Au pays de la canneberge

Écrit par Patrice-Hans Perrier, Collaboration spéciale
26.09.2007

 

Les produits du terroir du Centre-du-Québec se démarquent  

  • De bonnes canneberges(攝影: / 大紀元)

Les produits du terroir font la fierté de nos régions, mais ils permettent surtout aux petits agriculteurs de développer des marchés de niche. Si la Montérégie est célèbre pour ses pommes, la région des Bois-Francs pourrait être qualifiée de capitale de la canneberge. Et il y a de quoi, lorsque l’on sait que cette culture fruitière rapporte plus de 35 millions de dollars chaque année… des revenus qui dépassent ceux des bleuets ou des pommes!

Alors que la canneberge est surtout utilisée pour produire des jus, certains producteurs tentent de développer des produits à valeur ajoutée. C’est ainsi que certains petits producteurs autochtones ont déjà attaqué le marché des produits fins à base de canneberge. Outre le jus de canneberge, reconnu pour ses propriétés diurétiques, et la fameuse gelée aux atocas, il s’agit d’un fruit qui attire de plus en plus l’attention des gourmets. La compagnie Nutra-Fruit, de Québec, commercialise actuellement toute une gamme de produits dérivés de la canneberge : des coulis, du thé, de la tartinade, de la moutarde forte, du vinaigre et même du chutney à la canneberge!

Actuellement, la saison des canneberges débute, alors qu’une quarantaine de producteurs s’apprêteraient à récolter autour de 85 millions de livres de ce délicieux petit fruit rouge. Le sol marécageux d’une partie des Bois-Francs favorise la culture d’un aliment miracle qui est reconnu pour ses vertus curatives. En effet, la canneberge est recommandée afin de traiter les problèmes urinaires, d’améliorer la circulation sanguine, ou d’équilibrer la flore intestinale. Toutefois, il semblerait que les vertus gustatives de la canneberge ne seraient pas exploitées à leur juste valeur.

De nouvelles affinités

Parallèlement à une agriculture qui se cherche de nouveaux débouchés, l’agrotourisme persiste et signe. Les curieux et les gourmands peuvent désormais se rendre au Centre d’interprétation de la canneberge (CIC), une véritable ruche bourdonnant d’activités qui ouvre ses portes aux visiteurs entre le 21 septembre et le 14 octobre. Sis à Saint-Louis-de-Blandford, le centre permet d’assister au spectacle coloré de la récolte de ce petit fruit magique. Rien n’a été ménagé pour instruire les visiteurs à propos des processus qui ont cours lors de la cueillette et de la transformation du fruit. Les gastronomes peuvent même déguster et se procurer toute une variété de produits à base de canneberge. Après un premier tour de piste au CIC, les visiteurs seront transportés jusqu’à la ferme d’un producteur collaborateur afin d’assister à certaines étapes de la récolte.

Mais il n’y a pas que la canneberge qui mobilise les agriculteurs et les producteurs de denrées alimentaires, les producteurs laitiers sont fort actifs dans cette région qui aurait été reconnue comme le berceau laitier du Canada. Et ce ne sont pas les produits dérivés du lait qui manquent à l’appel. En effet, la région met en marché quantité de produits laitiers de seconde transformation, dont les célèbres fromages de brebis de la fromagerie La Moutonnière. Cette petite ferme, bien établie à Sainte-Hélène-de-Chester, produit des fromages et des yogourts de brebis qui se sont mérité plusieurs prix dans le cadre du Concours annuel de l’American Cheese Society (ACS), un événement fort couru qui se déroule à Burlington, au Vermont.

Le dialogue des papilles

Tous les gourmets de ce monde vous le diront : vins et fromages font la paire. Si notre température n’est pas très clémente, une poignée d’irréductibles viticulteurs ont réussi à introduire des cépages et des méthodes de culture de la vigne qui permettent de contourner les rigueurs de dame nature. Le magnifique vignoble les Côtes du Gavet déroule son tapis de vigne dans un petit vallon qui accueille un microclimat favorable à cette noble entreprise. L’automne, c’est le temps des vendanges et les propriétaires attendent des renforts qui leur permettront d’élaborer des petits vins du terroir, ma foi, très honnêtes. Un membre de l’équipe rédactionnelle de La Grande Époque était justement sur les lieux, histoire de déguster la gamme de vins de ce producteur qui ne fait pas les choses à moitié. Le rosé est savoureux, ni trop boisé, ni trop sucré, fort bien équilibré… à mille lieux de la Provence, cette terre bénie des amateurs de ce type de vin.

