Écrit par Christian Bauer, Ingénieur, naturopathe, thérapeute

Le drainage lymphatique est une technique manuelle relativement peu connue utilisée par certains kinésithérapeutes, esthéticiennes ou naturopathes. Elle a pourtant un intérêt non négligeable dans de nombreuses situations. 

 

De manière préventive

Il est intéressant pour la femme enceinte afin d’anticiper des problèmes de jambes lourdes, de formation ou aggravation de varices, de vergetures. Par un drainage très doux et très court, il prévient les maladies infantiles par stimulations des réactions immunitaires. Avant l’hiver, le drainage lymphatique permet de prévenir rhumes et grippes (toujours par stimulation du système immunitaire). Il limite les empoisonnements alimentaires, il est très utile avant une opération chirurgicale, ainsi que pour la prévention de bon nombre de pathologies.

 

Au niveau esthétique 

Il est utilisé pour l’éclaircissement du teint, pour les boutons, les poches sous les yeux, la couperose, les vergetures, les rides, l’amincissement, la cellulite, les enflures locales et générales, de même que pour les oedèmes profonds résiduels.

 

En thérapie curative 

Il se révèle assez spectaculaire pour ce qui concerne l’opération du nez : celui-ci désenfle en 3 à 4 séances. Il est utile en cas de grippe, de rhume, d’œdème post-traumatique (suite à une fracture et une immobilisation), d’algodistrophie, en cas de courbatures, de tendinites, d’épicondylite, de sciatique, de lumbago, de maux de têtes, de migraines et pour les états congestifs en général. Il est enfin indiqué dans les états inflammatoires (douleur, rougeur, tumeur, chaleur) contrairement au massage.

Pourquoi cette technique n’est-elle pas plus répandue dans les cas précités ? sans doute parce que c’est une technique très minutieuse, très lente et qui demande beaucoup de temps et de patience. Les thérapeutes ont donc souvent tendance à la délaisser ou à l’utiliser de manière trop sommaire, le temps passé induisant souvent un investissement financier.

 

Mais, d’où vient le drainage lymphatique, sur quoi agit-il et en quoi consiste-t-il ?

 

Origine 

C’est le biologiste et physiothérapeute danois Emile Vodder qui a mis au point le drainage lymphatique manuel. On évalue son travail à quarante ans de recherches à compter des années 1930. Il a procédé de manière assez intuitive. En utilisant les travaux de Foldi et Kuhnke il a  mis  en évidence qu’une très faible pression est suffisante pour drainer la lymphe (environ 0,03 bars). Tandis que, parmi ses collaborateurs Collard affirme que le massage n’a aucun effet sur la lymphe et que Castley démontre qu’une pression trop forte écrase les tissus, Vodder se distingue et crée sa propre école sous le nom de « drainage lymphatique manuel ».

 

Qu’est-ce que le système lymphatique, quel est son rôle ?

Le système lymphatique ressemble un peu au système sanguin. Il est constitué de capillaires lymphatiques qui vont se jeter dans des pré-collecteurs, puis dans des collecteurs, puis dans des vaisseaux et enfin dans des gros troncs. Contrairement au système sanguin qui est un système fermé (le sang part du cœur et retourne au cœur), c’est un système ouvert partant des cellules et allant finalement se jeter dans la circulation sanguine au niveau de la veine jugulaire et de la veine sous-clavière. Ce réseau est entrecoupé de ganglions.

 

Les cellules rejettent des déchets en partie récupérés au niveau des capillaires veineux. Mais les pores des capillaires veineux ont une taille d’environ 20 à 30 microns et ne permettent pas le passage des déchets plus gros. C’est le rôle de la lymphe dont les pores des capillaires ont une taille comprise entre 20 et 60 microns. Ces déchets sont ensuite digérés dans le circuit (plus particulièrement au niveau des ganglions où sont produits les lymphocytes et qui renferment également des macrophages et des phagocytes) puis rejetés dans la circulation sanguine. Le rôle principal de la lymphe est donc le nettoyage des gros déchets des tissus interstitiels. Ces déchets peuvent être de nature endogène ou exogène.

 

Comment agit-on sur le système lymphatique ?

Il est un peu délicat d’expliquer par écrit la technique mise au point par Vodder. Ce qu’il faut savoir c’est qu’il y a deux  types de manipulations : l’une très douce et très lente, en forme de vague qui s’applique au niveau des vaisseaux et l’autre un peu plus énergique utilisée au niveau des ganglions de manière à les pomper. Le but est d’accélérer la circulation de la lymphe (la vitesse est multipliée environ par 4). Lors des manipulations, il est très important de toujours travailler dans le sens de circulation de la lymphe. Toutes les parties du corps peuvent être drainées car ce réseau est bien sûr présent partout.

 

Les contre-indications 

Certaines sont absolues en cas de gangrène, de thrombose, d’oedèmes cardiaques, d’éléphantiasis, de phlébite et de paraphlébite, d’asthme bronchique, de goitre dû à une hyperthyroïdie, de tumeurs non traitées. D’autres contre-indications sont plus relatives. Il est recommandé d’appliquer un traitement au cas par cas et zone par zone : les cancers traités, le drainage profond de l’abdomen lors des règles, les appendicites, salpingites, cystites, kystes ovariens et les fibromes.

 

Courriel : cbauer1@free.fr

A consulter : http://la-marjolaine.skyblog.com