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L’automobile, un concept qui évolue avec la société

Écrit par Frédérique Privat, La Grande Époque - Guadeloupe
28.08.2007
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  • L’achat d’une voiture est subordonné actuellement au respect de critères tels que l’esthétisme, la puissance, la sécurité et la protection de l’environnement(STF: MYCHELE DANIAU / ImageForum)

«Regardez comme elle était belle !», les larmes aux yeux, cet homme attablé à un bar, tend une photo à un couple assis à côté. Il vient de leur conter l’accident de voiture mortel de sa femme. Emus par cette histoire qui ressemble malheureusement à beaucoup d’autres, le couple se penche pour voir la photo sortie du portefeuille du pauvre veuf… pour, stupéfaction ! apercevoir un énorme véhicule 4/4 rouge garé dans une allée de jardin ! Sa femme le conduisait le jour de l’accident, et le véhicule a été déclaré réformé…

Cette anecdote presque choquante pour certains, permet  pourtant d’appréhender la place que peut tenir une voiture dans le cœur de nombre de nos concitoyens.

L’automobile, synonyme autrefois de liberté mais aussi d’appartenance à une certaine classe sociale, se décline maintenant pour tous les goûts et tous les portefeuilles. Sportive avec une coupe élancée,  spacieuse avec des formes rondes voire cubiques, petite pour se glisser partout en ville ou imposante sur ses quatre roues motrices…bref,  la voiture se veut être l’image qu’a ou voudrait avoir son propriétaire…

Et cela, les constructeurs automobiles l’ont bien compris.

Inventée par le Français Cugnot dès 1769 avec le fameux «fardier de Cugnot», puis améliorée et commercialisée seulement en 1873,  l’automobile connut comme toute grande invention, des débuts quelque peu «cahoteux», à l’image des routes qu’elle empruntait dans ces temps anciens. Réservée longtemps à l’élite des sociétés occidentales, l’automobile devint accessible aux classes moyennes, avec notamment, le développement du taylorisme (travail à la chaîne) qui, diminuant le coût de construction, réduisait aussi le prix d’achat. Il est à noter tout de même que le revers de la médaille en construction automobile prenait déjà forme puisque cette nouvelle méthode dite du travail «à la chaîne» entraînait déjà chez les ouvriers divers problèmes de déprime, d’alcoolisme et même de suicide.

La fin de la Deuxième guerre mondiale voit l’apparition des petites voitures, telles la fameuse «coccinelle de Wolkswagen», la 4CV de Renault, ou encore la très anglaise «Mini» d’Austin. Puis, l’arrivée de l’achat à crédit sonne définitivement le glas de la voiture «réservée à l’élite».

Cependant, jusqu’à la Deuxième guerre mondiale, et pour des raisons économiques (la femme ne travaillant pas) mais aussi culturelles (la femme étant encore considérée comme «le sexe faible») l’achat et la conduite de la voiture étaient par excellence, l’apanage des hommes.

Chef de famille et donc garant de la sécurité de tous, l’homme était celui qui conduisait pour aller travailler, faire les courses ou encore partir en vacances…  La voiture a donc été longtemps le produit masculin de base, synonyme de virilité et de puissance. Ainsi, jusque dans les années 70 et 80, la publicité automobile passait incontournablement  par la présence d’un top modèle féminin élégamment «posé» sur le capot ou présentant le nouveau modèle avec un sourire engageant… Actuellement, le top modèle est toujours présent mais au volant de la voiture, cette fois !

En effet, depuis environ trente ans, le statut de la femme a beaucoup évolué, tout comme celui de la voiture. Femmes d’affaires ou élevant seules leurs enfants ou bien femmes célibataires mais pas casanières, bref, les femmes sont amenées de plus en plus à conduire leur vie et donc, leur voiture… Près de la moitié des permis de conduire délivrés leur reviennent ainsi qu’un tiers des achats de véhicules ! Toute une part de marché pour les constructeurs !

