Écrit par Andrée Sano-Gélinas, Collaboration spéciale

 

C’était au tour du groupe Loco Locass de faire vibrer la scène de la Place des Arts le 27 juillet dernier, accompagné de l’orchestre symphonique du Camp Musical St-Alexandre de Kamouraska. Ce spectacle unique, Loco Locass Symphonique, était présenté à la Salle Wilfrid-Pelletier lors de la soirée d’ouverture des 19e FrancoFolies de Montréal.

Loco Locass Symphonique, ce sont tout d’abord Biz, Batlam et Chafiik, trois rappeurs et musiciens, artistes politiquement engagés et amoureux fous de la langue française. Ce sont également 85 musiciens dont 80 de l’orchestre du Camp St-Alexandre. Au cours des deux derniers étés, Loco Locass a été invité par ce camp musical, situé en bordure de Kamouraska, dans le but d’expérimenter l’union du hip-hop et de la musique symphonique. Chapeau au chef d’orchestre Mathieu Rivest qui est également l’initiateur de ce projet original de rendre orchestral les mélodies de ce groupe. Un documentaire, Symphonie Locass, de Martine Asselin et Marco Dubé, a d’ailleurs été produit à ce sujet; il a été présenté en début de spectacle.

Le thème de la soirée: la symbiose. Durant cette soirée, deux univers, deux langages musicaux, se sont côtoyés. Il y a eu symbiose entre les milieux rural et urbain, entre des jeunes en formation et des musiciens professionnels, entre la musique classique et le rap, entre la grange de St-Alexandre et la salle Wilfrid-Pelletier, entre la scène et le public. Tant pour les membres de Loco Locass que pour les jeunes du camp, cette prestation a été leur première Place des Arts. Quelle expérience incroyable pour ces jeunes âgés entre quatorze et dix-huit ans qui ont joué, accompagnés d’autres membres du camp et des professeurs! Ce fut aussi une première expérience d’orchestration pour Chafiik.

Cette soirée mémorable a été remplie de surprises. La chanteuse d’opéra Nathalie Caron s’est jointe au groupe pour quelques chansons. Un invité spécial, Samian, rappeur d’origine algonquine et protégé des Locos, a fait une apparition afin de présenter sa chanson La paix des Braves, accompagné par le trio. Ces derniers ont aussi présenté quelques chansons et textes inédits à ce jour mais succès de demain. L’orchestre a aussi montré ce dont il est capable en interprétant une pièce de musique symphonique, La marche hongroise de Berlioz, dont Chafiik s’est d’ailleurs inspiré pour composer l’une des mélodies.

Il a été agréable de constater que certaines des chansons se sont spécialement bien prêtées à l’orchestration. Par exemple, La Bataille des murailles, second extrait de leur album Amour oral, a profité grandement de cette adaptation. Spleen et Montréal, interprété par un quatuor à cordes, ressort également du lot.

Loco Locass est un groupe engagé et ses membres n’ont pas manqué l’occasion de nous le rappeler. Lors de leur prestation, les mots «nationalisme», «patriotisme» et «fierté d’être Québécois» ont bel et bien été au rendez-vous. Une ovation debout du public a même été sujette à une comparaison avec le peuple québécois, debout lui aussi.

Ce spectacle de rap symphonique a déplacé de l’air. La puissance de l’orchestre a accentué les mélodies et les rythmes entraînants du groupe ainsi que la force de leurs paroles. Deux heures et demie de pur plaisir à danser et à se laisser pénétrer par cette musique envoûtante. La Place des Arts aura rarement vu autant de gens danser et sauter à travers les rangées des chics fauteuils rouges. Le public était déchaîné devant ce spectacle enlevant. D’ailleurs, les Loco Locass s’étaient habillés pour l’occasion. Vêtus d’un toxedo noir, d’une chemise blanche et d’une ceinture fléchée rouge, ils avaient l’air d’autant plus charismatiques.

Ce spectacle symphonique a été une grande réussite et un incontournable pour les admirateurs des Loco Locass. Pour ce qui est du groupe, il faudra attendre l’année prochaine pour les revoir en spectacle ou encore apprécier leur nouvel album qui sortira en 2008.