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La souveraineté du Canada sur l’Arctique est sur une pente glissante

Écrit par Cindy Drukier, La Grande Époque - Toronto
20.07.2007
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Pendant plus de 300 ans, le passage du Nord-Ouest entre l’Asie et l’Europe est demeuré ce que Pierre Berton appelait « le Graal de l’Arctique» dans son livre du même nom, publié en 1988. Même au milieu du 20e siècle, seulement quelques navires avaient réussi à traverser adroitement le détroit gelé. Bien qu’héroïques, leurs efforts n’ont pas ouvert le chemin à une voie maritime commerciale. Ironiquement, pour ces générations d’explorateurs intrépides, il semble que ce soit le réchauffement climatique, et non pas les connaissances en navigation, qui auront transformé leur rêve en réalité, puis en autoroute maritime d’importance. Et bien que cela puisse sembler attrayant après toutes ces années d’attente, il s’agit maintenant d’un sérieux test pour les affirmations de souveraineté canadienne sur ces eaux arctiques. 

 

 

  • La fonte des glaces dans le passage du Nord-Ouest(攝影: / 大紀元)

 

Qu’est-ce que la souveraineté?

Lorsque le premier ministre, Stephen Harper, a annoncé le 9 juillet dernier qu’Ottawa allait dépenser 3,1 milliards de dollars pour acheter six à huit navires de patrouille arctiques et encore plus pour construire un port en eau profonde pour les accommoder, il faisait vraiment écho aux paroles de nombreux de ses prédécesseurs: «Hé! la planète, les eaux arctiques appartiennent au Canada!»

Mais le Canada peut-il appuyer adéquatement cette revendication territoriale?

Le concept de souveraineté est en soi dynamique. Comme M. Harper l’a souligné lors de l’annonce des dépenses: «Le Canada a le choix lorsqu’il s’agit de défendre notre souveraineté sur l’Arctique: ou bien nous l’utilisons ou nous la perdons.» Si un pays n’exerce pas sa souveraineté, elle s’effrite automatiquement.

Dans la pratique, cela signifie qu’un pays doit patrouiller efficacement son territoire et doit posséder la capacité de dissuader les agresseurs et d’assurer la paix et la sécurité dans la région. La souveraineté, pour exister, doit également être reconnue par d’autres gouvernements. Il s’agit des deux standards que le Canada doit satisfaire s’il veut revendiquer sa souveraineté sur l’Arctique, affirme le professeur de droit de l’Université d’Ottawa, Donald McRae, dans une édition de la revue Northern Perspectives publiée en 1995.

En termes de revendications territoriales, d’un point de vue géopolitique, il est déjà reconnu que les Britanniques ont cédé au Canada, en 1880, l’archipel arctique de plus de 36 500 îles. La revendication maritime, elle, est moins solide.

Les États-Unis n’ont jamais reconnu l’autorité du Canada sur le passage du Nord-Ouest et depuis des années les deux voisins jouent au chat et à la souris sans qu’il n’y ait un vainqueur décisif. Par exemple, si les États-Unis envoient un navire non annoncé, le Canada accorde rapidement une permission non sollicitée. Dans l’Accord sur la coopération dans l’Arctique de 1988, les États-Unis se disent d’accord que ses brise-glaces nécessitent la permission du Canada pour naviguer dans les eaux controversées et le Canada a accepté de toujours octroyer la permission. Paradoxalement, le traité inclut également une clause qui indique que rien dans l’accord ne modifie la position historique de chaque gouvernement sur la question de la souveraineté.

Lorsqu’il s’agit de maintenir une présence physique dans le nord, le Canada n’a jamais eu la tâche facile compte tenu du fait que l’archipel couvre 40 % de son territoire et qu’il est très inhospitalier et coûteux à surveiller.

