Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Lula lutte contre la criminalité de ses grandes métropoles

Écrit par Bouhafs Farid, collaboration spéciale
23.09.2007
| A-/A+

 

  • La Rocinha, la plus grande favela du Brésil(STF: ANTONIO SCORZA / ImageForum)

Tarso Genro, ministre de la Justice brésilienne a annoncé lundi 20 août la mise en place du plan PRONASCI (programme national sur la sécurité publique et la citoyenneté) de plus de 6,7 milliards de real (2,4 milliards d’euros) dans le but de réduire la criminalité dans les 11 métropoles où l’on observe les plus forts taux d’insécurité. Ce plan propose notamment la hausse du salaire des policiers pour éviter la corruption, la construction de plus de 160 prisons dont des centres  spécialisés dans la formation et l’éducation des jeunes. Le ministre a fait savoir que «ce programme va ainsi créer 30 000 postes dans le secteur pénitentiaire».

Le président Lula lui-même dit qu’ «il s’agit d’une immense offensive de l’Etat pour rendre à la grande majorité des Brésiliens le droit au rêve». En effet, la mégalopole de Rio avec ses 17 millions d’habitants fait rêver : ses plages magnifiques notamment d’Ipanema et de Copacabana, son carnaval, son stade Maracana mythique et son Christ Rédempteur nouvellement nommé parmi les sept nouvelles merveilles du monde par la «New Seven Wonders Foundation» font de Rio une référence culturelle et touristique.

Rio, face à la violence de ses favelas

Cependant, cette ville n’est pas la même pour tous. En effet, 10 % de la population vit dans des favelas (bidonvilles) situées aux bords de la ville et où règnent toutes formes de trafic : drogue, armes, prostitution, gangs... Même si le gouvernement brésilien tente d’y remédier en y apportant l’eau et l’électricité et en faisant parfois d’importantes et spectaculaires arrestations en plein cœur  des favelas, la criminalité ne diminue pas pour autant. Ainsi, en s’inspirant du site «Iraq Bounty Count» qui fait le compte des pertes civiles depuis que la guerre a commencé, deux jeunes informaticiens de Rio ont eu l’idée de créer un site internet afin de recenser le nombre de morts et de blessés depuis le 1er février 2007 dans leur ville.

Leur but est simple : «alerter et choquer l’opinion publique». D’ailleurs les chiffres sont accablants, plus de 1 700 morts et 1 000 blessés en l’espace de six mois seulement, chiffres qui rivalisent avec ceux d’Irak. En effet, entre mai 2003 (début officiel de la guerre) et mars 2007, entre 59 000 et 65 000 Irakiens sont morts sous les violences, soit autant que ceux morts dans la mégalopole de Rio en 2005. Et, d’après le professeur Sergio Ardono de la cellule pour les études de la violence à l’université de Sao Paulo, «beaucoup de crimes ne sont pas recensés parce que les citoyens ne font pas confiance à la police, ni à la justice». Hercules Mendes, présidente d’une association de quartier tente d’alarmer les autorités lors d’une réunion avec les chefs de la police et de son quartier : «Nous en sommes arrivés au point de lancer un appel au secours. Nous ne supportons plus de perdre amis, parents ou enfants à cause de la violence armée. Il est urgent de prendre des mesures pour changer ce scénario de mort». Les victimes ne cessent donc d’augmenter et l’impuissance de la population fait qu’ils vivent en permanence dans un climat de guerre.

Le 1er avril 2005, un véritable drame s’est produit dans le quartier Baixada Fluminense faisant trente morts dont de nombreux enfants. Des hommes circulant à bord d’une voiture auraient simplement tiré sur les victimes : ce fléau est appelé « escadron de la mort ». Amnesty International avait alors déclaré : «Un massacre de cette ampleur ne s’était pas produit à Rio depuis 1993, année des massacres de Candelaria et  Vigario Geral. Tout espoir de voir de tels actes rangés parmi les horreurs du passé a été brisé par les évènements de la nuit dernière, qui ont montré jusqu’où les escadrons de la mort étaient déterminés à aller pour semer la terreur et résister aux tentatives des autorités pour mettre un terme à leurs activités». Onze policiers ont alors été arrêtés ; six d’entre eux ont été libérés par la suite. A ce jour, seul l’un d’entre eux a été jugé et condamné.

Les règlements de compte et les raps sont aussi très fréquents. Le vice-président de la très populaire Ecole de Samba Guaracy Paes Falcao, son oncle et son cousin ont été tués en 2006 dans un incroyable bain de sang. A Rio, seulement 5 % des homicides sont élucidés. Les rapts les plus connus sont ceux perpétrés sur les membres de famille des stars du football de la Selecao. La sœur de l’attaquant de Milan AC Ricardo Oliveira et la mère de Robinho (attaquant du Real de Madrid) ont été enlevées dans l’Etat de Sao Paulo. Ce dernier fut profondément choqué par la tournure qu’ont pris les évènements. En effet, Robinho a fait appel à la police brésilienne, en vain. Il a alors décidé de négocier directement avec les ravisseurs et après 41 jours de séquestration, sa mère a été libérée moyennant une somme d’argent importante. Maintenant à la mode en Colombie, les enlèvements franchissent les frontières.

«Ce plan ne suffira pas»

Alors quel sera l’effet de ce plan face à la violence régnant dans les métropoles brésiliennes ? à ces homicides de plus en plus violents ? Le président Lula a dit lors de la présentation du programme à Brasilia que «ce plan ne suffira pas à compenser des siècles d’inégalité qui ont servi de terreau à cette violence» mais prévoit tout de même «de grandes améliorations dans 3 à 5 ans».

 

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.