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Portait de Tao Jun, leader étudiant du mouvement démocratique de la place Tian An Men - 4 juin 1989

Écrit par Feng Changle, La Grande Époque - Chine
05.06.2007
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Le 4 juin 2007, des gens autour du monde ont commémoré le mouvement démocratique de la place Tian An Men en Chine en 1989 et le massacre des étudiants par l’Armée de libération du peuple. Chaque année, à l’approche de cette date, les autorités chinoises augmentent la surveillance et la répression des individus liés à cet événement. Les leaders des mouvements démocratiques et les organisations des droits de l’homme ont souligné que la tenue des Jeux olympiques en 2008 dans un pays qui refuse toujours de reconnaître sa responsabilité dans la mort de milliers de civils et qui continue de censurer la question tout en réprimant ceux qui s’interrogent est une aberration.  

  • Tao Jun, leader étudiant du mouvement démocratique de 1989 en Chine(攝影: / 大紀元)

 

Tao Jun, un leader étudiant qui étudiait à l’Université de Anhui à l’époque, raconte que la scène de cette tuerie qui avait bouleversé le monde entier est encore fraîche dans sa mémoire. Étant membre du mouvement, il est étiqueté comme «élément du 4 juin» par le Parti communiste chinois (PCC). Durant les dix-huit dernières années, il a été surveillé, assigné à domicile, emprisonné, il a perdu quatre emplois en raison de pressions des autorités sur ses employeurs, et sa famille s’est éclatée. Malgré cela, il dit qu’il ne baissera jamais les bras.

Il y a de cela dix-huit ans

Il y a de cela dix-huit ans, le mouvement étudiant à Pékin ressemblait à un brasier ardent. Les appels contre la corruption et pour la démocratie résonnaient de plus en plus fort. Des étudiants de l’extérieur s’étaient rassemblés à Pékin pour montrer leur appui, et la place Tian An Men était bondée. Tao Jun, directeur de la fédération autonome des universités de la province d’Anhui, s’était rendu dans la capitale avec 4000 yuans (environ 500 dollars CA).

Le 28 mai 1989, les étudiants ont tenu une grande manifestation à Pékin. Environ 20 000 à 30 000 étudiants sont venus d’Anhui. Plus d’un million d’étudiants se sont rassemblés sur la place Tian An Men, et des citadins de Pékin les ont aussi rejoints.

Le massacre a commencé dans la nuit du 3 juin 1989, Tao Jun, qui était retourné dans la ville de Hefei, fut bouleversé après avoir vu des images du massacre. Les jambes de certains étudiants étaient brisées et les corps d’autres étudiants étaient écrasés par les tanks. À Hefei, le deuil et l’indignation des étudiants avaient atteint leur paroxysme. Du 4 au 8 juin, ils ont manifesté en montrant des photos des victimes et des blessés, ont apporté des couronnes de fleurs et ont exprimé à haute voix leurs lamentations élégiaques.

Deux mois plus tard, Tao était arrêté. Il a été expulsé de l’université et de la Ligue de la jeunesse communiste.

Trois ans d’emprisonnement pour un site Internet démocratique

Le feu de la liberté et de la démocratie brûle toujours dans le cœur de Tao. En 2000, il a créé Maihua Net pendant son temps libre pour publier ses articles, poèmes et commentaires. Toutefois, un de ses articles intitulés Qui va superviser le secrétaire général? a touché une corde sensible des autorités. En avril 2001, il a été placé en détention criminelle à Shekou. Peu après sa détention, les autorités l’ont condamné à trois ans d’emprisonnement pour des «crimes d’incitation à la subversion du pouvoir de l’État et au renversement du système socialiste». Conséquemment, il a passé trois années misérables dans le Centre de détention de Futian et dans la prison Shaoguan.

Durant ses quatre mois d’incarcération dans le centre de détention, il a été contraint au travail forcé pour fabriquer des feuilles et des fleurs en plastique pendant plus de douze heures par jour. «Nous fabriquions des feuilles et des fleurs pour une compagnie de New York. Le prix était deux dollars. Nous commencions le travail à 7 h et travaillions jusqu’à 23 h tous les jours sans pause à midi. La peau sur nos doigts avait des ulcères, et les plaies se sont infectées en raison de la colle toxique que nous utilisions. Certains d’entre nous avaient des douleurs et des plaies infectées partout sur le corps.»

Dans la prison de Shaoguan, le travail était différent mais les conditions autant désastreuses. Plusieurs prisonniers avaient la tuberculose et c’est ce qui inquiétait le plus Tao. Plusieurs détenus en mourraient chaque année.

La perte de liberté personnelle expérimentée par Tao lui est inoubliable. Chaque fois qu’il voit des fleurs en plastique ou des arbres de Noël artificiels au marché, il se sent triste, car il sait qu’ils ont été fabriqués par des prisonniers – des produits de l’esclavage.

Rupture familiale

Tao a épousé sa petite amie en 1994 et ils ont eu un fils. Étant donné qu’il avait acquis des habiletés dans le domaine de l’Internet, il est devenu le directeur d’une compagnie dans le nord-ouest de la Chine. Il a acheté une maison et sa vie était stable à cette époque. Toutefois, après son arrestation pour avoir fondé Maihua Net, il a tout perdu, même sa famille.

Ce qui a le plus affecté Tao est que le jour même de sa condamnation à la prison par la cour, sa femme a demandé le divorce et a changé le nom de famille de son fils. Il a sombré dans la déprime et s’est presque effondré. La scène de son arrestation et de la perte de son fils en 2001 est profondément gravée dans sa mémoire.

«Je ne me laisserai pas abattre»

Tao est sorti de prison en 2004 et a continué à écrire tout en travaillant. Ses écrits incluent des commentaires politiques, des poèmes et des thèses sur la démocratie, la liberté et les droits de l’homme, dont plusieurs ont été publiés sur Internet et largement diffusés sur BBS. Il se dédie actuellement à la défense des droits de l’homme.

Récemment, Tao a perdu son emploi pour la quatrième fois. À travers la tourmente, il a développé de bonnes aptitudes de survie. Ce n’est pas exagéré de dire que partout où il va, il est suivi par la police. Toutefois, Tao a assuré à un journaliste : «Je suis encore fort, je suis encore jeune, comme il y a dix-huit ans, et je suis encore un homme.»

«Maintenant, des dangers sont cachés partout à travers le pays; les gens sont furieux, c’est le régime qui force les gens à se rebeller», a-t-il partagé.

Tao mentionne qu’il y a dix-huit ans, le régime a dit au peuple chinois : «Personne n’est mort sur la place Tian An Men.» Maintenant, le dirigeant procommuniste de Hong Kong, Ma Lik, a répété le même mensonge.

En 1989, seulement les étudiants sur la place Tian An Men ont crié le slogan «Mettons fin au règne du régime communiste», mais maintenant la campagne de démissions du Parti communiste chinois s’est répandue à travers le pays. «Il est temps de mettre fin à la dictature communiste», estime Tao Jun.

À la fin de l’entrevue, Tao a déclaré : «Durant les dix-huit dernières années, le régime a épuisé ses efforts pour camoufler ses crimes avec le pouvoir étatique et il veut continuer à camoufler, mais son heure a sonné; nous pouvons entendre les pas. Le massacre de la place Tian An Men et tous les autres crimes commis par le régime doivent être réglés. Tous les gens innocents vont retrouver leur liberté; les héros du massacre de la place Tian An Men vont pouvoir reposer en paix.»

 

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.