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Une organisation sino-canadienne nie avoir des liens avec Pékin

Écrit par Jason Loftus, La Grande Époque - Toronto
27.06.2007
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Contrôle de la communauté et lobbying auprès du gouvernement

Chen Yonglin est venu récemment au Canada avec une valise pleine de secrets d’État et d’allégations bouleversantes.

Le Canada, a-t-il affirmé, est bourré d’espions, d’informateurs et d’«organisations façades» qui suivent à la lettre les directives du régime communiste chinois. 

  • L’ex-diplomate chinois Chen Yonglin(攝影: / 大紀元)

Les déclarations de M. Chen, effectuées au cours de sa visite au Canada au début du mois de juin, ont froissé une organisation en particulier : le National Congress of Chinese Canadians (NCCC – Congrès national des Sino-Canadiens). Selon M. Chen, qui était premier secrétaire du consulat chinois à Sydney jusqu’à sa demande d’asile en Australie en 2005, le NCCC est au sommet d’une pyramide de groupes mis sur pied par l’ambassade et les consulats chinois au Canada. Leurs objectifs, affirme M. Chen, est de contrôler la communauté chinoise et d’influencer le gouvernement canadien.

Le NCCC fait régulièrement du lobbying auprès du gouvernement canadien; ses dirigeants font campagne pour des candidats favoris par l'ambassade pour les élections et l’organisation a demandé d’énormes subventions gouvernementales.

Il n’a pas apprécié être étiqueté comme une organisation «façade» d’un régime communiste étranger.

Après le retour de Chen Yonglin en Australie, le NCCC a envoyé une déclaration musclée aux médias sino-canadiens niant les allégations de M. Chen.

Il a accusé M. Chen de «répandre des contrevérités, de susciter la haine et de troubler la paix au sein de la communauté chinoise au Canada». Il a aussi menacé de poursuivre La Grande Époque qui avait rapporté les commentaires de Chen Yonglin dans son édition chinoise.

Mais M. Chen ne s’est pas rétracté, et une enquête de La Grande Époque suggère que les allégations au sujet du NCCC n’étaient pas sans fondement.

Des dirigeants avec des liens

En entrevue avec La Grande Époque le 20 juin dernier, le secrétaire exécutif du NCCC, David Lim, a nié avoir une relation privilégiée avec les autorités chinoises.

«Je suis au Canada depuis plus d’un demi-siècle. Je connais beaucoup de gens. Je n’ai pas de relation privilégiée avec un groupe en particulier», a déclaré M. Lim.

D’après lui, les allégations selon lesquelles il est un des partisans les plus fiables du consulat chinois de Toronto ne sont que des «rumeurs».

Pourtant, M. Lim est le représentant canadien de l’édition à l’étranger du Quotidien du peuple, le journal officiel du parti communiste chinois.

Le journal torontois, Chinese Canadian Post, propriété de M. Lim, consiste en une seule feuille de papier qui entoure l’édition du week-end du Quotidien du peuple et qui répète régulièrement sa ligne éditoriale.

Par exemple, l’édition du 4 mars 2006 du Chinese Canadian Post comprenait, sur sa seule feuille, dix articles critiquant le président taïwanais, Chen Shui-bian, et le mouvement souverainiste de Taïwan.

David Lim est un des trois dirigeants les plus en vue du NCCC. Les autres sont le président exécutif, Ping Tan, et le vice-président national, Hughes Eng.

Ping Tan est propriétaire du Bond International College, un pensionnat à Toronto qui se décrit comme un «centre de formation majeur» pour les fonctionnaires chinois en visite. L’école se vante d’avoir une accréditation spéciale lui permettant de recevoir des officiels de la province de Shanxi, en Chine, et a reçu des fonctionnaires du ministère chinois des Ressources humaines et de celui de l’Éducation ainsi que des représentants de la Cour suprême.

M. Tan considère le consulat chinois comme son client principal, selon un ex-employé. Les hauts fonctionnaires du consulat vont souvent prononcer des discours dans son école, et Ping Tan avait été l’hôte de la fête organisée à l’occasion du départ de l’ancien consul général, Chen Xiaoling.

Hughes Eng, âgé de 79 ans, est perçu dans la communauté chinoise comme un des hommes très proches du consulat chinois. Selon une élogieuse biographie de M. Eng trouvée sur un site Internet du régime communiste, son grand-père s’est installé au Canada à la fin du 18e siècle. Toutefois, M. Eng a conservé des relations avec la Chine. Son frère, un ex-responsable des sports avec le régime communiste chinois, avait reçu le premier ministre canadien, Pierre Elliot Trudeau, en 1973 lorsque ce dernier s’était rendu en Chine pour établir les relations avec le parti communiste.

Le NCCC prétend avoir été fondé en 1991 dans le but «d’aider à résoudre la question de la taxe d’entrée, de lutter afin d’obtenir un statut social égalitaire pour les Chinois et de parler au nom de la communauté chinoise».

Mais l’ex-diplomate Chen Yonglin donne une autre version des faits.

Selon lui, après le massacre des étudiants sur la place Tian An Men en 1989, plusieurs gouvernements occidentaux ont refroidi leurs relations diplomatiques avec la Chine. En réponse, le régime chinois a aidé à mettre sur pied des organisations communautaires dans ces pays afin de faire passer son message.

«Des organisations, comme le National Congress of Chinese Canadians, ont été fondées afin d’aborder les problèmes qui préoccupaient les Canadiens d’origine chinoise, et ce, au nom de l’unité», explique M. Chen. «Mais leur vrai raison d’être était d’avancer les intérêts du régime communiste au Canada et de faire du lobbying auprès du gouvernement.»

