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Souveraineté dans l’Arctique – Les Inuits pourraient être des alliés

Écrit par Sharda Vaidyanath, La Grande Époque - Ottawa
30.08.2007
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  • la partie la plus septentrionale de l’île Ellesmere,(攝影: / 大紀元)

La semaine dernière à Montebello, Québec, le premier ministre Stephen Harper a rappelé au président Bush que le légendaire Passage du Nord-Ouest appartient au Canada. Mais est-ce qu’une solution au différend avec les États-Unis sur le statut international du passage pourrait se trouver à l’intérieur de nos frontières?

Selon les critiques, l’établissement de la souveraineté canadienne sur l’Arctique a pour objectif principal de s’attaquer aux questions telles que l’impact du changement climatique en Arctique et l’Accord sur les revendications territoriales du Nunavut.

Mais le gouvernement conservateur a été lent à reconnaître le rôle historique des Inuits du Canada sur les questions de souveraineté.

Le 9 juillet dernier, alors que le premier ministre Harper annonçait l’octroi d’une subvention de trois milliards de dollars pour la construction de bateaux de patrouilles côtières et d’un port en eau profonde à Nanisivik, Nunavut, il avait dit que le Canada avait un choix lorsqu’il s’agissait de «défendre notre souveraineté dans l’Arctique».

«Ou bien on l’utilise, ou bien on le perd… au fur et à mesure que les voies navigables pour le commerce mondial tracent un parcours vers le nord du Canada et au fur et à mesure que le pétrole, le gaz et les minéraux de cette région acquièrent de la valeur, le développement dans le Nord deviendra plus crucial dans notre pays.»

Paul Kaludjak, président de Nunavut Tunngavik Inc., l’organisation qui se penche sur les préoccupations des Inuits dans l’Accord sur les revendications territoriales du Nunavut, a répliqué dans le Hill Times : «L’Arctique n’est pas une zone sauvage inhabitée. C’est notre terre natale et elle l’est depuis des siècles. Plus de 50 000 Inuits – de fiers Canadiens – vivent dans l’Arctique canadien.»

Michael Byers, le président de la chaire de recherche canadienne en politiques mondiales et lois internationales à l’Université de Colombie-Britannique, dit que les leaders inuits «ne sont pas enthousiasmés» par le développement militaire dans l’Arctique au Canada; ils veulent une présence de surveillance, explique-t-il, ainsi qu’un développement social et économique et une protection environnementale.

Nous ne pouvons pas avoir une politique à responsabilité sur l’Arctique sans parler du changement climatique. La situation des Inuits est embarrassante pour le Canada… En tant que pays développé, le Canada a une nation en voie de développement dans ses frontières.»

En mai, Michael Mifflin, qui travaille pour le gouvernement territorial au Nunavut, a écrit dans le magazine Policy Options que «le Canada aura de la difficulté à affirmer sa revendication sur la souveraineté si ses citoyens dans l’Arctique ne jouissent pas d’un niveau de vie en parité avec celui des Canadiens du sud.»

Duane Smith, président de la Conférence circumpolaire Inuite, énonce que le gouvernement Harper est «distant» dans son approche en faisant affaire avec les Inuits. Il fait remarquer que dans des traités et des revendications sur le territoire du Nunavut, il y a des clauses et des procédures sur la souveraineté, mais elles «ne sont pas mises en application».

C’est pourquoi les Inuits au Nunavut ont entamé une poursuite judiciaire de 1 milliard de dollars contre le gouvernement fédéral en décembre dernier.

En 1969, les Inuits ont eu un rôle de premier plan dans l’affirmation de la souveraineté canadienne en empêchant un pétrolier américain, Le Manhattan, de traverser le Passage du Nord-Ouest. En 1986, lorsque le brise-glace américain, Polar Sea, a traversé le Passage du Nord-Ouest, le gouvernement canadien a tracé une ligne de démarcation autour de l’archipel arctique – une mesure légale affirmant que les eaux à l’intérieur de la ligne appartenaient au Canada.

«L’utilisation et l’occupation par les Inuits du Passage du Nord-Ouest, qui a été cartographié avec beaucoup de détails dans les années 70, ont soutenu et permis de prendre cette mesure légale», a écrit M. Kaludjak. L’article fait état également des recommandations en 2003 du vérificateur général stipulant que l’accord sur les revendications territoriales doit être appliqué.

Depuis que le rapport très révélateur de 2004 sur l’évaluation de l’impact du climat dans l’Arctique a indiqué que le réchauffement planétaire tend à faire fondre des calottes glacières, les pays font la course pour établir des droits de navigation internationale dans le Passage du Nord-Ouest et rivalisent pour s’accaparer une plus grande part du fond de la mer de l’Arctique, riche en ressources.

