Avant-première : Emotional Arithmetic

Écrit par Madalina Hubert, La Grande Époque - Toronto
12.09.2007

Des blessures profondes sont difficiles à guérir, surtout lorsqu’on ne veut pas s’en départir. Emotional Arithmetic est un film sur la tragédie des séquelles de l’Holocauste et de son impact sur plusieurs personnes, en particulier les enfants.

Lorsque Mélanie (Susan Sarandon) reçoit une lettre disant que Jakob (Max von Sydow), l’homme qui a sauvé sa vie, vient lui rendre visite, elle est submergée de sentiments mêlés de joie et de nervosité. Vivant sur une ferme paisible au Québec avec son mari (Christopher Plummer), son fils Benjamin (Roy Dupuis), et son petit-fils Timmy (Dakota Goyo), Mélanie semble s’être détachée des terreurs qu’elle a vécues quand elle était enfant à Drancy, le camp de concentration parisien durant la Seconde Guerre mondiale.

Maintenant, 40 ans plus tard, Mélanie est forcée de confronter le passé lorsqu’elle invite Jakob – un survivant d’Auschwitz, des camps de prisons soviétiques et des institutions psychiatriques – à venir vivre avec elle et sa famille. Marquée par les expériences tragiques, Mélanie a été affligée de périodes de dépressions et d’instabilité. De l’autre côté, Jakob a emmené avec lui Christopher (Gabriel Byrne), son compagnon d’enfance durant les sombres années à Drancy.

Confrontés aux mémoires amères de leur temps passé ensemble à Drancy, comme le souvenir des horreurs de l’Holocauste et la douceur de l’amitié, les trois personnages tentent de faire face au passé et de trouver peut-être une réconciliation et du confort dans le présent.

Dirigé par le directeur canadien Paolo Barzman, Emotional Arithmetic est un film calme d’atmosphère avec un dialogue clairsemé tandis que les personnages communiquent des émotions réprimées à travers leur regard, leurs gestes et ce qui les entoure. Des objets apparemment ordinaires ainsi que la nature deviennent porteurs symboliques des émotions des personnages alors que le film tente de creuser leur conscience.

La distribution de vedettes est remarquable dans leur incarnation délicate et retenue. Susan Sarandon est charmante et fragile dans son interprétation de Mélanie qui est instable sur le plan émotionnel, tandis que Max von Sydow joue le rôle du vieux Jakob, avec la dignité qui convient au survivant résilient.

Gabriel Byrne amène un sens d’apaisement dont rêve le personnage Christopher qui, après toutes ces années, est toujours amoureux de Mélanie.

Emotional Arithmetic met aussi en vedette Christopher Plummer dans le rôle de David, enseignant et mari cynique de Mélanie qui tente de mettre un terme à la douleur de son épouse; et Roy Dupuis qui traduit une force calme dans Benjamin, le fils de Mélanie et de David, victime malgré lui des frustrations et de la douleur de ses parents.

Cette production est aussi un autre rappel de l’injustice terrible qui frappe lorsque les innocents sont persécutés. Dans son essence, cependant, le film porte sur la douleur et les cicatrices que de telles tragédies laissent au cœur humain. Parfois, les séquelles de la tragédie ne sont pas moins douloureuses que la tragédie elle-même.

Emotional Arithmetic sera présenté en soirée au gala de clôture du Festival international de films de Toronto, dans la salle de projection Visa (Théâtre Elgin), le samedi 15 septembre à 18 h 30, et au Roy Thomson Hall à 20 h.