Cannes : glamour, vedettes et parfois des films

Écrit par Jean-Philippe Therrien, Collaboration spéciale
09.06.2007

 

Ça y est, le Festival de Cannes s’est terminé il y a déjà deux semaines. La Palme d’or a été décernée à un film roumain qui, semble-t-il, méritait pleinement son prix. Toutefois, les couvertures des journaux, télévisions, blogues, etc. parlent davantage des Angelina Jolie, Brad Pitt, George Clooney et autres vedettes. Que voulez-vous? Les potins et les robes de soirée, ça vend davantage qu’une critique sur un film social et non commercial. Tous les objectifs sont tournés vers le tapis rouge et tous attendent un problème de robe pour faire la couverture de leur prochaine édition. Et ce film taiwanais sans vedette? Peu de chance qu’il soit couvert, les gens trouvent ça sans intérêt.

  • Brad Pitt et Angelina Jolie(Staff: ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / 2007 AFP)

 

Sommes-nous désintéressés du septième art comme le laissait entendre Roman Polanski? Je ne crois pas. Certains irréductibles adorent encore le cinéma, mais leurs jours semblent comptés dans les quotidiens à grande échelle et surtout dans le monde de la télévision. Il semblerait qu’une grande majorité des gens adore et dévore les potins. Invitez Lindsay Lohan et Paris Hilton à Cannes, même si elles n’ont aucun lien avec le festival, et vous obtiendrez un plus grand nombre de paparazzi au mètre carré. C’est déplorable. Quand la culture passe après le vedettariat, je crois qu’il est temps de se remettre en question.

Entre les mésaventures des participants de Loft Story ou d’Occupation Double sur les couvertures de nos magazines, souhaitons-nous bonne chance pour trouver une couverture qui se dédie au cinéma d’ici et d’ailleurs. Oui, c’est vrai que nous avons nos magazines spécialisés, mais je parle des magazines près des caisses enregistreuses quand on fait la queue à l’épicerie. Dans notre belle province, qu’est-ce qui fait le plus parler: Marie-Josée Croze et son accent ou Le scaphandre et le papillon, le film dans lequel elle joue?

Malgré que la couverture du festival tourne autour des vedettes et du tapis rouge, l’événement est également un immense marché. Pour y avoir mis les pieds, il y a quelques années, j’ai été frappé par cette partie du festival dont on entend que très rarement parler. Dans d’immenses salles, on dirait un marché aux puces. Les kiosques représentant les différents pays où les grosses boîtes de production vendent leurs films, partout dans le monde, sur le coin d’une table, entre deux bouteilles d’eau et trois cafés. Impressionnant.

Le présentoir du Québec fourmillait de personnes venues voir les derniers films Made in Quebec afin de mettre la main sur une perle rare. Ici, on ne lésinait sur rien pour attirer les acheteurs. Sirop d’érable et autres babioles québécoises étaient offerts pour inciter les gens à venir discuter avec nos producteurs. Comme je le disais, un vrai marché aux puces. Les différents pays négocient durement et misent sur leurs vedettes pour présenter leurs films aux acheteurs potentiels. Ai-je bien écrit qu’ils jouent la carte du vedettariat? Eh oui! un film mettant en vedette Gérard Depardieu ou Gong Li sera plus facile à vendre qu’un film n’ayant que des inconnus. Du coup, on retombe dans la roue infernale des célébrités. Alors, à qui la faute si on ne couvre plus le cinéma indépendant?