Jean-Claude Gochayes, actuellement conseiller commercial d’une grande marque allemande, qui a plus de 12 marques de ventes à son actif, fait un bilan de ces vingt dernières années : «Dans les années 80-90, la cliente féminine privilégiait avant tout l’achat de petites voitures avec le côté pratique et fonctionnel associé au côté esthétique : des formes douces dites «biodesign», un intérieur modulable… Le client masculin, lui, regardait l’effet de masse, la robustesse, la puissance et la sécurité avec des véhicules de type berlines, limousines, 4/4… Depuis 1995 qui a connu un grand bond au niveau de l’esthétisme des voitures, les tendances ont changé : beaucoup de femmes se considèrent maintenant égales à l’homme dans leur choix. Elles ont les moyens et se font plaisir. Actuellement, on ne peut plus dire qu’il y ait vraiment de tendance masculine et de tendance féminine…»

Et si les mœurs évoluent, les types de véhicules achetés évoluent en conséquence. Si les berlines ont constitué pendant longtemps le rêve de l’acheteur potentiel, il y a une catégorie qui lui fait depuis peu de l’ombre : celle des véhicules tout-terrain. Avec une progression de 5,7 % en France, cette tendance tout droit venue des USA semble se confirmer. Et même si les voitures françaises de catégorie A et B (les Renault Clio et Mégane, les Peugeot 206, 207 et 307…) demeurent les véhicules les plus achetés par les Français, on voit de plus en plus de ces véhicules hauts et imposants sur les routes. On différencie le classique 4/4 de l’actuel SUV (Véhicule Utilitaire Sportif), qui conserve la forme imposante du 4/4 ainsi que 2 ou 4 roues motrices, mais plus adapté à la route, perdant alors en partie la fonction de «franchisseur» que détient le 4/4.

 Selon M. Gochayes, «si la tendance est encore très liée à la profession, beaucoup d’artisans, d’agriculteurs, il y a aussi de plus en plus de particuliers car c’est un véhicule très polyvalent. Ce n’est plus le véhicule de chantier pur, mais il est aussi devenu un véhicule personnel par son élégance, son confort, sa qualité de finition, sa souplesse et sa sécurité.» La sécurité est devenue un argument primordial d’achat pour nombre de conducteurs. Fiabilité, bonne tenue de route, mais aussi assurance d’être protégé face aux accidents si fréquents ou face aux vols et agressions diverses. Les caprices du temps, surtout en zones inondables en font encore un argument de poids. Là encore, avec son habitacle surélevé et sa forme imposante, le véhicule tout-terrain fait figure de protecteur pour nombre de conducteurs, hommes ou femmes, en quête d’une relative sécurité.

Mais sécurité ne rime pas souvent avec environnement, car si les véhicules tout-terrain sont appréciés pour leur effet protecteur pour leur propriétaire, ils le sont beaucoup moins pour l’environnement. Réputés polluants, même s’ils ne le sont pas tous, ils seront alors systématiquement écartés du choix d’achat de nombre de conducteurs.

En effet, après la sécurité et l’esthétisme, s’il y a un quatrième argument de vente, c’est bien celui de la protection de l’environnement. Et là encore, outre les normes européennes draconiennes, les constructeurs l’ont bien compris et n’hésitent pas à le mettre en avant. «Les acheteurs sont sensibles à la pollution. Ils  se soucient maintenant du taux d’émission de CO2, du type de peinture, du revêtement utilisé dans les véhicules...» confirme M. Gochayes.

Aux dernières élections, les préoccupations des citoyens français concernaient essentiellement la sécurité, la défense de l’environnement, de la famille, …  Il semblerait en fin de comptes, que l’évolution de l’automobile soit étroitement liée aux aspirations des populations qui n’ont pas tant changé depuis au cours de l’histoire de l’humanité.

 

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