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Le Canada: un Eldorado pour les Mexicains?

Écrit par Joan Delaney, La Grande Époque - Victoria
21.08.2007
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  • Les Mexicains fuient leur pays(Stringer: AFP / 2006 AFP)

Une augmentation des crimes, la corruption et les cartels de drogue font fuir les Mexicains

 

Avec une population vieillissante, un taux de natalité relativement bas et un manque d’ouvriers et de travailleurs qualifiés, le Canada s’est tourné vers les immigrants de différents pays pour combler ses besoins.

Beaucoup seront étonnés que le Mexique soit devenu un de ces pays, la migration mexicaine ayant monté en flèche au Canada ces dernières années. Il est aussi surprenant de constater que les réfugiés du Mexique, un pays démocratique et pacifique, soient de plus en plus nombreux à venir au Canada.

Les demandes d’asile à titre de réfugié, adressées au Canada en 2005, provenaient principalement de cinq pays dont le Mexique, la Chine, la Colombie, le Sri Lanka et l’Inde.

Le Mexique se retrouve ainsi parmi les pays ayant des régimes répressifs ou qui sont assaillis par la guerre et les conflits, malgré que ce ne soit pas la situation dans ce pays latin situé le plus au nord du continent. Alors quelles en sont les raisons?

La violence des cartels de drogue, la corruption gouvernementale, les crimes en augmentation et le système de pots-de-vin chez les policiers sont quelques-unes des raisons, explique Francisco Rico-Martinez, codirecteur de Faithful Companions of Jesus Refugee Centre (FCJ), une organisation offrant de l’aide aux réfugiés à Toronto.

«La situation au Mexique est très chaotique et s’est graduellement détériorée, et la sécurité publique pour les citoyens est généralement très mauvaise», affirme M. Rico-Martinez.

Une autre raison, c’est que les Mexicains n’ont pas besoin de visa pour entrer au Canada. Donc, ils viennent en espérant obtenir un permis de travail et trouver un emploi, mais découvrent finalement qu’ils doivent retourner dans leur pays pour faire la demande d’un permis de travail. Ayant investi tout ce qu’ils ont pour arriver ici, ils ne peuvent se permettre d’y retourner. Alors, dans plusieurs cas, ils sont obligés de remplir une demande d’asile à titre de réfugié.

Dernièrement, nous voyons une nouvelle tendance avec un plus grand nombre de professionnels de classe moyenne instruits qui se sont présentés au FCJ pour obtenir de l’aide, ajoute M. Rico-Martinez

«Au début, la majorité des Mexicains était des pauvres qui étaient très marginalisés, venant de régions problématiques touchées par la violence et la pauvreté. Mais, récemment, même la classe moyenne éprouve de sérieux problèmes et elle prend maintenant la fuite.»

En 1996, selon la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada (CISR), 946 demandes d’asile à titre de réfugié ont été faites par des Mexicains, dont 105 ont été acceptées. Une décennie plus tard, 4948 demandes ont été remplies, avec 931 acceptées. À cause de sa guerre civile, la Colombie a le plus haut taux d’acceptation de réfugiés au Canada. Le taux d’acceptation du Mexique est d’environ 29 %, ce qui est «convenable», dit M. Rico-Martinez.

Au sud de la frontière, une loi qui aurait accordé l’amnistie à environ 12 millions d’immigrants, dont la plupart sont des Mexicains, a été rejetée par le Sénat en juin dernier. Le débat sur l’immigration avait suscité beaucoup d’émotions depuis un certain temps aux États-Unis et avait, dernièrement, pris un ton plutôt hostile envers les immigrants latins, ce qui pourrait encourager plus de Mexicains à choisir le Canada comme terre d’accueil.

Aussi, la sécurité à la frontière entre le Mexique et les États-Unis s’est renforcée après l’événement du 11 septembre, et les États-Unis ont accepté moins d’immigrants et de réfugiés mexicains, ce qui pourrait aussi influencer le fait qu’il y en ait autant qui viennent au Canada, croit Maria Christina Garcia, professeure d’histoire à l’Université Cornell de New York.

