Evo Morales largement contesté par le peuple bolivien

Écrit par Aurélien Girard, La Grande Époque
15.09.2007

 

  • Le président bolivien Evo Morales.(Stringer: STR / 2007 AFP)

La révolution indienne du président bolivien Evo Morales ne se passe pas comme l’ancien cultivateur de coca l’avait prévue : depuis plusieurs mois, Morales est largement contesté non seulement par l’opposition de droite, mais jusque dans son propre camp. En Bolivie ces jours-ci, même les séances du Parlement se transforment en pugilats.

La Bolivie, devenue par la voix de son président le plus fidèle allié – à égalité avec Cuba – du Venezuela d’Hugo Chavez, a fait face la semaine à des grèves générales massives dans six département sur les neuf que compte le pays.

A l’origine de ces grèves et manifestations, la question – rejetée par l’Assemblée – de déplacer le pouvoir législatif de La Paz, capitale administrative actuelle située dans le Nord montagneux du pays, vers Sucre, la capitale historique, dans les riches plaines plus au Sud. Egalement, le blocage depuis plus d’un an de l’Assemblée constituante qui n’a pu entériner un seul article de ce qui doit devenir la nouvelle constitution bolivienne – et qui a agrémenté une de ses dernières sessions d’une bataille collective à coups de pieds et de poings. Et, le renvoi par Morales de quatre juges du Tribunal constitutionnel, gênants et qui auraient été un peu facilement accusés de corruption.

Par ailleurs, l’opposition n’apprécie guère la possibilité de réélection infinie d’Evo Morales sur le modèle vénézuélien, ni les soupçons de remise en cause de la propriété rurale – qui colleraient au modèle politique prôné par le président bolivien.

Dix-neuf mois après l’arrivée au pouvoir dans ce pays andin de neuf millions d’habitants, le plus pauvre de l’Amérique du Sud, de son premier président indigène, la Bolivie apparaît donc coupée en deux géographiquement et ethniquement : d’un côté, les paysans pauvres des montagnes de l’altiplano d’origine quechuas et aymaras, de l’autre, les descendants des colons blancs et métis des plaines agricoles recelant les gisements gaziers, la principale richesse du pays.

Illustrant cette profonde division, M. Percy Fernandez, le maire de Santa-Cruz (Est), la capitale économique, a proposé mercredi de diviser le pays en deux nations, l’une regroupant les riches plaines de l’est et du sud et l’autre les montagnes déshéritées de l’ouest, vivant d’une agriculture de subsistance. La Bolivie connaît une crise sociale profonde qui s’est traduite par une moyenne de vingt-six conflits sociaux enregistrés par mois entre janvier et juin 2007, selon la fondation Unir, une ONG indépendante.