Le sort des personnes disparues pendant le cyclone enfin évoqué

Écrit par Irin News
11.01.2008
  • Faridabegum Musulli(攝影: / 大紀元)

BANGLADESH

KHEKUANI – Près d’un mois et demi après le passage du cyclone Sidr, qui a ravagé une bonne partie du sud-ouest du Bangladesh, Faridabegum Musulli attend encore le retour de son mari.

«Nous n’avons aucune nouvelle», a déclaré cette femme de 35 ans et mère de quatre enfants, qui vit à Khekuani, une commune essentiellement agricole de 3500 habitants, dans le district sinistré de Barguna au Bangladesh.

«Les recherches menées pendant plusieurs jours dans la région n’ont rien donné», a-t-elle déploré.

Deux jours avant le passage du cyclone, son mari Forkun et huit de ses amis se rendaient à Sonar Char, une île de la côte dans le district sud de Patuakhali. Ils devaient y être employés comme travailleurs agricoles journaliers, mais l’embarcation dans laquelle ils avaient pris place a été emportée par une vague géante le 15 novembre dernier.

Cette tempête de force quatre – considérée comme le plus puissant cyclone ayant frappé ce pays de rivières et de deltas depuis plus de quinze ans – a fait plus de 3000 morts et des millions de sans-abri.

Mais si de nombreux reportages ont été consacrés aux dégâts causés par le cyclone Sidr et à ses conséquences sur la vie de quelque neuf millions de personnes, on sait très peu de choses sur les personnes portées disparues ou sur leurs familles qui se battent désormais pour reconstruire leur vie.

«Leur histoire n’est pas connue», a indiqué à IRIN un travailleur humanitaire basé dans la ville de Barisal, un point focal important pour les opérations humanitaires en cours.

«Et je crains que leur peine ne s’efface pas de sitôt», a-t-il ajouté.

Près de 900 personnes portées disparues

Selon la société du Croissant-Rouge bangladais, 871 personnes sont encore portées disparues, des femmes et des enfants pour la plupart.

«La mer a emporté mon bébé», a raconté une jeune femme, expliquant dans les détails comment elle s’était agrippée à un arbre en serrant entre ses dents, telle une lionne, les vêtements de sa petite fille, avant de la voir disparaître en quelques secondes.

«Je ne la retrouve nulle part», s’est-elle lamentée.

Mahmuda et Jesmin, deux jeunes femmes de 22 ans, ont perdu leurs enfants alors qu’elles tentaient de se réfugier derrière le remblai d’un polder tout proche.

«Cela s’est passé très rapidement. Je ne sais pas si mon bébé est vivant ou mort», a affirmé Jesmin.

De nombreux parents ont perdu leurs enfants en tentant de les sauver; des enfants retrouvés noyés dans les rizières, leurs petits corps écrasés, gravement mutilés et désarticulés. Certains corps ont été emportés près de 10 kilomètres plus loin par des vagues qui atteignaient parfois plus de cinq mètres de hauteur, alors que d’autres ont été retrouvés suspendus à la cime des arbres.

«J’ai perdu mon fils de trois ans», a confié à IRIN Abdur Rashid, un paysan de 50 ans vivant à Boro Bighai, un village du sud-ouest du Bangladesh. «Il n’a pas encore été retrouvé et je ne pense pas qu’ils le retrouveront.»

Une base de données des personnes disparues

Dans les zones rurales frappées par le cyclone, il n’est pas facile de rendre ces informations accessibles à tout le monde. Le Croissant-Rouge bangladais s’emploie donc à créer une base de données des personnes disparues afin d’établir un lien avec leurs familles.

«Nous travaillons sur cette base de données et avons actuellement mis en place un programme de recherche financé par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR)», a expliqué à IRIN Mohammed Shafiul Alam, secrétaire général de la Société du Croissant-Rouge bangladais à Dhaka, la capitale du Bangladesh.

M. Alam a également insisté sur le travail que réalisent quelque 3000 à 4000 bénévoles formés par le Croissant-Rouge pour collecter manuellement des informations sur le terrain.

«En recueillant les noms et les adresses des personnes disparues, nous essayons d’aider les familles du mieux que nous pouvons», a dit M. Alam.

Mais avec chaque jour qui passe, l’espoir de retrouver les disparus s’amenuise, et bon nombre de familles s’interrogent sur leur avenir.

Entourée d’autres villageois, Faridabegum, les larmes aux yeux, se souvient de l’homme qu’elle a aimé; cet homme qui n’aspirait qu’à nourrir sa pauvre famille et qui gagnait moins d’un dollar par jour.

«J’aurais préféré mourir à sa place. Qui va désormais s’occuper de moi et de ma famille? Qui m’aimera comme mon mari m’a aimée?», a-t-elle dit en pleurant.