« La ruée vers l’or »

Écrit par Hanna L. Szmytko, La Grande Époque - Paris
27.01.2008

L’or brille de tous ses éclats et établit un nouveau record en dépassant 915 dollars.

Depuis plusieurs années, le cours de l’or est en constante progression. La renaissance de l’or a commencé à partir de 2001 avec le retour des risques géopolitiques depuis les attentats du 11 septembre et la crise financière profonde marquée par la faillite d’Enron. Le prix de l’or à cette époque était de 287 dollars.  

 

A partir de 2002, la faiblesse grandissante du dollar a accompagné la remontée incessante du cours de l’or jusqu’au sommet d’aujourd’hui. Fin 2005, l’or passait la barre de 500 dollars. En novembre 2006, il atteignait 600 dollars, puis en novembre 2007, il frôlait le record historique de 850 dollars, niveau établi le 21 janvier 1980 au moment de l’invasion de l’Afghanistan par l’armée soviétique. Le cours du précieux métal est en hausse de 32 % sur l’année 2007.

Dès le début 2008, le 2 janvier, ce record historique de 850 dollars a été pulvérisé, l’or atteignant presque la barre symbolique de 900 dollars l’once (1 once = 28 grammes environ) à Hong Kong et sur le London Bullion Exchange. Un nouveau record historique de 915 dollars l’once a été établi à mi-janvier cette année sur le marché à terme Comex de New-York.

Cette dernière accélération à la hausse du métal jaune est intervenue suite aux déclarations du président de la Réserve Fédérale américaine, Ben Bernanke, indiquant de nouvelles baisses des taux d’intérêts en perspective fin janvier aux Etats-Unis et proposant des mesures de lutte contre la récession par injection de 50 à 150 milliards de dollars d'argent public dans l'économie américaine. L’or joue alors pleinement sa traditionnelle fonction défensive dans le contexte des craintes d’une récession aux Etats-Unis qui pourrait impacter l’ensemble de l’économie mondiale, déjà affectée par la crise du système bancaire et de liquidité, ainsi que par la dépréciation de l’immobilier.

L’or profite également de la hausse des prix du pétrole, en jouant le rôle de bouclier anti-inflationniste. Le prix de pétrole a touché pour la première fois la barre de 100 dollars le baril le 2 janvier. Si l’on se réfère à l’équation de la « loi Raymond Barre », du nom de l’ancien Premier ministre français, pour expliquer la variation du prix de l’or en fonction du prix de pétrole, le cours de l’or pourrait toucher 1.000 dollars, le cours d’équilibre de l’once d’or étant fixé à dix fois le cours du baril de pétrole.

L’ascension du prix de l’or est également liée à la remontée des risques géopolitiques suite à l’attentat contre Benazir Bhutto, ex-Premier ministre pakistanais, le 27 décembre dernier, et les craintes sur l’accès des « extrémistes » aux armes nucléaires pakistanaises.

Au-delà des raisons d’actualité économique et politique, l’engouement pour l’or peut aussi s’expliquer par sa dimension symbolique découlant de ses particularités physiques. La première particularité de l'or est qu’il s’agit d’une matière quasi inaltérable ou indestructible, une qualité qui rend l’or bien différent des autres matières premières comme par exemple le pétrole. Une fois extrait, l’or ne se consume pas, il est durable. A cette particularité physique s’associe un autre élément évident : il brille comme une astre solaire, il est éclatant. En raison de ces deux caractéristiques - inaltérabilité et brillance - l’or s’est imposé depuis des milliers d’années comme un trésor de l’homme, puis devenu une monnaie d’échange pour enfin prendre sa place comme placement financier.

Le rapport sur les perspectives 2008 de GFMS, cabinet de consulting en métaux précieux, basé à Londres, confirme la tendance à la hausse des prix de l’or. Selon ce rapport, les prix de l'or pourraient toucher 1.000 dollars l'once en 2008. « L'appétit des investisseurs pour l'or semble pour le moment intact et cela devrait pousser plus haut les prix », a estimé Philip Klapwijk, directeur exécutif de GFMS. Cependant, à court terme, le rapport de GFMS avertit qu’un scénario de correction est possible, étant donnée la rapidité de hausse récente du cours et la forte présence des fonds spéculatifs.