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Le peuple en marche pour l’accès à la terre

Écrit par ICRA International
27.09.2007
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  • Des femmes adivasis assises lors d’une manifestation(Staff: RAVEENDRAN / 2005 AFP)

INDE

Du 2 octobre (date anniversaire de la naissance de Gandhi) au 22 octobre 2007, une marche de 350 km, de Gwalior à New Delhi, réunira 25 000 ruraux (sans terre, ouvriers agricoles, membres d’organisations de défense des droits de l’homme, etc.) venus des quatre coins du pays.

Depuis les élections de 2004, le gouvernement fédéral indien a promis d’appliquer la réforme agraire existante. Mais les paysans ne voient toujours rien venir. Ekta Parishad a donc décidé de réagir. Le mode d’action privilégié d’Ekta Parishad est la padyatra qui consiste en une marche pacifique d’information et de revendication, inspirée du modèle gandhien.

Ekta Parishad est un mouvement d’inspiration gandhienne qui s’est construit, il y a plus de quinze ans, sur la base d’une mobilisation populaire locale dans divers États de l’Inde pour atteindre une dimension nationale. Sous l’impulsion de son leader charismatique Rajagopal, l’action de cette organisation regroupe aujourd’hui 150 000 membres, et on estime à plus de 10 millions le nombre de personnes concernées par son activité. Elle est présente dans huit États et agit dans plus de 4000 villages.

Ce mouvement oeuvre plus particulièrement auprès des petits paysans, des Dalits (intouchables) et des Adivasis (communautés tribales), autour d’une double activité. D’une part, il fournit un appui à des projets de développement communautaire et local en vue d’atteindre l’autosuffisance et de compenser les lacunes des programmes gouvernementaux. D’autre part, il organise des mobilisations pour réclamer l’accès aux droits et, tout particulièrement, l’accès à la terre et aux ressources de base.

Dans la capitale fédérale, ils seront rejoints par plus de 100 000 manifestants pour un sit-in organisé devant le Parlement, dont la durée dépendra de la nature des engagements pris par le gouvernement en ce qui concerne l’application des droits des laissés-pour-compte.

Depuis près de deux ans, la mobilisation se prépare. De nombreux rassemblements ont ainsi été organisés – dont la Chetawni yatra, en octobre 2006 – et Rajagopal a rencontré le premier ministre à plusieurs reprises.

Ekta Parishad n’en est pas à son coup d’essai et a déjà montré sa capacité, autant logistique que politique, à organiser ce genre d’initiative. Quasiment tous les ans depuis 1991, Rajagopal et Ekta Parishad coordonnent des marches de ce type, en prenant soin de les ancrer dans une forte mobilisation locale et en s’appuyant sur des campagnes de solidarité menées au niveau international. Chaque fois, des résultats concrets ont été obtenus et le mouvement non violent n’a pas hésité à s’impliquer dans leur application. Ces différentes marches ont notamment permis la création de commissions paritaires locales pour la redistribution des terres dans les États du Madhya Pradesh et du Chhattisgarh (situés au centre de l’Inde).

Les revendications

Ekta Parishad estime que les Task Forces (forces opérationnelles) créées par le gouvernement indien à l’issue des premières marches, au début des années 2000, et censées assurer l’allocation et la distribution des terres, ne sont pas effectives. Beaucoup d’autres problèmes subsistent également comme ceux liés à l’application de la Tribal Bill, «Loi tribale» votée en 2005 pour la reconnaissance des droits des populations tribales vivant dans les forêts, qui n’a jamais été traduite en décret d’application sous la pression des lobbys économiques (en particulier, des exploitants forestiers). De nombreux paysans se retrouvent acculés à des gestes et engagements extrêmes: les suicides de paysans se multiplient et l’adhésion aux mouvements armés naxalites (groupes politiques armés) s’amplifie. Face à cette situation, Ekta Parishad préconise trois mesures prioritaires:

  • La création d’une Autorité nationale pour la terre (National Authority of Land) qui répondra aux demandes des plus pauvres et des sans-terre, et traitera les problèmes de pauvreté, de migrations et de violence liés à la terre.
  • La création de cours de justice à comparution rapide (Fast Track) permettant de traiter plus rapidement les conflits fonciers et d’empêcher certains potentats locaux de conserver des terres de façon illégitime.
  • La création d’un système de guichet unique (one window system) facilitant l’accès à la terre pour les petits paysans qui, à l’heure actuelle, font face à de multiples interlocuteurs administratifs. Ce système est déjà proposé par le gouvernement indien (...) pour l’installation des firmes multinationales!

La méthode: une marche non violente

À la violence des situations qu’ils subissent au quotidien, ces millions de citoyens indiens refusent de répondre par des actions agressives. Loin d’être passifs et silencieux, ils ont recours à des actes symboliques et créatifs pour obtenir gain de cause.

Janadesh , c’est-à-dire «la volonté du peuple», cette marche pour les droits en sera le point d’orgue. Dans la tradition gandhienne, ces millions d’exclus ont choisi de se mobiliser pacifiquement en s’informant sur leurs droits et en s’organisant pour les défendre.

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.