Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Pourparlers avec les talibans sur des questions humanitaires

Écrit par Irin News
29.08.2007
| A-/A+
  • Deux hommes du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) accompagnent une des otages(Stringer: MASSOUD HOSSAINI / 2007 AFP)

KABOUL – Contrairement aux grandes organisations humanitaires internationales actives en Afghanistan, les jeunes bénévoles qui travaillent pour la Société du Croissant-Rouge afghan (SCRA), au centre de la province de Ghazni, parviennent aisément à se rendre auprès des populations dans le besoin et à les aider.

«Nous n’avons pas de problèmes avec les talibans», a expliqué à IRIN Ghulam Mohammed Moujahid, directeur de la SCRA à Ghazni.

«Nos bénévoles ont toujours pu apporter les aides humanitaires disponibles aux populations touchées par les catastrophes naturelles et les conflits», a ajouté M. Moujahid.

Dans un pays où de vastes bandes de territoire restent inaccessibles pour les Nations Unies ou d’autres organisations humanitaires en raison de restrictions de sécurité, ce sont les bénévoles peu équipés de la SCRA qui interviennent pour traiter les problèmes humanitaires qui touchent leur province démunie.

La sécheresse, les services de santé insuffisants, la pauvreté générale, le conflit armé et l’extrême vulnérabilité des populations aux inondations sporadiques sont autant de problèmes graves en raison desquels des milliers d’habitants de Ghazni se trouvent aujourd’hui au bord d’une crise humanitaire complexe, selon plusieurs experts.

Se maintenir en sécurité est de la plus haute importance pour les bénévoles; et cela est d’autant plus essentiel qu’ils se conforment à leurs principes directeurs de neutralité et d’impartialité.

«Nous n’affichons ni les symboles du gouvernement [afghan] ni ceux des États-Unis lorsque nous apportons de l’aide», a expliqué Faez Ahmed, un bénévole, dévoilant ainsi le secret de sa capacité à acheminer des secours d’urgence dans des régions constamment surveillées par les deux parties prenantes au conflit.

Prise d’otages

Le 19 juillet dernier, des combattants talibans ont enlevé 23 travailleurs humanitaires sud-coréens chrétiens qui voulaient se rendre en bus de Kaboul, la capitale, à la province de Kandahar, dans le sud. Deux des otages ont été tués après que les autorités afghanes eurent refusé de se soumettre à la demande des talibans, qui exigeaient la libération de plusieurs de leurs combattants incarcérés dans les prisons du gouvernement afghan.

Des représentants des talibans et plusieurs diplomates sud-coréens ont tenu des pourparlers directs aux bureaux de la SCRA, dans la ville de Ghazni, le 10 août dernier; il s’agissait là de la première fois depuis la chute du régime taliban, en 2001, que des représentants talibans assistaient à une rencontre officielle pour débattre de leurs activités, officiellement interdites.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et son partenaire afghan, la SCRA, ont organisé la rencontre, destinée à trouver des moyens, «avantageux pour les deux parties», de libérer sains et saufs les 21 autres otages sud-coréens enlevés par les talibans. Depuis le 10 août, les représentants des talibans et les diplomates sud-coréens se sont rencontrés à plusieurs reprises aux bureaux de la SCRA, à Ghazni.

Trois jours après la première rencontre, les insurgés ont libéré Kim Kyung-ja, 37 ans, et Kim Ji-na, 32 ans, confiés aux soins du CICR.

«Nous sommes heureux d’avoir réussi à jouer ce rôle et nous sommes très fiers de constater que les premiers résultats sont positifs», s’est félicité Reto Stocker, chef de la délégation du CICR en Afghanistan.

Élargir la marge de manœuvre

La capacité du CICR et de la SCRA à faciliter le dialogue avec les insurgés a incité plusieurs Afghans à demander s’il était possible d’établir un contact avec les talibans pour des raisons strictement humanitaires.

Bon nombre de ceux qui se méfient des insurgés affirment néanmoins que tout effort déployé en vue d’obtenir le feu vert des talibans pour pouvoir mener des opérations humanitaires ou de développement se soldera sans aucun doute par un échec.

«Les talibans ont toujours délibérément défié le droit humanitaire international ainsi que d’autres règles appliquées en temps de conflit armé», a expliqué un représentant des Nations Unies, qui a préféré garder l’anonymat.

Malgré tout, la Croix-Rouge et son partenaire afghan, qui restent en contact avec les deux parties prenantes au conflit afghan, tentent d’élargir la mince marge de manœuvre humanitaire dont ils disposent dans le pays.

«Pour nous, l’aide que nous nous efforçons d’apporter aux personnes qui en ont besoin parce qu’elles ont été touchées par le conflit ne devrait pas dépendre de leur identité ni de la région où elles se trouvent», a expliqué M. Stocker à IRIN, de son bureau, à Kaboul.

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.