Un document du ministère de la Défense du 10 juillet dernier affirme que la marine canadienne n’a actuellement pas la capacité de patrouiller l’océan Arctique et qu’elle peut uniquement opérer «dans les eaux septentrionales pendant un certain temps et seulement lorsqu’il n’y a pas de glace». Il n’y a même pas d’équipe permanente de recherche et de sauvetage dans le Grand Nord et aucune force de sécurité significative.

Jusqu’à dernièrement, tout cela n’avait que peu d’importance. Mais tandis que le réchauffement planétaire transforme la réalité dans l’Arctique, le Canada devra démontrer du leadership dans ses actions et pas seulement dans ses paroles.

Le réchauffement climatique fait de la souveraineté arctique un sujet brûlant

Les experts sur le réchauffement climatique prédisent qu’en raison de la fonte des glaces, dans un avenir rapproché, les navires pourront passer de l’océan Atlantique à l’océan Pacifique par une route navigable 7000 km plus courte que celle passant actuellement par le canal de Panama.

«D’ici la fin du siècle, la durée de la saison de navigation (la période où la concentration de glace marine est à moins de 50 %) dans la Route maritime du nord devrait passer de 20-30 jours à environ 120 jours», conclut une étude de 2004 du Arctic Council intitulée The Impacts of a Warming Arctic.

Des données de sous-marins américains révèlent une diminution de 40 % du volume de glace marine arctique. Ceci était rapporté dans un symposium stratégique 2001 de la marine américaine intitulé étrangement Naval Operations in an Ice-Free Arctic (Opérations navales dans un Arctique sans glace).

 

 

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Si le passage du Nord-Ouest ouvre comme prévu, le Canada pourra

seulement maintenir sa revendication de souveraineté en augmentant

«considérablement» ses opérations dans l’Arctique. Ceci serait la suite

logique de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de

1982 qui stipule que les navires et les avions ont droit de passage à

travers n’importe quel «détroit international». Un détroit

international est défini comme une voie maritime utilisée pour la

navigation internationale entre deux parties des hautes mers ou de

zones économiques exclusives.

Jusqu’à maintenant, le passage du Nord-Ouest n’a pas été utilisé

régulièrement pour la navigation, alors il ne s’agit pas, par

définition, d’un détroit international, mais aussitôt qu’il le

deviendra, le Canada n’aura pas le droit d’empêcher les navires de s’y

aventurer. Et s’il ne peut pas fermer la voie aux bateaux, alors il

doit contrôler tout ce qui obtient droit de passage. S’il ne peut faire

cela, sa souveraineté tombe en déchéance.

«La fonte des glaces augmente la possibilité pour les bateaux de

naviguer dans les eaux sans demander de permission. Si le Canada ne

réussit pas à empêcher de tels passages non autorisés, ils vont saper

sa revendication [de souveraineté sur les eaux Arctiques]», estime

Michael Byers, président de la chaire d’étude en politique mondiale et

droit international à l’Université de Colombie-Britannique.

La hausse des activités ne sera pas non plus limitée à la marine

marchande. La pression augmentera alors que le pétrole et le gaz en mer

seront plus accessibles, que la pêche à la morue et au maquereau se

développera et que les bateaux de croisière exploiteront la nouvelle

opportunité.

Plus important encore, le Canada devra prouver qu’il peut gérer la

menace terroriste de manière à ne pas permettre à des dictatures ou des

terroristes d’avoir une voie d’accès facile pour transporter en

Amérique du Nord une bombe radiologique. Le professeur Byers croit que

cet élément pourrait constituer un bon argument pour Ottawa. Dans le

monde de l’après 11-septembre, il estime que «la chose la plus

importante que le gouvernement canadien pourrait faire serait de

persuader le gouvernement américain que la souveraineté canadienne sur

le passage du Nord-Ouest serait une bonne chose pour les États-Unis

également».

Cela pourrait être une bonne idée, mais que faire si les États-Unis

disent oui? Est-ce que quelques milliards de dollars et quelques

navires arctiques feront l’affaire? À moins qu’Ottawa augmente

considérablement la mise, sa revendication de souveraineté sur

l’Arctique sera… sur une pente glissante.

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.