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Journée de protestation nationale des Premières Nations

Écrit par Joan Delaney, La Grande Époque – Victoria
28.06.2007
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Le 29 juin, des protestations auront lieu à l’échelle nationale et certaines d’entre elles s’étaleront durant tout l’été

L’Assemblée des Premières Nations (APN) a proposé que le 29 juin soit journée de protestation à l’échelle nationale afin de sensibiliser la population à certains problèmes auxquels font face les autochtones dans leurs communautés. La montée de la pauvreté, le racisme et la lenteur du gouvernement à traiter leurs revendications territoriales créent de la frustration chez eux.

  • Le groupe prépare une campagne de désobéissance civile (攝影: / 大紀元)

 

Bien que le chef de l’APN, Phil Fontaine, ait reconnu que certains ressentent «une frustration extrême et un sentiment de désespoir», il a souligné la nécessité de protester pacifiquement.

Même si le gouvernement souhaite que la récente présentation d’un projet de loi en vue d’accélérer le traitement des revendications territoriales aide à apaiser la colère des autochtones, les chefs de ces derniers avertissent que le rapport final de l’enquête sur l’affaire Ipperwash, publié le mois dernier, pourrait mettre de l’huile sur le feu.

L’enquête portait sur la mort de Dudley George, un autochtone abattu en 1995 par un tireur embusqué de la Police provinciale de l’Ontario alors que lui et un groupe occupaient le parc provincial d’Ipperwash, où se trouve un cimetière autochtone ancestral.

Le rapport d’enquête a révélé que l’extrême lenteur des négociations concernant les revendications territoriales, l’action trop précipitée du gouvernement ontarien et l’«insensibilité culturelle» de la police qui a refusé de recourir à des médiateurs autochtones sont tous des facteurs ayant contribué à la mort de M. George.

Les revendications territoriales sont depuis longtemps une pomme de discorde entre le gouvernement canadien et les populations autochtones, celles-ci vivent pour la plupart dans la pauvreté et sont aux prises avec des taux extrêmement élevés de toxicomanie, d’abus, de suicide et de chômage.

Certains groupes autochtones ont annoncé que leurs protestations s’étaleraient durant tout l’été. Pour la journée d’action du 29 juin, certains menacent de bloquer routes et voies ferrées, tandis que d’autres planifient des actions moins perturbatrices comme des marches, des rassemblements et des sit-in.

Stuart Myiow, chef traditionnel de la Première Nation de Kahnawake, près de Montréal, affirme que même si son groupe n’a pas encore décidé quel problème particulier ils allaient soulever lors de la journée de protestation, ils se sont mis d’accord qu’organiser des activités «perturbant la vie quotidienne des non-autochtones» serait contre-productif, donc les barrages de routes et de chemins de fer sont hors de question.

«Si nous prenons une quelconque action, la vraie cible est le gouvernement», explique M. Myiow. «Le problème [que nous avons] est avec le gouvernement et nous ne voulons pas que les gens paient le prix pour ce que le gouvernement a fait.»

Stuart Myiow dénonce que le gouvernement est en train de légiférer sur l’abolition de plusieurs droits autochtones, incluant ceux de chasse et de pêche, et malgré que les Premières Nations de Kahnawake aient l’intention de soulever, entre autres, ce problème, «cela doit être fait d’une manière pacifique pour que le grand public soit ouvert et réceptif».

Une action actuellement en cours, et qui récolte des appuis grandissants des groupes autochtones au Canada, concerne l’effort en vue de récupérer les dépouilles des enfants qui sont morts dans les pensionnats indiens du gouvernement. Ces dépouilles seraient enterrées sur et autour des terrains de certains des établissements scolaires.

Friends of the Disappeared (Amis des disparus), basé sur l’île de Vancouver, souhaite que les corps des enfants soient exhumés et retournés à leur lieu de naissance pour un enterrement dans un lieu approprié. Aux dires du révérend Kevin Annett, qui mène l’effort, dans les jours précédant la Journée nationale de protestation et pendant l’été, une campagne de désobéissance civile est prévue en Ontario, en Colombie-Britannique et au Manitoba.

Au programme : occupation des bureaux gouvernementaux des pensionnats, manifestations à l’extérieur, occupation d’églises qui géraient les pensionnats et une grève tournante de la faim au cours de laquelle les participants vont entreprendre des jeûnes publics en vue «d’apporter l’expiation morale pour soutenir la question des enfants disparus».

«Nous espérons que cela fera une pression morale sur les Euro-Canadiens pour qu’ils tiennent compte de leur responsabilité dans ce que nous avons fait et faisons aux autochtones», fait valoir Kevin Annett, un non-autochtone.

En avril dernier, le ministre des Affaires indiennes, Jim Prentice, a dit au Parlement qu’il a demandé à son ministère d’étudier cette affaire et de trouver combien d’enfants sont morts. Selon Kevin Annett, c’est la première fois qu’un responsable du gouvernement reconnaît que des enfants sont décédés dans les pensionnats.

La recherche du révérend Annett montre que 50 000 enfants sont morts au fil des années où les pensionnats et les hôpitaux indiens étaient en opération. Certains sont morts d’abus et d’autres de la tuberculose qui, d’après lui, était propagée délibérément et faisait partie d’une «campagne de génocide» contre les autochtones.

Il croit que les milliers de survivants ne pourront guérir des traumatismes causés par les mauvais traitements s’il n’y a pas «une révélation complète» de ce qui est survenu dans les 88 pensionnats. Le dernier a fermé ses portes en 1984.

«Si l’on avait enseigné aux gens ce qui s’est vraiment passé… c’est ce que nous essayons de révéler, car toute l’histoire n’a pas été racontée – les taux de décès, ce qui est arrivé aux enfants, comment les terres ont été prises – les gens ne savent rien de cela.»

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Friends of the Disappeared veut que les Églises catholique, anglicane et unie qui opéraient les pensionnats remettent leurs dossiers et qu’elles «révèlent ce qu’elles savent» au sujet de la mort des enfants et des auteurs de ces meurtres. La plupart des meurtriers, selon Kevin Annett, sont encore vivants et devraient être traduits en justice.

Les responsables de ces Églises affirment qu’ils n’ont aucune trace des décès dans les écoles et que les allégations ne sont pas fondées.

Le député libéral, Gary Merasty, dans une lettre datée d’avril 2007 adressée à M. Prentice, affirme que si le gouvernement faisait un effort sérieux afin de rapatrier les dépouilles des enfants, un tel geste de bonne volonté «faciliterait considérablement le processus de guérison».

M. Merasty a demandé que la journée nationale d’action demeure pacifique et il blâme l’inaction du gouvernement qui a intensifié «la colère justifiable ressentie par plusieurs Premières Nations».

Prévoyant qu’une confrontation violente pourrait survenir dans au moins une des activités de la journée de protestation, M. Myiow espère que les tempéraments calmes auront le dessus. Il souhaite aussi que les non-autochtones soient «compatissants et compréhensifs» et n’associent pas la journée de protestation à la pensée que «les autochtones reviennent à la charge».

«Nous espérons qu’au sein de la société non autochtone, les gens prendront une minute pour penser à ce qui est arrivé aux autochtones durant les 500 dernières années et se rendront compte que cette action n’est pas une action injustifiée. Nous avons décidé d’entreprendre une telle action parce que nous sommes demeurés dans une situation désespérée depuis trop longtemps.»

 

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.