Carmen selon Sara

Écrit par Michal Neeman
30.01.2008

  • Sara Baras dans Carmen.(攝影: / 大紀元)

Carmen de Sara Baras est un hommage à toutes les femmes dont le coeur aspire à la liberté, un appel à vivre une authenticité absolue. Carmen existe à l’intérieur de chaque femme où qu’elle soit et quels que soient sa race, sa croyance ou son âge. C’est en cela qu’elle renouvelle le récit de Mérimée. 

 

Carmen d’Antonio Gades a su rendre au flamenco sa grandeur en le sortant de la catégorie « ethnic » dans laquelle elle était confinée. Certes c’est le résultat de sa collaboration avec deux géants, le cinéaste Carlos Saura et le musicien Paco de Lucia, qui lui a permis de faire en sorte que le flamenco trouve sa place dans le monde de la danse. Grâce à cette collaboration, le flamenco a non seulement pu franchir les frontières du folklore pour être considéré comme un art à part entière, mais il a également gagné une grande popularité et est devenu accessible au plus grand nombre et pas seulement aux aficionados. L’aspect contemporain de l’opéra, l’entrelacement de la vie dans l’art, la scénographie simple mais puissante qui met en lumière le contraste entre la raison et le désir, sans oublier le talent de Cristina Hoyos sur scène et la beauté de Laura del Sol sur le grand écran ont contribué également à cette révolution du flamenco.

L’empreinte laissée par Gades est profonde et son influence omniprésente. Et pourtant Sara Baras se fraie un chemin et nous offre sa propre vision, s’écartant de la version de Gades sans pour autant l’ignorer.

Pour incarner Carmen, elle collabore avec d’illustres artistes: José Tomas, le grand maître de la tauromachie, le musicien Paco de Lucia et le designer Sybilla.

Cependant, la plus grande innovation apportée par Sara Baras réside dans le fait que, contrairement à toutes les autres Carmen - y compris celle de Mérimée - la sienne est une Carmen née de, et mue par, l’imaginaire féminin. Ce n’est plus une Carmen prisonnière de l’image véhiculée par les hommes, mais une Carmen libérée réalisant pleinement son moi, un moi vécu par une femme.

Ainsi, Sara Baras refuse le stéréotype de la femme fatale, la femme sans scrupule qui détruit les hommes pour se divertir, simplement par caprice. Au contraire, elle crée une femme qui vit sa vie sans compromission aucune, telle l’artiste dans sa quête éternelle de la vérité. Carmen de Sara Baras n’est pas forcément espagnole, elle peut aussi bien être la danseuse thaïe, la religieuse voilée, ou la vieille femme ridée qui apparaissent tour à tour sur un écran au fond de la scène. Elle a des visages multiples, simple et mystérieuse à la fois. Elle représente l’attitude de la femme, une véritable philosophie de la vie.

On ne s’étonnera donc pas de ne pas voir la traditionnelle robe à pois, car quoi de plus symbolique de son attitude que le rouge et le noir, quoi de plus flamenco?

 

Le spectacle Carmen de Sara Baras a été présenté au théâtre des Champs Elysées, il continue sa tournée en Espagne et en Amérique du Sud. Il est attendu au festival « Montpellier Danse » à Montpellier au mois de juin.