Vins et fromages nous ayant délié les papilles, nous nous sommes retrouvés à la ferme Les Cerfs Du-Bé, une entreprise familiale qui commercialise la viande de cerf rouge. Il s’agit d’une espèce idéale pour la reproduction, et la plupart des bêtes de la ferme proviennent de la Nouvelle-Zélande ou des Balkans. Sans être le cerf de Virginie (espèce vivant au Québec que l’on appelle fautivement le chevreuil), le cerf rouge s’acclimate particulièrement bien à notre climat. Toutefois, le gouvernement canadien aurait adopté un moratoire, en 1997, qui interdit d’importer des animaux vivants. Seuls les embryons ou la semence peuvent encore voyager jusqu’à nous… toujours est-il que les producteurs québécois mettent le paquet afin de maximiser les conditions de reproduction de cette espèce de cervidé. Il est possible de déguster et d’emporter des portions de cette viande délectable. Bien assaisonnée et accompagnée d’un bon verre de vin rouge, la viande de cerf ne comporte pratiquement aucun gras dommageable.

Les consommateurs se mettent au diapason des régions

Les vacances de la construction sont terminées, mais qu’à cela ne tienne, certains profitent encore des derniers rayons de soleil pour s’évader des grandes villes le week-end venu. Les responsables du développement du tourisme de la région des Bois-Francs ont justement mis sur pied une «balade gourmande dans la région des Bois-Francs» qui se déroulera les samedis et dimanches prochains, les 29 et 30 septembre ainsi que les 6 et 7 octobre. C’est un véritable parcours du combattant qui vous y attend, si vous êtes une bonne fourchette ou, à tout le moins, un tantinet gourmand! Pas moins de 80 intervenants se sont associés à Tourisme Bois-Francs afin de tricoter les mailles d’un parcours qui devrait être riche en saveurs et impressions diverses. Des hôtels et des gîtes touristiques offrent, justement, des forfaits qui comprennent l’hébergement et de petits parcours à la carte qui s’inscrivent à merveille dans tout ce grand branle-bas de combat d’une région agricole qui a décidé de ne pas baisser pavillon!

Outre les producteurs et les transformateurs de produits du terroir, les amateurs d’horticulture pourront se rendre au parc Marie-Victorin, de Kingsey Falls. Les 29 acres de ce domaine, béni des dieux, comprennent une étonnante variété de plantes et de fleurs indigènes ou exotiques, et on peut même y déguster des variétés de fleurs comestibles lors d’une activité d’interprétation. Vos sens seront comblés par les formes, les couleurs et les senteurs qui composent ce véritable tableau en plein air.

Une activité complémentaire à l’agriculture

Plusieurs analystes s’entendent pour dire que l’agrotourisme constitue une activité touristique complémentaire à l’agriculture. Chemin faisant, les producteurs locaux ont la possibilité d’ouvrir leurs portes aux touristes afin de leur faire prendre conscience des atouts de la région. Au-delà des ballades gourmandes, c’est une véritable prise de conscience qui est susceptible de jaillir d’un tel parcours. Les visites et les activités d’animation mettent en relief le fragile équilibre qui unit les cultivateurs à l’écosystème des milieux ruraux. Bien au-delà d’une opération marchande, cette approche a permis d’irriguer une quantité d’activités culturelles et de donner naissance à des économusées, des festivals, des tables champêtres, des activités d’autocueillette, bref, de dynamiser une région entière.

L’organisme Équiterre estime qu’il s’agirait du type de vacances le plus écologique qui soit, puisque tous les chemins du Québec mènent facilement aux Bois-Francs. En outre, les vacanciers ne seront pas susceptibles de dépenser une quantité astronomique de carburant et ils contribueront à «encourager une agriculture beaucoup moins polluante et exigeante pour le sol, l’air et l’eau». Les citadins pourront donc prendre la clef des champs au gré d’un parcours qui les amènera à réaliser l’importance de cette région pour l’agriculture au Québec.

Pour en savoir davantage sur la «balade gourmande dans les Bois-Francs» :

composer le 1 888 758-9451 ou visiter le www.tourismeboisfrancs.com.