D’après la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM) de 1982, qui est entrée en vigueur en 1994, les pays côtiers – incluant le Canada qui a ratifié le traité en 2003 – doivent établir des revendications liées à leur plateau continental au-delà de 320 kilomètres du littoral.

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Les 155 membres de la CNUDM, sans oublier l’entrée prochaine des États-Unis, ont jusqu’à dix ans pour entreprendre des recherches et présenter leurs revendications. La date limite du Canada pour présenter une revendication est l’année 2013.

Cependant, en sus de se pencher sur la possibilité de développer une voie navigable dans le Passage du Nord-Ouest pour le transport international à vocation commerciale et des avantages que procurent des voies navigables plus courtes en destination de l’Asie et la côte Atlantique pour des pays côtiers, il y a d’autres questions à régler.

Aux dires de M. Byers, les pays sont principalement intéressées par les gisements de pétrole et de gaz au-dessous de l’océan Arctique et selon les estimations, un pourcentage de 25 % est à extraire. Mais l’impact environnemental causé par l’accélération et l’ampleur de ces activités dans le fragile écosystème demeure une préoccupation capitale pour les Inuits qui y ont vécu depuis des milliers d’années.

Le Canada a deux différends à régler. Tout d’abord, il doit arriver à un accord avec les États-Unis qui avancent que le Passage du Nord-Ouest ne se trouve pas dans les eaux intérieures canadiennes. Deuxièmement, il doit aussi établir des droits sur la dorsale de Lomonosov, longue de 1800 km, entre la Sibérie et l’île Ellesmere du Canada. Cette dorsale est également revendiquée par la Russie et le Danemark qui considèrent qu’elle fait partie de leurs plateaux continentaux.

Le Canada a créé conjointement avec le Danemark un programme d’acquisition sismique sur la dorsale de Lomonosov, au début de 2006, dans la région au nord du Groenland et de l’île Ellesmere, dont les résultats seront publiés d’ici six mois. Actuellement, le Canada participe à une expédition danoise/suédoise dans la même région pour acquérir d’autres données sismiques.

Pendant ce temps, l’opération Nanook 07, la plus grosse opération des Forces canadiennes menée dans le Nord jusqu’à aujourd’hui, qui a pour objectif de «protéger et défendre la souveraineté canadienne dans le nord du Canada», selon un communiqué de presse, a terminé son entraînement là-bas récemment.

L’opération Nanook, une opération conjointe impliquant le déploiement du personnel et des ressources de la Marine, de l’armée de terre et de l’armée de l’air, est dirigée en étroite coopération avec la Gendarmerie royale du Canada et la Garde côtière canadienne.

«Avec une activité accrue dans l’Arctique, la contrebande de drogue et le déversement accidentel de pétrole sont des scénarios potentiels sérieux […] nous devons développer et maintenir certaines mesures [pour parer à toute éventualité]», commente Diane Grover, lieutenant de la Marine et officier des Affaires publiques de Commandement Canada, de Iqualiut.

Iqualiut est un «monde très différent», souligne lieutenant Grover. Il n’y a pas de routes reliant la ville à d’autres lieux, et tout doit venir par bateau ou par avion. Sans technologie, le commandement compte énormément sur ses soldats inuits.

«Les téléphones cellulaires, les radios et les blackberry ne fonctionnent pas ici parce qu’il n’y a aucune infrastructure, alors nous ne pouvons simplement pas compter sur la technologie. Les Rangers canadiens, une unité de réserve composée de soldats inuits locaux, est essentiellement nos yeux et nos oreilles, notre système de surveillance.»

«Dans un sens, ceci est une façon merveilleuse de leur donner [aux Inuits] une nouvelle raison d’être dans leur pays», dit M. Byers, auteur de Intent for a Nation: What is Canada For?

L’année dernière, le gouvernement canadien a remplacé les deux ambassadeurs inuits au Conseil de l’Arctique par une bureaucrate senior, Adèle Dion, du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international. Et même si Mme Dion est également directrice générale de la Direction générale de la Sécurité humaine et des droits de l’homme, le Canada n’a pas signé le projet de déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. La Russie non plus.

«Malheureusement, quelques parties de l’actuelle déclaration ne donnent pas de conseil pratique aux États, aux peuples autochtones ni aux organisations multilatérales puisque, à certains endroits, le texte est vague et ambigu, laissant la place à des interprétations différentes et possiblement contradictoires», explique le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien sur son site Internet.

«Nous tentons toujours de les encourager à voter pour nos droits», déclare M. Smith.

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.