Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

David contre Goliath

Écrit par Patrice-Hans Perrier, Collaboration spéciale
05.06.2007
| A-/A+

 

 

 

 

 

 

 

La bière coulait à flot la semaine dernière au Mondial de la bière. Toutefois, au-delà des réjouissances, les festivaliers ont eu vent d’une controverse qui prend une tournure plutôt amère en ce moment.  

  • Le Mondial de la bière à la gare Windsor.(Stringer: AFP / 2007 AFP)

 

Un des pionniers des microbrasseries québécoises, Peter McAuslan, pousse les hauts cris face à la mainmise des multinationales sur les circuits de distribution dans le monde des grandes surfaces commerciales. C’est ainsi que les plus gros joueurs, en occurrence les Molson et Labatt de ce monde, forceraient leurs distributeurs à signer des contrats d’exclusivité afin de tasser les microbrasseurs et s’assurer un quasi-monopole au détriment des consommateurs. Peter McAuslan ne mâche pas ses mots lorsqu’il affirme que «les grandes brasseries peuvent rendre le choix des consommateurs presque impossible en empêchant les petits brasseurs locaux d’avoir accès aux tablettes des supermarchés».

Le créateur de la Saint-Ambroise estime que les gros joueurs de l’industrie brassicole craignent de perdre des plumes face au succès commercial des petits joueurs qui contrôlent, désormais, autour de 4,3 % du marché. C’est un peu ce qui fait que «ça joue dure en ce moment», alors que les grandes firmes poussent l’arrogance jusqu’à mettre en marché des produits déguisés en bières artisanales, trompant les consommateurs sur la provenance de leurs nouveaux produits caméléons. Une nouvelle marque, la Saint-Urbain, brassée par Labatt, afficherait une fausse identité pour «semer la confusion chez les directeurs de marché d’alimentation et les autres responsables des ventes au sein des supermarchés».

Les pouvoirs publics laissent faire

Toute cette effervescence dans le monde brassicole n’est pas nouvelle, le Bureau de la concurrence du Canada s’étant déjà penché sur l’affaire des contrats d’exclusivité en 2003. Cette façon de procéder aurait même des conséquences fâcheuses sur la politique de prix des petits producteurs qui sont obligés de vendre leur produit presque à perte dans certains cas. Laura Urtnowski, présidente de l’Association des microbrasseries du Québec (AMBQ), estime que les petits brasseurs artisanaux n’auront pas d’autre choix que de proposer un projet de loi au gouvernement québécois afin de baliser les pratiques en matière de mise en marché des produits brassicoles.

«Les microbrasseries ne peuvent pas faire des spéciaux, consentir des rabais ou carrément donner gratuitement une partie de leur production à l’instar des gros joueurs qui contrôlent plus de 95 % du marché québécois.» Mme Urtnowski estime que «les détaillants sont pris en otage par les grands brasseurs, lesquels profitent allègrement de leur capacité de production pour faire la loi».

Faisant face à la musique, les petits producteurs entendent mener une vigoureuse campagne de sensibilisation auprès des consommateurs. Et la partie est loin d’être gagnée par les Goliath de ce monde. Une histoire à suivre…

 

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.