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La SQ battue par Youtube

Écrit par Simon Langlois, Collaboration spéciale
27.08.2007
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  • Un homme se rince le visage(Stringer: AFP / 2007 AFP)

Après avoir nié que certains de ces agents de police avaient infiltré la manifestation contre la rencontre du Partenariat sur la sécurité et la prospérité à Montebello les 20 et 21 août, la Sûreté du Québec est revenue sur ses dires et a avoué. Cependant, elle maintient que ses policiers déguisés n’étaient pas des agents provocateurs. Des doutes demeurent et des groupes demandent une enquête pour savoir qui a autorisé de telles procédures.

C’est à une vidéo présente sur Youtube que la Sûreté du Québec (SQ) a directement répondu la semaine dernière, mettant un terme aux spéculations, mais alimentant la controverse. La scène se déroule à Montebello durant le sommet réunissant les présidents américain et mexicain et le premier ministre canadien. On y voit trois hommes, déguisés tant bien que mal en militants du Black Bloc, le contingent anarchiste. Ils sont pris entre des manifestants en colère qui les pointent en criant «Police! Police!» De l’autre côté, une ligne de policiers antiémeutes de la SQ. Puis il y a Dave Coles, président du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier, qui harcèle les trois hommes suspects en leur demandant de s’identifier et surtout de laisser tomber la roche que l’un d’eux tient fermement dans sa main. M. Coles s’est fait un devoir de prévenir la violence à l’endroit où il est posté. Étrangement, les trois suspects portent les mêmes bottes que celles des policiers antiémeutes.

Sous une pression intense et un climat tout à fait hostile, les trois hommes, présumés policiers par la foule, se collent à la ligne d’antiémeutes, semblent négocier quelques instants une stratégie de sortie de cette position fâcheuse et celui qui tient la roche ne la lâche toujours pas. Les trois hommes passent finalement de l’autre côté du cordon antiémeute, et des agents procèdent à ce qui ressemble à une arrestation. Une «arrestation» qui finalement n’en était pas une. Devant ce matériel difficile à contredire, la SQ a dû admettre que certains de ses agents avaient infiltré la manifestation.

«À la suite de la diffusion d’un extrait vidéo sur le site Internet Youtube.com […], [la SQ] est maintenant en mesure de confirmer que ces individus sont des policiers de la Sûreté du Québec», est-il écrit dans un communiqué du corps policier datant du 23 août. Selon leur version, ces policiers s’étaient infiltrés pour identifier des éléments violents dans la manifestation et qu’ils auraient été identifiés «au moment où ils ont refusé de lancer des projectiles», toujours selon le communiqué. La SQ nie qu’il s’agissait d’agents provocateurs. Le policier qui avait la roche se l’aurait fait donner par un autre manifestant qui l’aurait incité à la lancer, selon la version officielle. Alors pourquoi avoir conservé cette roche dans sa main jusqu’à la soi-disant arrestation?

Un communiqué du Syndicat canadien de la fonction publique mentionne que «des témoins sur place auraient affirmé que les policiers [déguisés] les ont incités à l'émeute».

Pour Dave Coles, qui était au cœur de l’affaire et qui est bien présent sur la vidéo disponible sur Youtube, il doit y avoir une enquête judiciaire indépendante. «Il est odieux qu'une force policière du Canada croit avoir le droit d'infiltrer des manifestations pacifiques de pareille manière, mais ce qui importe, c'est de savoir qui lui a ordonné de le faire», estime M. Coles. Il a demandé des comptes au ministre fédéral de la Sécurité publique, Stockwell Day, mais ce dernier a répondu qu’il s’agissait d’un problème concernant la sécurité publique du Québec.

«Est-ce que Stockwell Day était responsable de la sécurité à Montebello? S'il l'était, il devrait assumer la responsabilité de ce qui s'est passé. S'il ne l'était pas, franchement, il devrait démissionner. Le fait qu'il tente de jeter la pierre aux trois policiers en référant le dossier au processus de plainte des corps policiers, est un acte lâche qui serait risible s'il n'était pas si irresponsable», a répliqué M. Coles. Cette affaire maintenant publique, Dave Coles déplore qu’elle accapare l’attention aux dépens des vrais enjeux entourant le Partenariat sur la sécurité et la prospérité qui étaient discutés entre les trois chefs d’État à Montebello.

Le NPD demande également que la lumière soit faite sur les événements. Les députés Libby Davies et Peter Julian ont écrit à M. Day pour qu’une enquête soit lancée : «Nous sommes […] consternés d’entendre des allégations selon lesquelles des agents initiés, qui semblaient travailler avec la police antiémeute, auraient essayé de provoquer un incident violent pendant cette manifestation pacifique. Des preuves photographiques et vidéographiques soulèvent beaucoup de questions qui demeurent sans réponse.»

Le milieu contestataire a toujours parlé de possibles «agents provocateurs» dans ses rangs. Une manifestation pacifique tout d’un coup dérape, des actes de vandalisme sont commis, la police intervient massivement et procède à de multiples arrestations. Les manifestants sont alors vite étiquetés comme «casseurs», les discréditant massivement aux dépens de leur cause et de leur message politique. Les instigateurs étaient-ils de vrais manifestants? C’est l’hypothèse la plus acceptée, car une frange du mouvement contestataire est bel et bien conquise à l’action violente.

Mais le récent extrait vidéo apporte un élément de preuve, ou du moins un sérieux questionnement, sur les agissements des forces de l’ordre lors de cet événement actuel et des autres instances du genre survenues ces dernières années.

Pour voir l’extrait vidéo, allez sur [www.youtube.com] et faites une recherche avec Stop SPP Protest.

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.