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Professeurs et parents d’élèves, quel consensus ?

Écrit par Christine Modock, La Grande Époque - Martinique
25.09.2007
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  • A Clisthène, les parents peuvent être u00ab relais », c’est-à-dire chargés de répercuter des informations transmises par l’équipe enseignante(PIG: NICOLAS TUCAT / ImageForum)

Douze millions d’élèves ont repris l’école et déjà le corps enseignant montre son insatisfaction face à l’insuffisance de l’effectif des enseignants chargés d’accueillir nos enfants. Une angoisse qui s’est accrue avec la suppression des postes enregistrés en raison du non renouvellement des départs à la retraite et des contraintes budgétaires. Ainsi, cette rentrée s’annonce difficile avec des classes chargées et le recours aux heures supplémentaires.

Du côté des parents d’élèves, la rentrée accuse un surcoût de 2,06 % pour 2007 et ce malgré les directives ministérielles demandant aux chefs d’établissement «de limiter au strict nécessaire les listes de fournitures».

Ainsi, pour le corps enseignant,  il y a une véritable inquiétude de « bâcler » la qualité des cours  pour répondre à des impératifs budgétaires de limitation des dépenses de l’Etat. Tandis que les parents d’élèves, pour leur part, sont en position d’exiger pour leurs enfants une meilleure qualité d’enseignement, en raison des efforts faits pour répondre aux coûts exorbitants des frais de rentrée scolaire et du besoin impérieux de voir leur progéniture s’intégrer dans le système économique et social actuel. Il y a manifestement des deux côtés une attitude juste et compréhensive qui ne devrait pas, en principe, s’opposer.

Toutefois, l’une des principales préoccupations du corps enseignant concerne les difficultés que rencontrent les professeurs au sein de leur classe avec leurs élèves et les réactions quelquefois violentes des parents,  accusant un système éducatif peu adapté, qui ne transmet pas des connaissances de base et crée des carences élémentaires dans la transmission du savoir. Il va sans dire que l’échec scolaire est devenu une donne importante du malaise qui sévit actuellement et l’une des causes sérieuses de la critique constante des principes pédagogiques mis en application.

Selon un rapport du haut conseil de l’éducation, «près de 15 % des enfants qui entrent en sixième ne maîtrisent rien du français écrit ou oral», tandis que «25% des élèves ont des acquis fragiles» pour la poursuite de leurs études.

Depuis de nombreuses années, les méthodes actuelles d’enseignement font effectivement l’objet d’attaques virulentes. On est passé volontiers d’une pédagogie à l’autre, pour tenter de trouver des réponses aux difficultés scolaires de nos enfants. A cela s’ajoute une approche psychologique, visant à éviter tout traumatisme de l’enfant, en bafouant sans remord, l’autorité des professeurs. C’est ainsi que l’on arrive à une situation où «l’enfant roi», qui ne doit pas être bousculé, parvient à prendre le dessus, voire «mater» son professeur avec l’appui de ses parents. S’Il est vrai que le dispositif pédagogique de mai 1968, qui prônait la protection du droit des élèves, visait dans un premier temps à permettre l’expression libre de nos enfants, il n’avait pas dans l’esprit de la lettre, à faire échec à toute autorité. Toutefois, dans la pratique et au fil du temps, les concepts vont être complètement inversés avec un corps enseignant fébrile et craintif et des élèves déterminés dans l’affirmation de leur liberté et la revendication du droit au respect de leur personne. Ils exigent haut et fort leurs privilèges sans pour autant avoir conscience de leurs obligations à l’égard de leurs enseignants, de la société et de leur famille.

Ainsi, les limites non définies à un principe de liberté, légitime au demeurant, peuvent entraîner des dérives dramatiques. C’est le cas du jugement rendu par le procureur d’Amiens,  le 7 septembre 2007, qui a condamné un parent d’élèves ayant agressé un professeur d’un coup de poing, pour avoir dit au parent concerné que leur fils était dur.

Les enseignants ont beaucoup de mal à s’y retrouver, face à des méthodes qui ont changé ; pour les parents, il en est de même, car ils n’ont plus les repères de l’école qu’ils ont connus.

Dans le discours du chef de l’Etat à l’occasion de la lettre ouverte à tous les enseignants, il est question de refonte de la pédagogie éducative issue des évènements de mai 68. Il existe une volonté de repenser à la base l’éducation républicaine pour apporter des changements en profondeur. Chacun reconnait le bien-fondé de cette intention, mais les modèles à construire feront certainement l’objet de critiques diverses.

Pour l’heure, Nicolas Sarkozy prône «une rénovation du modèle républicain» et affirme qu’il faut «donner à chacun de nos enfants, à chaque adolescent de notre pays l’estime de lui-même, par la refonte du projet éducatif». Pour cela il souhaite l’aide des éducateurs, des enseignants et des parents.

Arrivera-t-on à retrouver l’esprit des bons vieux principes de respect et de civisme qui étaient à la base de notre pédagogie éducative ? Parviendrons-nous à repenser complètement l’éducation non seulement au niveau du savoir, mais aussi dans la trame des débouchés pour que nos jeunes fassent confiance aux institutions, et que celles-ci leur apportent la sécurité qu’ils sont en droit d’obtenir d’une société à laquelle ils appartiennent.

Il semble donc impératif de trouver un consensus entre l’ensemble des partenaires concernés dans l’intérêt de nos enfants, qui seront les adultes de demain.

 

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