Pékin met hors service des milliers de sites Internet

Écrit par Feng Changle, La Grande Époque
13.09.2007
  • image virtuelle des u00abpoliciers» d’Internet en Chine.(Stringer: STR / 2007 AFP)

Avec le 17e Congrès du Parti communiste chinois qui aura lieu en octobre, une autre vague de contrôles d’Internet balaie la Chine entière. Les autorités ont juré que rien ne viendrait gâcher cet événement, donc l’espace Internet, y compris, goûte à la répression qui dépasse parfois le virtuel.

Le 27 août dernier, Miao Wei, la directrice générale de la compagnie des télécommunications China Telecom, a déclaré : «Afin d'aider le ministère de l’Industrie de l’information à “purifier et améliorer l'environnement d'Internet et à combattre la pornographie en ligne”, China Telecom a bloqué 8808 adresses Internet illégales et a mis hors service 265 hôtes virtuels sans permis IDC (centre de données Internet) ainsi que 9593 sites web non enregistrés.»

De son côté, Yu Xijian, cadre de China Netcom, a affirmé avoir bloqué 587 sites Internet qui n’étaient pas enregistrés auprès d’un IDC ou d’un ISP (fournisseur de services Internet) et 112 sites sans permis IDC/ISP.

Cette manœuvre a en fait débuté en avril dernier. Le Qiushi Journal, une publication du Comité central du Parti communiste chinois (PCC), dictait : «Sur Internet, le bruit de diverses idéologies, des informations fausses et des émotions chamboulées sont propagés. Cela ajoute de la variété à l'idéologie de notre nation. Toutefois, notre tâche est de nous défendre du complot de nos ennemis qui vise à nous occidentaliser et à nous diviser. Ce complot prend de l'importance. La situation actuelle est très difficile.»

Selon la publication Qiushi Journal du PCC, à la fin de l’année 2006, il y avait 137 millions d’internautes en Chine (sur une population de 1,3 milliard) et 80 % d’entre eux étaient âgés de moins de 35 ans.

Récemment, certains membres de babillards électroniques (BBS) en Chine continentale ont retransmis les avis émis par les administrateurs de ces mêmes babillards : «La situation a été très difficile. En raison de l'approche du 17e Congrès du PCC, l’intensité de la surveillance d’Internet a atteint un niveau record. Je dois tous vous avertir à nouveau : la situation actuelle est très difficile! Les sujets les plus délicats sont ceux qui :

  • impliquent le Parti, l’État, le gouvernement, les ministères et les unités;
  • impliquent le Japon, le Darfour au Soudan, les questions à l'intérieur du Tibet et du Xinjiang;
  • impliquent les protestations, les défilés, les manifestations et les questions sociales; et
  • impliquent le Falun Gong à l’étranger, les droitistes et les exilés du Tibet et du Xinjiang.

Les administrateurs des BBS ont demandé à tous de «rapporter et de supprimer de tels messages immédiatement».

Certains internautes croient qu’Internet offre un environnement particulier pour la liberté d’expression et c’est ce qui attire de nombreux utilisateurs. La liberté d’expression est la raison d’être d’Internet. Le gouvernement chinois peine à s’y adapter et s’en méfie toujours, créant des conflits entre le système politique totalitaire actuel et les opinions du public en ligne.

À la fin d'août, le gouvernement chinois a annoncé que des policiers virtuels allaient patrouiller le cyberespace. Il ne faisait pas référence à son armée de 30 000 fonctionnaires de la sécurité publique qui espionnent les internautes chinois, mais plutôt à un nouveau pop-up qui apparaît sur tous les ordinateurs en ligne, chaque 30 minutes, pour leur rappeler aux utilisateurs qu’ils sont sous surveillance.