Mme Garcia pense qu’il est beaucoup plus difficile pour les réfugiés d’obtenir l’asile aux États-Unis qu’au Canada; quoique les Américains aient, historiquement, accepté plus de réfugiés, leur taux d’acceptation est bas. «Les Canadiens ont été beaucoup plus généreux que les États-Unis en offrant l’asile», dit-elle.

Des femmes fuyant la violence conjugale ou des homosexuels fuyant ce qu’ils disent être une discrimination répandue dans le pays sont nombreux à demander l’asile à titre de réfugié. Ces groupes ont un haut taux de rejet par la CISR, commente Richard Mueller, un économiste à l’Université de Lethbridge.

Dans son étude sur l’immigration mexicaine de 2005, M. Mueller a indiqué que le nombre de Mexicains au Canada a rapidement grimpé depuis le milieu des années 90, en partie à cause du retour des descendants de mennonites canadiens ayant émigré au Mexique.

Après des tentatives d’imposer la scolarisation obligatoire en langue anglaise à leurs enfants, et à cause de l’animosité au sujet de leur exemption sur les services militaires, entre 6000 et 7000 mennonites ont quitté le Canada pour le Mexique dans les années 20. Grâce aux dispositions dans l’ALENA facilitant les exigences pour l’entrée des ressortissants mexicains, plusieurs sont revenus dans les années 80 et 90.

 

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Il a été estimé qu’environ 40 000 Latino-Américains nés mennonites et leurs descendants vivent maintenant au Canada. Selon l’étude de M. Mueller, entre 1991 et 2001, le nombre de résidents permanents et temporaires du Mexique a presque doublé, allant de 22 035 à 42 720. Le nombre d’étudiants mexicains venant étudier au Canada s’élève aussi de façon régulière.

«Les Mexicains qui viennent ici ne sont pas que des travailleurs agricoles saisonniers», fait remarquer M. Mueller. «Il y a beaucoup de Mexicains instruits qui viennent également.»

Le nombre de travailleurs mexicains illégaux au Canada est inconnu, puisque Citoyenneté et Immigration Canada ne garde pas de registre de cela. M. Mueller dit qu’avec des vols sans escale entre la ville de Mexico et les principales villes canadiennes, en plus du fait que les Mexicains n’ont pas besoin d’un visa pour entrer au pays, «c’est très facile pour eux de se faufiler ici s’ils le veulent».

Même si le Canada a imposé l’obtention du visa aux Argentins, Zimbabwéens et Costa Ricains afin de restreindre le flot de réfugiés entrant au pays, M. Rico-Martinez n’entrevoit pas, pour l’instant, cette condition pour les Mexicains; le Mexique étant en train de devenir un partenaire commercial plus fort que jamais avec le Canada.

Les «trois amigos» – le premier ministre Stephen Harper, le président George W. Bush et le président Felipe Calderon – se sont rencontrés à Montebello, Québec, le 20 août pour ratifier une entente sur le partenariat nord-américain sur la sécurité et la prospérité.

Cette entente a été initiée par M. Harper, M. Bush et l’ancien président mexicain M. Vicente Fox au Texas en 2005, et est conçue selon la manière de faire de l’Union européenne; intégrer le commerce, les préoccupations économiques et les considérations sur la sécurité dans les pourparlers entre les trois pays.

À cause de cela, dit M. Rico-Martinez, «il n’y a même pas de discussion sur l’imposition de visas».

«La situation avec le commerce et l’économie est si bonne entre les deux pays, alors je pense que le Canada est bien disposé à accepter les quelque 5000 ou 6000 demandes d’asile à titre de réfugié à venir.»

«Si nous nous rendons à 10 000 ou 12 000 par année, la politique pourrait être révisée, mais jusqu’à présent il n’y a pas d’intention d’imposer un visa.»

 

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.