L’union fait la force

Écrit par Patrice-Hans Perrier, Collaboration spéciale
20.09.2007

Les designers de mode québécois se dotent d’un organisme de développement original

Dans un contexte où la délocalisation de la production vers les pays asiatiques frappe le secteur de la mode, plusieurs créatifs s’organisent afin de passer à travers la crise. Et crise il y a, puisque le nombre d’employés dans ce secteur a presque diminué de moitié depuis le début de l’an 2000. Malgré tout, Montréal demeure toujours le troisième centre manufacturier en importance, après New York et Los Angeles.

Alors que les coûts de production augmentent, plusieurs gros manufacturiers optent pour la délocalisation des emplois et la sous-traitance à l’étranger. D’autres, plus conscients de leurs obligations citoyennes, ont pris la courageuse décision de faire fabriquer leurs vêtements ici, à Montréal, en mettant à contribution une partie des employés hautement qualifiés ayant été licenciés dans le cadre des restructurations massives qui ont affecté le secteur en l’espace de deux décennies.

De nouvelles stratégies de production

Mais comment faire pour garder la tête hors de l’eau, alors que les couturières chinoises gagnent en moyenne 50 ¢ de l’heure? Conscients des enjeux de l’heure, une centaine de designers de mode ont pris la courageuse décision de se regrouper, en 2004, au sein d’un organisme à but non lucratif qui agit comme un pool de ressources et d’équipements mis à la disposition de ses membres. S’il ne s’agit pas d’une coopérative, cette structure s’apparente à la gestion participative de certaines entreprises d’économie sociale… sauf que les profits ne sont pas partagés entre les membres. Toutefois, des locaux et des équipements à la fine pointe de la technologie peuvent être loués à des prix dérisoires, ce qui permet aux créatifs du milieu de la mode de surnager dans un monde où les requins de la finance ne font pas de quartier.

Malgré la crise qui sévit dans le secteur, les boutiques auront toujours besoin de marchandise à écouler auprès des consommateurs. Toutefois, plusieurs d’entre eux réclament des produits de qualité, écoconçus et fabriqués de façon équitable. C’est justement cette perche qu’une centaine de designers vient de saisir, histoire d’échapper au marasme ambiant.

C’est ainsi que le LABoratoire Créatif regroupe des designers de tous les horizons, permettant à ses membres de générer plus de 8 millions de dollars de vente de produits conçus et fabriqués au Québec. Si certains membres visent la grande production, la majorité semble plutôt soucieuse de s’en tenir à de la petite production, tentant de gagner des marchés de niche. Les membres de ce regroupement peuvent jouir d’un effet de synergie à tous les stades d’opération d’une entreprise spécialisée dans le domaine du design de mode. Différentes facettes de ce métier sont prises en compte par l’organisme, que ce soit la création, les problèmes de production, de gestion, de distribution, de promotion ou de financement.

Le 13 septembre dernier, le LABoratoire Créatif proposait une vente inusitée pour les curieux désireux de prendre fait et cause pour les produits d’ici. Des créations exclusives d’une vingtaine de nos designers, parmi les plus novateurs, ont attiré les curieux dans le bel espace rénové de l’Écomusée de la rue Amherst, à Montréal. Le design impeccable d’Anastasia Lomonova, les t-shirts confortables d’OÖM Ethikwear ou les créations frivoles d’Annie 50 étaient tous disponibles à des prix soldés pour la circonstance. Un événement qui est venu démontrer que le design de mode québécois n’a pas dit son dernier mot.

Pour en savoir plus sur le LABoratoire créatif : www.labcreatif.ca.