 

 

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Le NCCC nie cela et affirme qu’il n’est «absolument pas contrôlé par un parti ou une force politique».

L’organisation affirme qu’elle parle au nom de la communauté chinoise et, en 2005, elle prétendait représenter 300 000 Canadiens d’origine chinoise, soit environ 30 % de la population chinoise au Canada. Elle dit être une organisation qui chapeaute plusieurs autres groupes chinois.

Mais d’autres membres de la communauté chinoise ont contesté les allégations du NCCC. Un sondage auprès de 1000 Canadiens d’origine chinoise en 2005 a révélé que moins de 3 % affirmaient être représentés par le NCCC.

Les dirigeants du NCCC ont aussi refusé de fournir une liste des 280 organisations qu’ils prétendent représenter. Lorsque rejoints par La Grande Époque le 20 juin dernier, deux des dirigeants de l’organisation étaient incapables de dire combien de groupes le NCCC représente actuellement.

«Habituellement, il s’agit seulement d’une poignée de personnes qui gèrent ces organisations et elles travaillent avec les missions [diplomatiques] de la Chine pour atteindre les objectifs de ces missions à l’étranger», fait remarquer Chen Yonglin. «Certaines de ces organisations ont moins de dix membres réels.»

Avant la chute du gouvernement libéral du Canada en novembre 2005, le NCCC avait conclu une entente avec Paul Martin au sujet de la compensation à accorder aux Chinois qui avaient été frappés par la taxe d’entrée. Le NCCC devait recevoir l’argent du gouvernement par l’entremise d’une fondation et gérer lui-même la compensation aux Chinois. Avec l’élection des conservateurs, cette entente a été mise aux oubliettes.

Le travail qu’effectue le NCCC pour défendre les intérêts du régime chinois a été souligné à maintes reprises. Les sites Internet du consulat chinois de Toronto et du ministère chinois des Affaires étrangères ont déjà félicité le NCCC pour avoir discrédité le mouvement d’indépendance de Taïwan.

Un festival de la culture tibétaine a déjà été organisé par Ping Tan et Hughes Eng et avait eu bonne presse dans le Quotidien du peuple. Étaient présents, l’ambassadeur chinois de l’époque, Mei Ping, et l’ancien consul général, Sun Shuxian, de même que différents fonctionnaires canadiens.

Sauf que les membres de la communauté tibétaine exilée n’étaient pas invités. Ils étaient à l’extérieur en train de manifester.

Le NCCC a aussi déjà organisé un rassemblement public en 2001 pour «dénoncer» le Falun Gong dans le quartier chinois de Toronto. L’événement était annoncé dans le Chinese Canadian Post, et Ping Tan et Hughes Eng avaient tous deux prononcé un discours ainsi que le consul général d’alors, Zhou Xingbao.

Le SCRS sonne l’alarme au sujet des espions chinois

Les inquiétudes concernant la capacité du régime chinois d’influencer la société et la politique canadienne ont fait surface en avril dernier lorsque Jim Judd, le directeur de l’agence d’espionnage canadienne (Service canadien du renseignement de sécurité – SCRS), a enfreint la règle de ne pas nommer de pays en particulier au sujet de l’espionnage en sol canadien. Il a révélé que près de 50 % des ressources de contre-espionnage étaient affectées aux espions chinois au Canada.

Michel Juneau-Katsuya, ex-chef de la section Asie-Pacifique au SCRS, affirme qu’il y a au moins deux douzaines d’«organisations façades» contrôlées par le régime chinois au Canada.

Parmi elles, mentionne Chen Yonglin, il y a un bon nombre d’associations étudiantes et d’organisations professionnelles. Alors que la plupart des membres de ces groupes ne connaissent pas les liens avec les consulats chinois, leurs dirigeants agissent sous la direction même du régime communiste chinois.

M. Juneau-Katsuya a immédiatement reconnu le NCCC lorsqu’il a été questionné à ce sujet, mais il a dit ne pas pouvoir commenter si c’était une organisation qui pourrait intéresser le SCRS.

«La responsabilité du SCRS est de protéger les Canadiens et le gouvernement du Canada. Toute organisation qui, selon notre perception, agit pour le compte d’un gouvernement étranger afin de créer des interférences, politiques ou autres, fera l’objet d’une enquête du SCRS.»

M. Juneau-Katsuya a aussi lancé des avertissements quant à la probabilité que ces efforts soient accrus en raison d’un plus important budget accordé au Département du travail du Front uni du régime chinois qui supervise ce genre d’opération à l’étranger.

«Le Département du travail du Front uni est très actif pour appuyer financièrement et logistiquement plusieurs organisations de ce type, qui sont des «organisations façades» pour promouvoir les intérêts chinois et pour espionner les Canadiens et les Chinois à l’étranger», explique-t-il.

L’ex-agent du SCRS cite un article d’un journal chinois indiquant que le Comité central du parti communiste chinois a alloué 3 milliards de dollars de plus au ministère des Affaires étrangères et au Département du travail du Front uni en vue «d’embellir» le régime chinois et la Chine à l’étranger pour la prochaine année fiscale.

«Ils ont à leur portée une quantité phénoménale de ressources pour utiliser des «organisations façades» et des gens appuyant leurs activités», poursuit M. Juneau-Katsuya. «Toute organisation qui est utilisée par une entité étrangère pour mener de telles activités ici est jugée inacceptable.»

 

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.