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Des militantes pour les droits des femmes réprimées par les extrémistes religieux

Écrit par Irin News
09.08.2007
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  • Une Iraquienne passe devant une boutique de mode à Bagdad(Stringer: SABAH ARAR / 2007 AFP)

Irak

BAGDAD – Malgré les lettres de menaces qu’elle a reçues récemment, Haifaa Nour ne compte pas quitter son travail, même si cela doit lui coûter la vie.

Toutefois, cette jeune femme, âgée de 33 ans, présidente de l’Organisation pour la liberté des femmes (WFO) – l’une des rares organisations de défense des droits des femmes irakiennes – a reconnu qu’être militante et travailler dans l’humanitaire devenait chaque jour un peu plus dangereux.

«Après l’invasion américaine en 2003, les droits des femmes étaient reconnus et respectés. Malheureusement, au cours des deux dernières années, notre situation s’est aggravée et le fait que de plus en plus de militantes et de travailleuses humanitaires soient prises pour cible par les extrémistes religieux contraint bon nombre d’entre elles à quitter leur emploi», a affirmé Mme Haifaa.

«Je sais que ma vie est menacée et que je peux être tuée à tout moment parce que je suis opposée au port du voile et aux tenues traditionnelles, mais me plier à ces exigences serait faire le jeu des extrémistes», a-t-elle ajouté.

Haifaa Nour, qui vient d’être nommée présidente du WFO, en remplacement de Senar Muhammad, l’ancienne présidente assassinée le 17 mai par des fanatiques religieux, a affirmé que la liberté d’action de son organisation était de plus en plus réduite.

«Notre organisation est ciblée et nos collaboratrices ont peur de quitter leur domicile depuis que des lettres de menaces ont été placardées sur leurs portes», a déploré Mme Haifaa.

«Mon mari a été assassiné il y a un an, alors que je commençais à militer dans l’organisation. Depuis, je suis plus déterminée que jamais à me battre pour mes droits et ceux de millions de femmes irakiennes.»

Pour la présidente du WFO, qui est également membre de la ligue des femmes irakiennes, les principaux problèmes auxquels sont confrontées les associations affiliées à son organisation sont la discrimination envers les femmes et leur situation de cible potentielle des mouvements extrémistes.

«Les menaces sont claires. [Les insurgés disent:] “Les femmes doivent cesser de se battre pour leurs droits et s’occuper de leurs enfants et de leur époux.” Les extrémistes nous accusent également d’être responsables “du mauvais comportement” des femmes observé tous les jours dans la société irakienne», a-t-elle fait remarquer.

Faible soutien du gouvernement

Selon les organisations de défense des droits des femmes, le gouvernement ne soutient pas assez leurs actions.

«Notre situation est critique», s’est désolée Mme Mayada en montrant les lettres de menaces qu’elle a reçues au cours des cinq derniers mois.

«Nous avons demandé aux autorités de manifester plus d’intérêt envers la lutte des femmes contre la violence et d’aborder cette question au Parlement, mais le gouvernement nous répond invariablement que la violence est générale et qu’elle ne s’applique pas uniquement aux femmes.»

Le ministère de la Femme a fait savoir qu’il examinerait le problème de la violence faite aux militantes et travailleuses humanitaires et il a reconnu que la situation s’aggravait.

Des travailleuses humanitaires

Pour éviter que leurs collaboratrices ne soient la cible de ces mouvements religieux, les organisations non gouvernementales sont obligées de les héberger dans leurs bureaux.

«Nous n’avions pas d’autres choix, après les nombreuses représailles dont l’organisation et nos collaboratrices bénévoles ont été l’objet», a expliqué Fatah Ahmed, la porte-parole de l’IAA (Iraqi Aid Association), une organisation d’entraide irakienne.

«Elles étaient constamment prises pour cible et nous avions dû les héberger dans nos bureaux pour qu’elles aient la vie sauve.»

«D’un point de vue psychologique, il est important que des femmes travaillent à nos côtés pour apporter de l’aide aux nécessiteux, mais cela n’est plus possible à cause des violences dont elles sont victimes», a-t-elle ajouté.

Depuis 2003, plusieurs douzaines de travailleuses humanitaires ont été kidnappées et bon nombre d’entre elles ont quitté leur emploi après leur remise en liberté.

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.