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Les gros pollueurs discutent à Hawaii

Écrit par Aurélien Girard - La Grande Époque, France
27.01.2008
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  • Georges Bush à Hawai(Staff: JIM WATSON / 2007 AFP)

 

Le président américain George W. Bush a invité les 14 pays les plus pollueurs du monde à Hawaii pour discuter de nouveaux objectifs de réduction des émissions de CO2 dans l’atmosphère.

La réunion des grandes économies sur les changements climatiques et la sécurité énergétique, prévue les 30 et 31 janvier dans le cadre naturel préservé des îles de Hawaii, est une nouvelle tentative de l’administration Bush pour obtenir un accord entre les pays qui se sont désengagés des exigences du protocole de Kyoto – lequel expire en 2012. C’est aussi un moyen de donner à l’impulsion consécutive aux accords de Bali en décembre dernier un tempo américain. « Faisons chacun selon nos conditions » semble le message principal de l’administration Bush.

La Maison Blanche attend, lors de la réunion d’Hawaii, que les pays responsables de 80 % de la pollution mondiale, fixent eux-mêmes librement leurs objectifs de réduction. Plusieurs invités, dont l’Union Européenne, ont d’abord menacé de boycotter l’événement, mais suite aux avancées de la Conférence sur les changements climatiques à Bali au mois de décembre dernier, pourraient finalement faire le déplacement.

UN DIFFICILE CONSENSUS

La feuille de route de Bali doit conduire, en 2009, à la signature d’un traité international sur les changements climatiques, et pourrait transformer la façon dont les pays riches et les pays en développement travaillent ensemble pour préserver les chances de survie de la Terre. Mais, elle remet également à plus tard de nombreuses décisions urgentes, dont celle des quotas de réduction d’émission de gaz à effet de serre. Les Etats-Unis, le Japon et l’Australie se sont opposés à ce qu’un objectif chiffré de réduction de 25 à 40 % par rapport à 1990 d’ici à 2020 soit fixé pour les pays riches, et y ont conditionné leur accord à la feuille de route.

« D’ici à la fin de l’année prochaine, l’Amérique et les autres nations se donneront un objectif commun à long terme de réduction des gaz à effet de serre. Pour y aider, les Etats-Unis organisent une série de rencontres entre les nations produisant le plus de gaz à effet de serre, y compris des nations avec des économies à croissance rapide comme la Chine et l’Inde. En plus de cet objectif mondial à long terme, chaque nation établira ses propres objectifs nationaux à moyen terme et des programmes qui reflèteront l’équilibre entre ses sources d’énergie et ses besoins futurs », déclarait ainsi récemment le président George W. Bush.

Le protocole de Kyoto, signé il y a 10 ans et ratifié par 175 nations, a manifestement permis une prise de conscience, même dans les pays où une politique environnementale n’avait jamais été envisagée et même dans les pays qui, comme les Etats-Unis, n’ont jamais accepté de le ratifier et de se donner des objectifs chiffrés. Les sécheresses de plus en plus graves en Australie, les ouragans et les incendies de plus en plus meurtriers aux Etats-Unis forcent à des évolutions des mentalités. Même si les Etats-Unis sont aujourd’hui la force motrice en recherche et développement de nouvelles solutions énergétiques et écologiques, ces évolutions palpables tardent à trouver une traduction politique.

LA CALIFORNIE POURSUIT LE GOUVERNEMENT FÉDÉRAL EN JUSTICE

La « Rencontre des grandes économies » de Hawaii sera la seconde après celle organisée les 27 et 28 septembre 2007 à Washington DC (laquelle pouvait être perçue comme un contre-feu politique aux négociations anticipées à Bali.) Elle intervient dans un contexte de stimulante actualité : le 2 janvier, le gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger a annoncé que l’Etat de Californie engageait une action en justice contre le gouvernement fédéral américain. Rien de moins.

Raison de la colère du « governator » devenu champion de l’environnement et alter ego républicain du démocrate Al Gore dans ce domaine : le gouvernement lui refuse le droit d’imposer des limitations aux rejets dans l’atmosphère de gaz à effet de serre, alors que la Californie a voté il y a déjà 5 ans des normes plus restrictives pour les émissions polluantes des automobiles (- 30 % prévus entre 2009 et 2016.)

« Le refus de l’EPA (Agence fédérale de l’Environnement) de nous accorder une dérogation pour mettre en place les normes les plus propres du pays pour les émissions des véhicules est légalement indéfendable et est un autre exemple de l’échec à traiter le changement climatique avec le sérieux qu’il requiert », s’est indigné Arnold Schwarzenegger auprès de l'Agence France Presse.

Selon la loi américaine, la Californie devait recevoir une dérogation de l’Agence fédérale de l’Environnement avant de pouvoir mettre en application ces nouvelles normes.

La position de l’Agence était attendue depuis longtemps par la Californie, mais aussi par dix-sept autres Etats engagés dans une démarche similaire ou ayant annoncé leur intention de le faire. Au total, c’est  près de la moitié des véhicules vendus aux États-Unis qui auraient pu être concernés par ces nouvelles normes anti-pollution.

Le Washington Post croit savoir que le directeur de l’EPA, Stephen Johnson, a pris cette décision contre l’avis de ses collaborateurs. M. Johnson dit penser que la loi sur l’énergie promulguée par le président Bush fournira « une solution nationale claire » et non « un patchwork confus de lois au niveau des Etats » pour réduire les émissions polluantes des véhicules.

Le Congrès a voté fin décembre un important texte sur l’énergie qui oblige pour la première fois depuis 30 ans les constructeurs à produire des véhicules plus économes en carburant.

Cependant les normes fixées par la Californie, et les autres Etats candidats à la même démarche, auraient obligé les constructeurs à accélérer leurs progrès techniques.

Les constructeurs automobiles se sont réjouis de la décision de l’EPA. « En refusant la dérogation, l’EPA n’a pas faibli dans sa tâche de maintenir un programme national qui augmente les économies de carburant et réduit les émissions de dioxyde de carbone », déclare David McCurdy, le président de l’Alliance des constructeurs automobiles.

La Californie, dont l’économie est l’une des plus importantes du monde, est aussi le 12e plus gros pollueur de la planète. Cet État vise donc à ramener d’ici à 2020 ses émissions aux niveaux de 1990, en réduisant ses rejets de GES, dont le dioxyde de carbone, de 25 % d’ici à 14 ans. Arnold Schwarzenegger s’est engagé dans un bras de fer lourd de sens, il a rappelé que les accords de principes et les lois à implémentation lente ne répondent pas à l’urgence de la situation du dérèglement climatique.

 

Avec AFP 

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