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L'ONU appelle à accélérer les enquêtes sur les meurtres des employés d’ACF

Écrit par Irin News
20.08.2007
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  • Le sous-secrétaire général des Nations Unies aux affaires humanitaires et coordinateur des secours d’urgence des Nations Unies, John Holmes(Stringer: LAKRUWAN WANNIARACHCHI / 2007 AFP)

  John Holmes, coordinateur des secours d’urgence des Nations Unies, a fermement exhorté le Sri Lanka à conclure les enquêtes traînantes menées sur le massacre, il y a un an, de dix-sept travailleurs humanitaires, à un moment où, selon les organisations humanitaires, les questions de sécurité ralentissent l’acheminement de l’aide.

M. Holmes, qui est également le sous-secrétaire général des Nations Unies aux affaires humanitaires, a aussi appelé le gouvernement à permettre un meilleur accès des travailleurs humanitaires aux communautés dans le besoin et à assurer la sécurité des travailleurs humanitaires locaux et étrangers.

M. Holmes a qualifié le meurtre, le 6 août 2006, des employés d’Action contre la faim (ACF) dans la ville de Muttur, dans l’est du district de Trincomalee, de «crime le plus grave commis récemment à l’encontre de travailleurs humanitaires»; en visite sur l’île, le sous-secrétaire général a demandé au gouvernement de faire tout ce qui était en son pouvoir pour empêcher qu’un tel drame ne se répète.

Vingt-huit employés d’ONG tués

Le meurtre des employés d’ACF, pris au piège dans leurs bureaux au cours d’affrontements sanglants entre les forces de sécurité et les rebelles des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (TLET) est le plus médiatisé d’une série d’au moins 28 meurtres de membres d’organisations non gouvernementales – dont Caritas et Terre des hommes – perpétrés depuis janvier 2006.

«Les organisations de développement n’ont jamais perdu autant d’employés que depuis 2006», a noté Jeevan Thiyagarajah, du Consortium des organisations humanitaires.

«Cela fait partie intégrante du conflit qui sévit encore ici.»

L’affaire ACF a fait l’objet d’une des toutes premières enquêtes menées par la Commission d’enquête spéciale créée par le président Mahinda Rajapakse pour faire la lumière sur les violations des droits humains.

Les Nations Unies appellent à l’ouverture d’une enquête «de grande envergure».

«Je réitère l’appel lancé par le secrétaire général [des Nations Unies] à l’adresse du gouvernement sri-lankais en faveur d’un plein recours à l’autorité et au pouvoir du système judiciaire dans le cadre de cette enquête», a déclaré M. Holmes devant un rassemblement d’organisations humanitaires, organisé pour marquer le premier anniversaire des meurtres.

«Ces travailleurs humanitaires n’étaient pas les premiers à mourir dans ce pays. Malheureusement, ils n’ont pas non plus été les derniers.»

«Le gouvernement prend au sérieux la responsabilité qui lui incombe d’assurer la protection de tous ces travailleurs», a assuré Mahinda Samarasinghe, ministre de la Gestion des catastrophes et des droits humains. «Assurer leur sécurité est, néanmoins, extrêmement difficile étant donné la situation complexe et en constante évolution à laquelle nous sommes confrontés.»

«Aujourd’hui, nous sommes très préoccupés par la sécurité de notre personnel», a déclaré Loan Tran-Thanh, chef de mission ACF au Sri Lanka. L’organisation a réduit ses opérations dans les districts agités de Batticaloa et Trincomalee (est) au cours des douze derniers mois et a même retiré l’enseigne qui ornait ses bureaux, à Colombo, la capitale.

«Ce climat d’intimidation ralentit considérablement notre travail», a indiqué Chris Bleers, directeur national par intérim du Norwegian Refugee Council (Conseil norvégien pour les réfugiés) qui, comme d’autres organisations, a pris des mesures de sécurité plus strictes devant l’hostilité accrue constatée à l’égard des travailleurs humanitaires. «Cela s’est répercuté sur notre capacité à réagir rapidement aux situations d’urgence.»

Une procédure «trop lente»

«Nous aimerions connaître la vérité. Nous sommes convaincus que le gouvernement fera le maximum, mais la procédure est trop lente», a déclaré Benoît Miribel, coordinateur du réseau international d’ACF.

Tout comme les employés d’ACF– dont seize appartenaient à la communauté tamoule et un était musulman – deux bénévoles de la Croix-Rouge sri-lankaise, enlevés et tués par des hommes armés inconnus en juin dernier, étaient également des employés locaux qui travaillaient dans les régions nord et est de l’île, déchirées par le conflit. La dernière agression à ce jour a eu lieu le 23 juillet dans la péninsule de Jaffna (nord), où un employé national du Danish Refugee Council (Conseil danois pour les réfugiés) a été abattu.

Depuis que le conflit entre les soldats du gouvernement et les TLET s’est envenimé l’année dernière, les travailleurs humanitaires ont de plus en plus de difficultés à se rendre auprès des populations en mal d’aide d’urgence, et sont menacés par les combattants armés.

À Batticaloa, où quelque 159 000 personnes sont venues chercher refuge dans des camps de sinistrés lorsque les hostilités ont commencé en mars dernier, la question de la réinstallation des déplacés a été compliquée par l’incapacité continue de bon nombre d’ONG à se rendre auprès d’eux, et par la présence de groupes armés.

Les organisations humanitaires se plaignent du fait que les miliciens menacent les travailleurs et exigent qu’on leur remette l’équipement et les provisions réservés aux déplacés. Dans le sillage des attaques, les organisations humanitaires ont révisé leurs procédures de sécurité, particulièrement en ce qui concerne les déplacements; notamment, les employés locaux doivent toujours être accompagnés par leurs collègues expatriés, et les déplacements de nuit sont désormais restreints.

À Batticaloa, les bureaux des ONG doivent compter au moins un employé expatrié pour faire face aux menaces proférées par les groupes armés. «Un certain nombre de groupes perçoivent les ONG de manière négative», a expliqué Jake Zarins, du Norwegian Refugee Council. «Ils nous rendent la tâche plus difficile et nous avons des difficultés à opérer à plein régime.»

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