Le temps de l'histoire est un moment privilégié avec notre enfant. Bon, soyons honnêtes, il y a des soirs où on la sauterait bien, cette histoire. Mais tout de même, une fois le livre ouvert, on s'efforce de donner le meilleur ton possible à notre récit. Des voix, des expressions, des tons variés... on s'imagine comédien, le temps de quelques pages.

La joie de se faire raconter des histoires n'est pas réservée qu'aux enfants. Elle nous suit toute notre vie, dans notre amour des films, des romans, des potinages de bureau et des histoires de pêche.

Et comme rien ne se perd, avouons que nous, les parents, avons une préférence à lire à notre enfant les mêmes histoires qu'on se faisait raconter étant petit. Sans l'avouer, on en met plus. On se donne à fond dans les personnages, en espérant fasciner notre petit et partager avec lui une partie de notre enfance. S'il aime, ça flatte nos souvenirs. Remarquez, c'est le même phénomène qui nous pousse à vanter autant Passe-Partout à nos enfants...

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J’ai découvert aussi que les meilleures histoires ne sont pas toujours dans les livres. Ainsi, un soir alors qu'il était déjà au lit, fiston me réclame une histoire. Pas question d'ouvrir la lumière et de sortir un livre, on va en inventer une. Ça ne devrait pas être si difficile...

Voyons  voir... Qu'est-ce que je lui invente?... Je lui sors une aventure fantastique? Un drame moderne? Mise en situation / élément déclencheur / péripéties / dénouement, et si possible une leçon à retenir au bout de tout ça? Je pourrais appliquer les concepts tiers / deux tiers, où l'histoire pivote à deux endroits stratégiques du récit pour créer une mouvance dans le scénario et garder mon public en alerte. Ou alors un récit inversé, avec quelques ellipses, question de laisser mon jeune auditeur ébahi...

«Papaaa? Veux une histoooooire!»

Allez, le père, allume! Tes notions universitaires ne sont pas d'une grande utilité devant des petites oreilles impatientes. La réalité, c'est qu'il y a là un petit bonhomme de deux ans qui ne demande qu’une chose: des mots remplis d’images.

Alors, improvisons... euh... une histoire de... Je me tourne vers un toutou: un petit singe à l’air coquin. Pourquoi pas? Je me mets à placer le singe dans des histoires aussi banales que réelles pour fiston, qui les a déjà vécues: le petit singe s'en va au garage, le petit singe au travail à Montréal, le petit singe fait l'épicerie avec maman.

Et voilà que l'imaginaire s'emballe. C'est maintenant Élie qui raconte les histoires. Je le lance avec une idée, et il démarre, en ajoutant des personnages qu'il connaît et des endroits qu'il a déjà visités. Ainsi, c'est parfois son oncle Sylvain qui s'en va au cirque et qui trébuche sur une pelure de banane avant de tomber sur les fesses. Parfois, des personnages fictifs arrivent, dans des situations rocambolesques que j'aurais eues bien du mal à inventer moi-même.

Et je l'écoute, fasciné. C'est finalement moi qui me fais raconter une histoire. Et je n'ai diablement pas le goût de m'endormir...

Inventer des histoires n'est pas seulement un événement qui se limite au dodo. Chaque petit moment est susceptible de devenir un territoire aux personnages. Ainsi, nous avons chez nous un drôle de type à l'accent allemand, l'œil caché par un bandage, nommé L'inspecteur des dents, dont la tâche consiste à surveiller le brossage de dents. Il y a aussi cette bibitte voleuse de nourriture, qui aime bien voler ce que les enfants ne mangent pas dans leur assiette. Et les spectacles de marionnettes. Et les aventures de Barbe-Rousse et du Pirate Pas-de-Patte dans le bain. Et tant d'autres personnages... Comme ce sont eux, les personnages, qui sont à la base des histoires, leur existence dans l'imaginaire de l'enfant assure des histoires infinies. Et tout un monde d'images.

Si parfois on trouve pénible de raconter 100 fois les mêmes histoires, de manquer son émission de télé favorite ou de lire une histoire que l'on trouve ridicule, il faut se rendre à l'évidence: ce moment magique va rester imprégné longtemps chez notre petit loup.

Dans notre maisonnette, les histoires font partie intégrante de la routine du soir. Le bain, les dents, une histoire et le dodo. Ça tombe bien, les spécialistes disent justement que la routine est très importante pour l'enfant, surtout au moment d'aller au lit.

Ne vous trompez pas, chez les adultes, la routine au lit n'a pas le même intérêt. Mais ça, c'est une autre... histoire!

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