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Des conclusions d’études biaisées par les compagnies pharmaceutiques qui les financent

Écrit par Dr. John Briffa La Grande Époque Londres
10.01.2008
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  • medicament(Stringer: AFP / 2006 AFP)

L’industrie pharmaceutique utilise toutes ses ressources scientifiques, mais aussi sa puissance financière, pour augmenter la probabilité que ses produits arrivent sur le marché. 

 

Au début du mois de décembre, la revue scientifique anglaise British Medical Journal (BMJ) a publié un article de synthèse sur les résultats des différents « méta-analyses » sur le sujet. Les méta-analyses sont des études qui compilent et analysent de façon groupée un grand nombre de données déjà publiées, ceci afin d’obtenir un point de vue d’ensemble sur un sujet particulier, par exemple l’efficacité d’un traitement.    

Les chercheurs qui ont réalisé cette synthèse ont travaillé sur un total de 124 méta-analyses concernant le traitement pharmaceutique de l’hypertension. Ils ont alors comparé les résultats des méta-analyses financièrement aidées par une entreprise pharmaceutique avec celles qui n’avaient pas reçu de tel soutien. Ils ont alors analysé la relation entre financement et résultats des méta-analyses.

Les résultats indiquent qu’avoir un lien avec une entreprise pharmaceutique ne biaise pas les résultats chiffrés d’une méta-analyse. On reste dans une stricte objectivité scientifique à ce niveau. Cependant, lorsque les auteurs de l’article de synthèse sont allés plus avant et ont évalué la relation entre le financement et les conclusions tirées par les auteurs des méta-analyses, les résultats ont été différents : les méta-analyses financièrement aidées par des entreprises pharmaceutiques sont quatre à cinq fois plus susceptibles d’avoir une conclusion positive que les études financées indépendamment.

Ce que ceci démontre est que, si le travail des chercheurs est réalisé rigoureusement et objectivement, l’appréciation des résultats obtenus par ces chercheurs est fortement influencée par la source du financement de l’étude. Ceci pourrait s’expliquer comme un mécanisme « inconscient » lié au souhait de voir les financements ultérieurement reconduits. Mais, plus prosaïquement, cela pourrait aussi être lié au fait que lorsque des entreprises réalisent des contrats de financement avec des chercheurs, ces contrats mentionnent quasi-systématiquement le droit de l’industriel à « commenter » tout projet de publication scientifique… et donc à ajouter leur proprevision, commerciale, à celle-ci.

Cet article de synthèse met directement en cause la procédure de peer review (évaluation scientifique par des pairs) des publications scientifiques, procédure qui fait qu’un article scientifique n’est publié qu’après que des experts aient vérifié la qualité de la recherche et de sa méthodologie.

Un des objectifs de ces évaluations est de détecter et de refuser la publication d’études dans lesquelles il y aurait discordance entre les résultats et les conclusions tirées par les auteurs de l’étude. Cependant, il semble que certaines évaluations échouent  à le faire.

Les auteurs de l’article de synthèse de BJM concluent donc : « Les éditeurs ainsi que les évaluateurs scientifiques ont lu des versions manuscrites de ces méta-analyses contenant des résultats et des conclusions discordantes, cependant ils n’ont pas empêché la publication des conclusions biaisées. Les éditeurs et les  évaluateurs, ainsi que les  décideurs institutionnels, les méta-analystes et les lecteurs devraient scruter de près les conclusions des méta-analyses afin de s’assurer qu’elles sont soutenues par les données statistiques. » 

Financial ties and concordance between results and conclusions in meta-analyses: retrospective cohort study, publié dans le British Medical Journal le 16 novembre 2007 par V. Yank, réf. doi: 10.1136/bmj.39376.447211.BE

 

Le Dr. John Briffa exerce à Londres. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la nutrition et la médecine naturelle. Il dispense des conseils pratiques dans ces disciplines sur son site Internet : www.drbriffa.com

 

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