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Protéger les Indiens c’est protéger la forêt amazonienne

Écrit par Héloïse Roc, La Grande Époque - Paris
12.01.2008
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  • Des enfants Yamomati en train de jouer(STR: POOL / ImageForum)

Le chaman Davi Kopenawa est de nouveau mandaté par les siens, les indiens de la tribu Yanomami. C’est, par l’intermédiaire du quotidien allemand Neue Osnabrücke Zeitung paru le 31 décembre qu’il interpelle la chancelière allemande Angela Merkel : «J’appelle Madame Merkel, les hommes politiques d’Allemagne et les autres chefs de Gouvernement d’Europe à signer la convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT), qui protège les peuples indigènes au niveau mondial.»

En effet cette convention, entrée en vigueur en 1991, reconnaissait les droits fondamentaux des peuples indigènes (droits à la terre, droit à disposer d’eux-mêmes). Cependant elle n’a pas été ratifiée par tous les États et son premier objectif qui était de mettre les populations indiennes à l’abri du mercantilisme forestier, ne fonctionne plus. Les populations indigènes sont de nouveau en danger, leur sécurité dans la forêt demeure fragile. Ils se mobilisent encore et demandent un consensus international et une ratification généralisée de la convention 169 qui jusqu’à présent n’a été signée que par une quinzaine d’États : les sud-américains et trois pays européens (le Danemark, la Norvège et l’Espagne).

SAUVER LA FORÊT DU GÉNOCIDE DES HOMMES, DES OISEAUX, DES ANIMAUX…

Davi Kopenawa lauréat du prix «Global 500» pour l’environnement des Nations unies, déplore le manque de soutien international accordé à sa tribu, et déclare : «Le ciel est sombre et plein de fumée parce que les Blancs brûlent la forêt. L’été dernier a été chaud comme jamais auparavant. Nous sommes très inquiets que le feu tue tous les animaux et les oiseaux de la forêt, et nous les hommes». Lors de sa visite à Londres Davi avait déclaré que la seule façon de protéger la forêt amazonienne serait de protéger les Indiens, en reconnaissant leurs droits territoriaux. Il avait ajouté : «Vous, les napëpë (les Blancs) vous voulez que nous devenions comme vous au nom de ce que vous appelez le ‘développement’. Mais nous savons que cela ne nous apportera que maladies et mort. Maintenant vous voulez acheter des parcelles de forêt tropicale ou cultiver des biocarburants. Cela est inutile».

Il a ajouté : «La forêt ne peut être achetée ; elle est notre vie et nous l’avons toujours protégée. Sans la forêt, il n’y a que la maladie et sans nous, ce n’est que de la terre morte. Il est grand temps que vous commenciez à nous écouter. Rendez-nous nos terres et notre santé avant qu’il ne soit trop tard pour nous et trop tard pour vous».

LES CHERCHEURS D’OR POLLUENT LA FORÊT

Dans les années 1970 et 1980, les Yanomami avaient cruellement souffert de l’invasion de leurs terres par les chercheurs d’or qui n’hésitaient pas à se servir de leurs armes contre eux, détruisaient leurs villages et les exposaient à des maladies contre lesquelles ils n’étaient pas immunisés. De cette réalité, 20 % des Yanomami sont morts en l’espace de sept ans. Davi Kopenawa déplore qu’actuellement, à cause de ses exploitations, «il y a le paludisme, la tuberculose, la rougeole, la grippe et des maladies sexuellement transmissibles comme la gonorrhée et la syphilis, et même le cancer».

Une campagne internationale avait été menée par Davi Kopenawa et Survival, ce qui avait permis au territoire Yanomami de se démarquer. En 1992 il devenait «le Parc Yanomami» et les chercheurs d’or avaient été expulsés. Actuellement la même situation se reproduit. Les chercheurs d’or sont revenus dans la région : «Ils salissent nos fleuves avec du mercure», déclare Davi Kopenawa qui ajoute : «En plus, des élevages de bovins et des plantations de riz (se rapprochent de notre territoire), avec la complicité des gouvernants qui préfèreraient voir les Yanomamis morts plutôt que vivants». Gonzalo Teixeira, chef de l’agence locale du Roraima de la Fondation nationale de l’Indien (FUNAI), a assuré que les chercheurs d’or seraient expulsés de la région au début de l’année. «Cette nouvelle ruée vers l’or a considérablement accru la pollution des cours d’eau et le taux de maladie au sein des communautés indiennes en raison des fréquents contacts avec les orpailleurs». Le mercure utilisé pour la prospection de l’or contamine l’eau, les ressources halieutiques et provoque de graves maladies. «Les Yanomami commencent à mourir».

DES POPULATIONS DÉCIMÉES PAR LES MALADIES

La malaria fait aussi rage et elle progresse. La déforestation et l’orpaillage provoquent une artificialisation du milieu forestier, on constate des formations de bassins d’eau marécageuses propices à l’explosion des moustiques, propageant les virus. En 2006, sur une population de 3.500 habitants répartis sur plusieurs villages, les deux tiers ont contracté la malaria. «Je suis moi-même en fin de traitement» déclare Davi Kopenawa. Actuellement cette population d’Indiens n’est plus que de 25.000 habitants, répartis de part et d’autre de l’Orénoque.

UN PEUPLE VIVANT DE RESSOURCES NATURELLES

Les Yanomami se nourrissent du produit de leur chasse, de leur pêche, de leur cueillette et aussi des plantes cultivées dans de vastes jardins défrichés dans la forêt. Les sols amazoniens ne sont pas très fertiles, c’est pourquoi les jardins se déplacent tous les deux ou trois ans. Ce sont 60 espèces environ qui poussent dans les jardins, une vingtaine est utilisée dans l’alimentation, le reste servant à l’artisanat, à la pharmacopée ou à la fabrication d’objets rituels. Le gibier est toujours échangé entre les voisins et les familles.

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