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Les erreurs médicales et la difficulté à demander pardon

Écrit par Dr. John Briffa La Grande Époque Londres
11.01.2008
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  • medecin patient(攝影: / 大紀元)

Je crois beaucoup en cette notion que la bonne médecine est autant un art qu’une science. Ce point de vue  se fonde en partie sur la croyance que l’efficacité d’un professionnel de la santé est, non seulement, influencée par des choses comme la connaissance et le savoir-faire technique, mais également par sa capacité à communiquer de manière claire et bienveillante avec ses patients.

 

Une situation où la communication entre un médecin et un patient peut être d’une importance capitale, c’est – malheureusement – quand les choses tournent mal. Les médecins peuvent commettre des erreurs (nous ne sommes, après tout, que des humains), et lorsque cela se produit, les conséquences peuvent être catastrophiques. 

Dans une édition récente du New England Journal of Medecine  (NEJM), (une prestigieuse revue médicale américaine, ndt), deux médecins racontent ce qu’ils ont appris en tournant un film sur les effets que les erreurs médicales  engendrent sur les patients, leurs familles et les médecins en question [1]. 

Il est communément admis que les médecins peuvent ressentir  de la culpabilité ou de la honte suite à leurs erreurs. Cependant, l’article publié dans le NEJM met aussi en avant l’idée que les membres de la famille éprouvent souvent des sentiments similaires, voire plus forts, de culpabilité, parce que tout d’abord, ils pensent n’avoir pas été suffisamment présents pour protéger leurs proches.  

Un autre thème abordé dans la réalisation de ce film était la peur que les patients et leurs familles peuvent ressentir à propos du mal qu’ils pourraient  subir ultérieurement, y compris  par rétorsion des professionnels de santé, s’ils étaient amenés à exprimer leurs sentiments ou même à poser des questions sur les erreurs qu’ils ont remarquées. Les chercheurs ont, plus profondément, identifié une possibilité de la part des médecins de se détourner des patients qu’ils ont mal traités, les isolant au moment où ils sont le plus en demande. 

Surtout, le NEJM appelle à la  transparence et à une culture dans laquelle il serait plus facile aux médecins de demander « Pardon ».

Pourquoi est-il si difficile pour les médecins d’admettre qu’ils ont commis des erreurs ? L’une des explications possibles, bien sûr, est qu’un médecin réellement désireux de venir en aide aux autres trouvera très certainement embarrassante l’idée de blesser un patient. Une stratégie qui peut être employée ici est de tenter d’ignorer la question, ou  au moins de la chasser de son esprit.

Il y a aussi le fait que la médecine est une profession dans laquelle les enjeux sont grands, non seulement en terme de résultats mais également en terme de réputation professionnelle, et peut-être même en terme  d’habilitation à pratiquer. Dans un tel environnement, faire face à ces problématiques et demander pardon peut parfois dépasser les médecins. 

Enfin, comme l’article le souligne, un facteur qui alimente certainement cette attitude est le risque de procès. Selon les auteurs de l’article  du NEJM : « Bien qu’une pleine révélation des erreurs médicales soit reconnue de plus en plus comme étant d’une éthique impérative, les personnels de santé évitent de prendre une responsabilité personnelle dans une erreur et pensent qu’ils doivent ‘choisir attentivement leurs mots’ ou présenter un ‘aspect’ positif des choses ». Les hôpitaux, les assureurs et les avocats mettent fréquemment en garde les médecins sur les dangers d’utiliser des mots tels que erreur, mal, négligence, faute ou méprise.  

D’après les auteurs, les systèmes de santé ont besoin d’une structure qui rétablisse la communication et réponde aux besoins émotionnels. En particulier, ils lancent un appel aux patients et à leurs familles pour donner leur opinion sur toutes les propositions de traitement. Mettre en lumière les questions entourant les erreurs médicales est une bonne chose, et impliquer toutes les parties concernées dans la recherche d’une solution est ce qui fait le plus de sens.

L’une des raisons pour lesquelles j’écris cela est, qu’en tant que médecin, j’ai rencontré en beaucoup d’occasions des patients qui se sont sentis « trompés », mais également en colère ou remplis d’amertume parce qu’ils pensent qu’ils n’obtiennent jamais la vérité ou qu’une excuse  leur  est due.

Pour certains patients, le mot « pardon » a un énorme pouvoir. Et je soupçonne que le dire plus souvent donnera aussi à beaucoup d’entre nous, médecins, une capacité à faire du bien, aussi. Mon espoir est que dans le futur nous développions une culture au sein de la médecine où ce mot sera prononcé beaucoup plus facilement.

 

Références :

1. Guilty, Afraid, and Alone — Struggling With Medical Error dans NEJM 2007 357(17): 1682–1683 par Tom Delbanco

 

Le Dr. John Briffa exerce à Londres. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la nutrition et la médecine naturelle. Il dispense des conseils pratiques dans ces disciplines sur son site Internet : www.drbriffa.com

 

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