigts,  les parties génitales et avoir subi des injections forcées de piments forts,  d'essence et de gingembre dans les narines dans l'objectif de le faire avouer. D’après AI, la cour et les cours d’appels n'ont pas permis aux avocats de Mr Xu de présenter ces allégations de tortures  comme preuves pour la défense de leur client.

Double language

Malgré la promesse d’une «totale liberté de presse» au cours des JO, les journalistes étrangers se rendent compte qu’en pratique le régime communiste chinois ne respecte pas sa parole. Selon la nouvelle réglementation du 1 Janvier 2007, les journalistes étrangers ont le droit d’interroger et d’enquêter sans avoir besoin d’une autorisation locale. Toutefois dans la pratique, on constate que la «réforme» ne s’applique pas aux endroits comme le Tibet et le Xinjiang. En outre le régime a opté pour un changement de politique momentané, qui expire en octobre prochain.

 Le 25 Mai ,Reporters sans Frontières (RSF) a rapporté:

«Harald Maass, correspondent du quotidien allemand le Frankfurter Rundschau, et Tim Johnson le correspondant chinois du journal américain  de la chaîne de McClatchy étaient convoqués séparément par Zhang Lizhong ,directeur de division au département de l’information du ministère des affaires étrangères le 15 Mai, pour répondre à des questions sur leur voyage d’avril au Tibet.»

Selon RSF qui relate les faits, Zhang a averti Maass que son reportage du Tibet était «une erreur». Zhang a prévenu Johnson que certaines  parties de son article étaient «fausses» et «inacceptables»

Toujours selon RSF, Zhang a dit à Maass que ce dernier avait le droit de voyager au Tibet avec les nouvelles réglementations en faveur des journalistes étrangers, mais  qu’il avait toujours besoin d’une autorisation des représentants du ministère local à Lhasa, au Tibet.

Selon RSF qui cite Johnson, Zhang dit que les nouvelles réglementations ne concernent pas les  reportages faits au Tibet.

«Lorsque Maass et Johnson sont arrivés à Lhassa, ils ont été suivis et harcelés par les policiers chinois en  civil. Les Tibétains, auxquels ils ont parlé, ont dû payer une amende» rapporte RSF.

Bien que les nouvelles réglementations ,toutefois temporaires, semblent être un pas dans la bonne direction pour les journalistes étrangers, les  journalistes chinois, eux ,font face à de nets reculs. Le  média d’Etat Xinhua impose une censure plus grande aux contrôles des nouveaux médias  nationaux.

Par exemple, au début de l'année, , le Bureau Central de la Propagande du Parti Communiste Chinois a interdit tout nouveau reportage sur une vingtaine de thèmes précis, qui vont de la corruption judicaire aux campagnes de défense des droits de l’homme, déclare AI. Les médias sont soumis à un nouveau système de pénalité à points et subissent l'arrête de leur production s'ils perdent tous leurs points pour avoir commis des «fautes»